Lactalis

Affaire Lactalis / La crise du lait contaminé aux salmonelles a forcé le premier collecteur de France à sortir de son légendaire silence. Le patron du groupe, Emmanel Besnier, s’est exprimé pour la première fois dans le JDD. Un compte twitter a également été créé pour répondre en direct aux accusation portées par l’émission Cash Investigation du 16 janvier.

L’affaire Lactalis a des conséquences inattendues. Premièrement, il ramène l’attention du grand public sur les risques sanitaires réels liés à l’alimentation, qui sont les contamination par les micro-organismes (et non les perturbateurs endocriniens et autres pesticides), comme le confirment les données de l’agence de veille sanitaire.

Première interview du PDG
Ceci dit, la perception du risque est toujours une affaire subjective. Bien que les victimes soient des nourrissons, et donc par nature fragiles, on ne recense à cette heure aucune mort liée au lait contaminé par la bactérie. Parmi les plaignants, certains parents ne déplorent même pas de maladie ! Mais la pression de l’opinion et l’influence des médias est telle que le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, a dû sortir de son légendaire silence. Il a accordé une interview au Journal du dimanche, où il a promis d’indemniser « toutes les familles qui ont subi un préjudice » suite à une contamination à la salmonelle. Il a même accepté de se faire photographier, ce qui a créé autant de commentaires que ses propos eux-mêmes, du fait qu’aucune photo n’existait de lui depuis 2007. Emmanuel Besnier a assuré avoir eu, avant tout, à l’esprit les conséquences de cette crise sanitaire sur « des bébés de moins de six mois », « c’est pour nous, pour moi, une très grande inquiétude ».

12 millions de boîtes concernées
Alors que Bruno Le Maire, après sa rencontre le 12 décembre avec Emmanuel Besnier, a indiqué avoir ordonné la reprise de tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon, le PDG a affirmé avoir lui-même proposé au Gouvernement cette mesure qui s’étend à 83 pays. « Il faut mesurer l’ampleur de cette opération : plus de 12 millions de boîtes sont concernées », a-t-il insisté. « On s’attendait à des excuses, nous n’en avons pas eu, nous attendions des explications, nous n’en n’avons pas eu non plus », a regretté Quentin Guillemain, président de l’association des familles de victimes du lait contaminé, interrogé par l’AFP. « Indemniser c’est bien, mais l’argent n’achète pas tout » a réagi Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, assurant que l’enquête en cours « n’épargnera personne ».

Un compte twitter créé pour Cash Investigation
Encore plus inattendu, la multinationale a créé un compte twitter, @groupe_lactalis, à l’occasion de la sortie du reportage d’Elise Lucet, Cash investigation. Une initiative tardive qui va peut-être contribuer à modifier la politique de communication de l’industriel mayennais. Les utilisateurs du réseau social n’ont pas manqué de relever les tentatives malheureuses des « community managers » du groupe, pour tenter de redorer l’image de leur employeur : « Avant tout, la fixation du prix du lait fait l’objet de négociations avec les producteurs de lait via leurs Organisations de Producteurs #LactalisRépond #Lactalis #CashInvestigation »… Reste que la crise médiatique sévère que traverse l’entreprise va sans doute durablement modifier sa politique de communication, comme le relève Florian Silnicki, expert en stratégies de communication de crise et Fondateur de l’agence de communication LaFrenchCom : « Tous les communicants de crise savent par expérience que quelques jours suffisent parfois pour ébranler la plus solide des organisations, présumée imprenable grâce à sa notoriété et son succès commercial. Quinze jours contre des années de marketing et des millions d’euros dépensés en campagnes publicitaires et promotionnelles. Le “cas” Lactalis a de quoi faire frémir. »

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