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Concours national de labours / Présent à Terres de Jim, la grande fête agricole organisée tous les ans par les JA, le ministre de l’agriculture a souhaité affirmer son soutien à tous les modèles agricoles, sans pour autant être en mesure de donner des gages sur certains sujets brûlants, comme l’homologation du glyphosate.

«C’est la place d’un ministre de l’agriculture d’être à vos côtés avec celles et ceux qui portent l’avenir des filières », a affirmé Stéphane Travert, le ministre de l’agriculture, lors de sa venue à Terres de Jim dans l’Oise, le 10 septembre. Pour le syndicat des Jeunes agriculteurs qui organise la finale chaque année, c’est aussi la rentrée syndicale. La grande fête agricole est l’occasion, pour les producteurs, d’aller à la rencontre du grand public (plus de 100 000 visiteurs en 3 jours) et de montrer la réalité du secteur. Mais c’est également l’opportunité, face au ministre, de « rappeler ce qui compte », a souligné Jérémy Decerle, président des JA, qui a réaffirmé le besoin de soutenir le renouvellement des générations et la transmission.
Plus globalement, dans une période encore difficile pour l’agriculture française, le président de JA a insisté sur l’importance des États généraux de l’alimentation pour une profession agricole en attente d’un retour de la valeur. Un point sur lequel le ministre s’est voulu rassurant, rappelant sa volonté « d’inverser la course au prix le plus bas, une course destructrice d’emplois, destructrice de valeur, et destructrice de notre environnement ». S’il espère que les ateliers permettront d’avancer sur le renforcement des organisations de producteurs, l’application et l’évaluation de la loi Sapin II, il a également précisé qu’en l’absence de conclusions satisfaisantes suite à la concertation des acteurs de la chaîne, il n’hésiterait pas « à légiférer et à réglementer », et qu’il était prêt « à aller loin sur le sujet ».

Pas de garanties sur le dossier glyphosate
Pour autant, si le ministre a martelé son soutien au secteur agricole, à la complémentarité des différents modèles, à la compétitivité et à l’innovation, il n’a pas pu rassurer concrètement les agriculteurs, qui ont soulevé plusieurs points d’inquiétude, comme le contrôle des structures, menacé de disparition dans le projet de loi de simplification, ou encore la compensation collective agricole, qui permet de lutter contre la disparition de foncier agricole, et sur laquelle le projet de loi sur le logement pourrait bien revenir pour faciliter la construction dans les zones péri-urbaines.
Enfin, sur la ré-autorisation du glyphosate, que les Etats membres de l’Union européenne doivent voter le 6 octobre, et à laquelle la France a choisi de s’opposer, l’incompréhension des agriculteurs est forte. Au cœur de certains systèmes vertueux, comme l’agriculture de conservation, « une interdiction du jour au lendemain serait ingérable », a rappelé Jérémy Decerle, demandant du temps et des moyens alloués à la recherche pour trouver des alternatives. Interpellé à plusieurs reprises sur le sujet, Stéphane Travert a répété vouloir travailler « sur une trajectoire », sous-entendant probablement sa volonté d’accompagner les agriculteurs dans la réduction de l’utilisation de la substance, mais sans pouvoir donner encore de garanties quant au calendrier, ni sur les moyens pour y parvenir.

Des actions dans les ports ?
« Ce que l’on veut, ce n’est pas forcément faire changer la position de la France, insiste un jeune agriculteur, mais on a besoin de temps ». « On est en train de détruire tout ce qui a été fait depuis cinq ans, et qui avait déjà été mis en place dans la douleur avec l’agroécologie de Stéphane Le Foll, car les agriculteurs n’étaient pas prêts à mettre en place les inter-cultures. Aujourd’hui, on a besoin du glyphosate pour ces inter-cultures, et on nous l’enlève ! », poursuit-il, incrédule. Si l’interdiction du produit s’avère effective en France, « il y aura des actions sur les ports : on bloquera l’importation des produits alimentaires en provenance de pays où le glyphosate est autorisé », prévient d’ores et déjà Samuel Vandaele, secrétaire général de JA. Conscient de ces difficultés, le ministre a retardé son départ pour discuter à nouveau avec les représentants de JA et de la FNSEA sur les sujets d’actualité et, peut-être, les rassurer quant à sa capacité à faire entendre sa voix et celle des agriculteurs au sein du gouvernement. Presque au même moment, à la Foire de Chalons, le premier ministre Edouard Philippe a lâché, au sujet des produits phytosanitaires en général : « Il va falloir apprendre à s’en passer ». Pas de quoi rassurer les JA…

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