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Élevage / Les prairies permanentes ne doivent pas être délaissées à la seule mesure de leur rendement en matière sèche. Elles ont un intérêt sur la durée, aussi bien en termes de production (avec une meilleure résilience en cas d’aléa climatique) que de qualité du fourrage. C’est ce qui est ressorti de la journée qui leur était consacrée le 11 décembre dernier à Vesoul, à l’initiative de la chambre d’agriculture.

La rentabilité, le coût, et la valeur ajoutée des cultures fourragères sont difficiles à évaluer. Bien souvent, on a tendance à ne mesurer que le rendement fourrager, en tonnes de matière sèche par ha (tMS/ha), le plus facile à estimer. A cette aune « on ne trouve que des défauts à la prairie
permanente », commence avec provocation Sylvain Plantureux, ingénieur agronome et directeur de recherches au laboratoire agronomie et environnement (INRA et Université de Lorraine). « Production faible et aléatoire, fourrage de mauvaise qualité, ressource peu rentable, utilisation subie »… Les jugements à l’emporte pièce sont nombreux. Et pourtant

Produire, mais produire rentable
Et pourtant la prairie permanente a de nombreux atouts, y compris sur les quantités produits. Si le maïs est la « ceinture de sécurité » des éleveurs, en cas de printemps pourri par exemple, la prairie permanent est de son côté une sorte de placement de bon père de famille : jamais de très bon coups, mais rarement de mauvais. « La prairie à fort rendement, c’est comme jouer en bourse, illustre François Dehondt, du Conservatoire Botanique National de Franche Comté. Et la prairie à forte biodiversité, c’est la caisse d’épargne. » Et de fait, le potentiel des prairies permanentes n’est pas si ridicule que ce que l’on dit : 5-6 tMS/ha en Haute-Saône. Avec parfois de bonnes surprises, « comme à la fin de l’été 2017 ». Les bonnes années seront certes moyennes, mais les mauvaises années… le seront également. Rarement de records, dans un sens ou dans un autre, c’est le sens du mot « résilience » : « La prairie permanente se remet d’une grosse sécheresse, le maïs pas toujours », rappelle Sylvain Plantureux.
Sans compter les coûts d’implantation et d’entretien : « Un bonne production en prairie temporaire ou en maïs suppose une implantation réussie », et donc des coûts et inévitablement une prise de risques. Au contraire, la prairie permanente est économe en coût d’implantation : « Produire beaucoup, c’est bien, produire rentable, c’est mieux ! » Le « bilan économique reste à conduire », mais plusieurs indices laissent penser qu’il ne serait pas ridicule en comparaison à d’autres méthodes de production : coûts de production faibles (pas de travail du sol, de semences, de phytos, d’engrais, ou de récolte en cas de pâturage), économies induites (achats de concentrés protéiques, main d’œuvre) et bénéfices directs (valorisation des produits animaux par l’image de marque, subventions).

Qualité variable mais de même ordre de grandeur
Pour ce qui est de la qualité des fourrages, des mesures ont été effectuées chez les éleveurs du groupe Casdar haut-saônois « un autre regard sur les prairies permanentes à forte biodiversité ». Résultat : une grande variabilité (UFL de 0,61 à 0,96, MAT de 90 à 228, PDIN de 52 à 128, PDIE de 66 à 122, UEL de 0,93 à 1,13) mais des ordres de grandeur comparables à ce qui est observé couramment pour d’autres ressources fourragères. Quant à l’herbe pâturée, ce n’est bien entendu pas une nouveauté, mais qu’elle soit de prairie temporaire ou de prairie permanente, son profil alimentaire est largement plus complet que celui de l’ensilage de maïs. Sylvain Plantureux a également souligné l’intérêt de la biodiversité des parcelles pour ce qui est de la valeur alimentaire du fourrage, et notamment des teneurs en minéraux. Les aspects « santé animale » ont également été abordés, bien que la littérature scientifique soit moins fournie sur ce sujet très complexe. Globalement, on connaît mieux la toxicité des plantes présentes dans une prairie permanente, et moins les aspects bénéfiques plus difficiles à mettre en évidence.

LD

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