porc

Assemblée générale d’Inaporc / Depuis le début de l’année 2016, la reprise des exportations vers la Chine et l’Asie tire le prix du porc à la production alors que le marché intérieur communautaire est plutôt saturé.

Depuis quelques semaines, le prix du porc à la production retrouve des couleurs. Il y a quelques jours le marché du porc breton affichait 1,39 €/kg, le prix permettant de couvrir les coûts de production quand les négociations avaient été engagées avec les abatteurs, l’an dernier. Cette embellie on la doit à la Chine qui est revenue sur le marché depuis quelques mois. Ses importations en provenance d’Europe ont augmenté de 96 % de janvier à avril 2016, selon Inaporc qui a tenu son assemblée générale, le 28 juin à Paris. Les courants d’exportation devraient se développer dans les mois qui viennent, en tout cas jusqu’au début de l’an prochain, c’est-à-dire jusqu’au nouvel an chinois. Certains sont encore plus optimistes. « On pourra vendre du porc aux Chinois pendant dix ans », prédit Jörg Altemeier, le directeur du département agriculture et bien être de Tonnies, le numéro un de l’abattage en Allemagne. Les Chinois qui importent surtout des pieds, des oreilles et des queues de porc se mettent à acheter de la viande. « Il y a plus de milliardaires en Chine que de Français ou d’Allemands qui veulent consommer des produits de qualité », observe-t-il. Malgré des plans de relance du gouvernement, la production porcine chinoise s’inscrit dans un déclin structurel à cause de l’exode des petits paysans vers les villes. Conséquence les prix à la production y sont très élevés (2,55 €/kg vif). Mais la Chine n’est pas le seul espoir des professionnels. Il y a aussi tous les pays du sud-est asiatique (Thaïlande, Indonésie, Philippines) ainsi que le Japon et la Corée qui offrent de réelles perspectives. Notamment si les Chinois décidaient pour une raison ou une autre de freiner leurs achats. « 1 % de consommation en plus ou de moins, c’est 550 000 tonnes. La Chine est une pompe aspirante pour le monde entier, mais il ne faut pas négliger les autres pays de la zone », note Thierry Meyer, le président du Comité export d’Inaporc et directeur de la filière porc du groupe Bigard.

Segmentation du marché
Côté russe, même si l’embargo a été reconduit récemment par Moscou, les professionnels ne désespèrent d’ouvrir une brèche qui pourrait relancer les ventes. « La Russie envoie des signaux », observe Jörg Altemeier. « A deux ou trois pays européens, on pourrait arriver à un accord », sur la levée de l’embargo sanitaire qui frappe les gras et les abats, estiment Francis Kint, le directeur de Vion, le numéro un du porc aux Pays-Bas, et Thierry Meyer. Ici la balle est plutôt dans le camp de la Commission européenne qui refuse des négociations séparées avec les Russes. La question a également été posée sur les conséquences du Brexit sur le marché du porc. Il ne semble pas que la sortie du Royaume-Uni ait des conséquences dramatiques. « Le pays est déficitaire et il y a une demande que le pays ne peut pas satisfaire », notent les professionnels. En fait, leur inquiétude porte surtout sur l’évolution du marché intérieur européen. La consommation de viande porcine a baissé dans l’Union européenne en 2015. De 6 % aux Pays-Bas, selon Francis Kint à 5 % en France, selon Thierry Meyer en passant par 2,5 % en Allemagne pour Jörg Altemeier. La fin des promotions à bas prix, l’emballement médiatique sur le bien-être animal ne sont pas étrangers à cette évolution, estiment les professionnels. L’Allemagne tente de trouver la parade par la création une certification « bien-être » adoptée au sein de la filière et à laquelle ont été associées des organisations de défense des droits des animaux. Le sujet étant particulièrement sensible de l’autre côté du Rhin. « Nous devons travailler sur des concepts plus qualitatifs. Le développement du groupe Vion passe par la segmentation », estime pour sa part Francis Kint. En France où la notion d’origine de la viande est plus prégnante dans l’esprit du consommateur, le groupe Tonnies a décidé d’investir dans un outil d’abattage avec le groupe Avril pour approvisionner les enseignes Lidl et Aldi. « On essaie de répondre aux besoins du pays. On vient en France pour produire des porcs français ». Alors qu’aux Pays-Bas et en Allemagne l’opinion est plus sensible au bien-être des animaux, les Français sont plus attentifs à l’origine de la viande, estiment les opérateurs.

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