Rencontre députée / Nouvellement élue et nouvelle figure politique départementale, Barbara Bessot Ballot, députée de la première circonscription de Haute-Saône avait pris rendez-vous vendredi 22 septembre au soir avec les membres des Bureaux Chambre – FDSEA – FDPL et JA pour parler agriculture.
Thierry Chalmin a planté le décor « il faut purger des choses ». Le président de la Chambre d’Agriculture revient sur le hold-up du ministre Travert sur les aides du premier pilier. Il dénonce une « non-continuité de la parole de l’Etat » et un mauvais signal donné aux agriculteurs au moment où se tiennent les Etats généraux de l’Agriculture. Autre mauvais signal envoyé pour une partie agriculteurs, l’interdiction possible du glyphosate. Les responsables agricoles dénoncent le fait que le ministre soit étrangement silencieux sur ce dossier. Pour preuve lors de l’action coup de poing de la FDSEA Ile de France c’est Nicolas Hulot, ministre de l’environnement qui est allé de lui-même échanger avec les agriculteurs. Troisième dossier : le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) est un traité international de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, signé le 30 octobre 2016 et que chaque Etat membre doit ratifier. Les producteurs de viande sont inquiets car des milliers de tonnes de viande venues du Canada vont déferler dans les rayons des magasins. Viande produite avec des normes de moindre importance. « Ainsi la France va importer des produits alimentaires ayant bénéficié de 46 molécules interdites en France ». « Ce n’est pas nous qui le disons mais les conclusions de l’évaluation de l’impact du CETA remis au Premier ministre le 8 septembre ». Enfin, Gérald Pichot a dénoncé la suppression des aides au maintien en agriculture biologique annoncée lors du salon « Tech & Bio ». Sur tous ces sujets, la députée a botté en touche mais a pris note et fera remonter les inquiétudes des agriculteurs. Elle a tenu néanmoins à souligner qu’elle souhaiterait que le CETA soit voté au sein de l’Assemblée Nationale « le gouvernement ce n’est pas l’Assemblée Nationale » a-t-elle précisé. Emmanuel Aebischer s’est dit perplexe sur l’issue de ces Etats Généraux de l’Alimentation. Il a voulu revenir sur le sujet de la soirée c’est-à-dire le partage de la valeur ajoutée. Pour illustrer son propos, il donne un chiffre. « Sur 100 euros dépenses dans l’alimentation, juste 6,20 € reviennent aux producteurs ! ». Il a tenu à rappeler à la députée le fonctionnement, autrefois, des interprofessions en les assimilant à des endroits magiques ! Car aujourd’hui négocier un prix en interprofession est interdit par la loi. Emmanuel Aebischer a également souligné l’attitude de certains transformateurs laitiers pour dégager davantage de bénéfices. Exemple avec le groupe Lactalis qui l’an dernier payait le lait 40 € la tonne moins chère que les transformateurs locaux. Cette différence multipliée par le tonnage journalier collecté représente un bénéfice sur le dos des producteurs de plus de 800 000 € par jour ! Thierry Chalmin au cours d’une démonstration fleuve a permis d’éclaircir la situation dans laquelle se trouvent les agriculteurs depuis 30 ans. Après divers calculs, il apparaît qu’avec les soutiens et le prix d’acompte en 2017 que son blé lui sera payé 184 € (soutiens compris). Mais si on prend du blé vendu en 1991 soit 1 050 FF ramené à la valeur d’aujourd’hui selon l’INSEE (l’érosion monétaire due à l’inflation), on arrive à un montant de 230,40 €. Il manque plus de 46 € ! CQFD ! « Qui en France travaille aujourd’hui moins cher qu’il y a 26 ans ? Arrêter de nous en mettre ! » Au niveau économique les trois grands secteurs lait, viande, céréales sont en crise depuis au moins 3 ans : 50 % des exploitations du département ont dégagé un revenu annuel inférieur à 4 300 euros en 2015 et 30 % auraient un résultat négatif en 2016. La situation économique des exploitations du département est donc très difficile voire catastrophique pour certaines d’entre elles. Emmanuel Aebischer a tenu à rappeler à la députée que le solde des aides PAC n’était toujours pas versé et alerter la députée sur l’éventuelle remise en cause du zonage de l’ICHN. Barbara Bessot-Ballot a pris note de l’ensemble des revendications et souhaite sincèrement « que ces Etats Généraux fassent bouger les lignes ». Un nouveau rendez-vous est d’ores et déjà à l’agenda. Le 27 octobre, les deux députés de Haute-Saône seront reçus par les syndicats sur une exploitation agricole.
AL