Eyer

Interview / Réaction de Vincent Eyer, président du GAB Haute-Saône (groupement agriculture biologique) suite à la mobilisation devant le Conseil régional le 22 novembre à Besançon.

Haute-Saône Agricole : Le gouvernement prône l’Agriculture Biologique, en fait la promotion et d’un autre côté les crédits gouvernementaux baissent voire sont supprimés sur l’AB. Votre impression ?
Vincent Eyer : Mon impression c’est que l’agriculture n’est pas importante pour les politiciens. Il n’y a pas d’ambition politique mais juste une enveloppe contrainte à partager. A défaut de mobiliser de l’argent pour financer les démarches environnementales ils auraient pu transférer un peu plus du premier au deuxième pilier. Ainsi tout le monde subissait les manques d’ambitions de l’Etat alors que là les bios sont davantage touchés. Certes la demande pousse mais malgré cela les conversions sont insuffisantes donc en supprimant cette aide on va clairement freiner les conversions.

HSA : Suite à votre action du 22 novembre, la région vous a promis quoi ?
VE :
La région a promis de mobiliser une enveloppe de 500 000 €… sur 5 ans ! Ça ne fait que 100 000 € par an et ils veulent qu’on priorise. Vu le montant ridicule même en priorisant cela fera des montants très petits. Je salue l’initiative du député du Doubs Eric Alauzet qui compense en partie la perte de la MAB (Eric Alauzet, refuse de supprimer l’aide au maintien à l’agriculture biologique. Alors que le gouvernement l’avait enlevée de son projet de budget, en commission le député a porté un amendement pour le prolonger jusqu’en 2019. Un amendement voté et adopté par les députés). Mais le crédit d’impôts reste soumis à la règle des minimis donc peut être que certains n’en profiteront pas. Cette aide était un plus pour les bios mais elle ne pouvait pas se cumuler avec la PHAE ou avec une MAEC. Ainsi, il fallait renoncer à d’autres aides pour l’avoir. Et quand on est en bio c’est impossible de se rabattre sur des MAEC genre réduction pesticides. Par conséquent, l’état aide la réduction mais pas l’abandon…

HSA : Ces mauvais signaux vont à vos yeux avoir un impact sur la dynamique de la conversion en bio dans le département ?
VE :
Je pense qu’en Haute-Saône le nombre de conversion sera beaucoup plus faible en 2018 compte tenu de cette suppression d’aides et d’une amélioration de la conjoncture conventionnelle. C’est regrettable. Peut-être que nos transformateurs iront chercher du lait ou du blé dans les régions plus riches qui auront de quoi pallier le désengagement de l’état.

HSA : La tenue actuelle des Etats Généraux Alimentation (EGA) permettront-ils de refaire la part belle à l’agricutlure biologique et à conduire à nouveau des politiques d’aides publiques pour son développement et son accompagnement ?
VE :
Aujourd’hui le seul espoir est qu’à l’issue des EGA, l’Etat prenne ses responsabilités en cohérence avec les enjeux et ses objectifs. S’il veut vraiment réduire les pesticides l’agriculture bio doit être développée. Quand on regarde les objectifs des EGA, cest tout ce que propose l’agriculture biologique. Les agris n’ont pas à rougir de ce qu’ils gagnent, pour une fois que leur travail est reconnu, ce ne sont pas des nantis, juste des gens qui vivent de leur activité et certains sont quand même fragiles et l’aide MAB est indispensable à leur salaire.

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