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Transmission / Campagnols, antifongiques, savoir-faire du Comté, bactéries du sol, carabes… Cet inventaire à la Prévert est une partie de ce que l’on a pu découvrir, au contact des jeunes chercheurs des universités de Bourgogne et de Franche-Comté, le 1er mai à la ferme des Gêtes à Bougnon.

Le concept d’Expérimentarium a été développé par l’université de Bourgogne pour promouvoir la vulgarisation scientifique : il s’agit de courtes présentations de 20 minutes, à destination du grand public, faites par un jeune chercheur sur le sujet de sa thèse. Le 1er mai, c’est dans une exploitation agricole, à Bougnon près de Vesoul que 8 thésards des universités de Bourgogne et de Franche-Comté se sont appliqués à cet exercice, sur des thématiques liées à l’agriculture et à l’environnement.

20 minutes pour résumer 3 ans de thèse
Plus de 200 personnes se sont rendues à la ferme des Gêtes pour cette rencontre atypique. Assis en groupe d’une dizaine de personnes, les visiteurs ont pu, par « rounds » de 20 minutes, découvrir des sujets aussi variés que « la transmission des savoirs chez les fromagers » par Paul Fouilhoux, ou « les conséquences des ruptures familiales sur les exploitations agricoles » par Maylis Sposito, ou encore « les pullulations de campagnols » par Guillaume Halliez. « Ce sont des doctorants, ou de jeunes docteurs, explique Jeremy Querenet, chargé de communication à l’université de Franche-Comté. On est donc dans les choses les plus actuelles et novatrices, on est à la pointe de ce qui se fait en recherche ! »
C’est la première fois que ce genre d’activité était proposée sur une exploitation agricole. Pour une première, le public a largement accroché ! Du côté des plus petits, un stand adapté permettait de faire comprendre quelques grands principes autour de la chaîne alimentaire, la germination des graines, les plantes à fleur… Et du côté des plus grands, les 20 minutes ne suffisaient jamais pour répondre à toutes les questions !

Adapter son vocabulaire
Il faut dire que les jeunes chercheurs avaient bien travaillé leurs prestations. Chaque jeune thésard a reçu une formation pour apprendre à « dire des choses compliquées avec des mots simples ». « Il faut savoir adapter son vocabulaire, témoigne ainsi Sarah Labruyère, spécialiste des populations de carabes. Nous nous sommes entraînés pour cela, mais ce n’est pas facile. » Le succès est pourtant là : la grande patience des orateurs témoigne de la passion qui les anime. Pour égayer l’exposé et capter l’attention, chaque thésard utilisait une panoplie d’objets à faire découvrir. Sarah sort ainsi tour à tour des photos de parcelles, puis un piège à carabes, puis des boîtes entières de ces petits coléoptères (elle en a capturé 39 000 sur 6 mois de collecte) ! Parfois, il faut se faire comprendre coûte que coûte : « J’ai calculé l’IMC de 700 carabes ! » explique-t-elle ainsi pour résumer des mois de pesées et de mesures…
Plus loin, Virgile Baudrot manipule un bien étrange puzzle. Ce jeune chercheur en écologie théorique du laboratoire de Chrono-environnement de Besançon étudie les interactions qui lient les petits rongeurs et leurs prédateurs. Tous les jours, il décrypte des milliers de données récoltées sur le terrain. À Bougnon, il avait emmené des pelotes de réjection de chouettes pour expliquer comment fonctionne la méthode expérimentale, si chère à Claude Bernard, père de la science moderne : observation, hypothèse, expérience, résultats, interprétation, conclusion…

La transmission d’une passion
D’atelier en atelier, la curiosité des visiteurs a été éveillée, la science s’est rapprochée des gens. Même les sujets au premier abord les plus ardus ont pu être abordés, comme l’apparition des résistances aux fongicides chez les populations de moisissures, patiemment expliquées par Battle Karimi. « On peut vulgariser même sur des sujets difficiles, affirme Jeremy Querenet. Il y a 20 ans, ça a commencé à se faire, dans ce qu’on appelait par exemple les centres de culture scientifique. » Mais si les musées peuvent faire de la vulgarisation, ils ne parlent pas de recherche. Ici, c’est chose faite.
« Pourquoi y avait-il de bons fromagers dans le Haut-Doubs, pourquoi y en a-t-il encore, pourquoi y en aura-t-il demain ? » s’interroge Paul Fouilhoux. Réponse : « Parce qu’il y a une histoire sociale à continuer, parce qu’il y a des anciens qui veulent enseigner, et des jeunes qui découvrent qu’ils peuvent apprendre. Comme dans une ferme ! » Finalement, c’est un peu ce qui se passe aussi avec les Expérimentariums ! Des chercheurs témoignent, et leur passion fera sans doute son chemin chez les plus jeunes auditeurs, qui seront nos découvreurs de demain.

LD

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