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Viande bovine / L’Espagne n’accepte plus depuis le 1er janvier 2016 les veaux français, même désinsectisés, comme le permettait encore le protocole bilatéral signé depuis la découverte des premiers cas de FCO en France. Une catastrophe pour un marché structurellement en crise depuis 2007. Le marché risque de s’en trouver durablement impacté, notamment en Haute-Saône où les petits veaux ne trouvent plus preneur. 

La dernière semaine de décembre est toujours celle où le veau se vend le moins bien, mais cette année les cotations nationales atteignent des records historiques, à la baisse. La cotation officielle de France Agrimer, par exemple, qui prend pour référence le veau de 8 jours à 4 semaines, de conformation standard (45 à 50 kg) et de race laitière, est passé la semaine passé en dessous du seuil des 40€/tête. En remontant sur les 15 dernières années, même octobre 2001 avait été moins terrible (80€/tête), et la crise de l’automne 2008 avait vu la cotation descendre à 60€ la pire semaine.

L’Espagne durcit ses conditions
C’est donc une situation sans préalable qui impacte aujourd’hui l’élevage français. Chez Eric Lacroix, premier acheteur de veau en Haute-Saône, l’inquiétude est palpable. « Je n’ai jamais vu une telle situation », déplorait-il mardi au retour d’une livraison à Clermont. « Des veaux de 68 à 75 kg qui, la semaine précédant Noël, se vendaient encore à 250 € rendu, se sont cédés pour 100 € de moins. » Première cause de la crise : l’épidémie de Fièvre Catharale Ovine (FCO) qui sévit en France depuis le 11 septembre (première découverte d’un cas dans l’Allier). Jusqu’au 1er janvier, les veaux pouvaient toujours être exportés notamment vers l’Espagne, premier débouché français, mais sous conditions draconiennes. Or les autorités espagnoles ont indiqué fin décembre qu’elles ne prolongeraient pas les conditions du protocole bilatéral qui avait été négocié le 2 octobre puis le 30 novembre. Depuis ce début d’année, les animaux à destination de l’Espagne doivent donc s’aligner sur les conditions sanitaires prévues par la réglementation européenne.

Les veaux euthanasiés faute de débouché
Le premier débouché français pour les veaux de boucherie est donc fermé, au moins le temps que les doubles vaccinations soient mises en place. Des discussions sont en cours pour permettre la mise en place d’un nouvel accord. En attendant, il faut s’attendre à de longues semaines d’attente, sur un marché sans débouché. « Hier j’ai dû faire euthanasier 27 veaux, déplore Eric Lacroix. Les veaux montbéliards de moins de 52 kg sont proprement invendables. Les noirs de moins de 46 kg également. Ce ne sont pas de petits veaux pourtant ! Les veaux qui se vendaient encore entre 20 et 100 € avant Noël, on n’en voyait pas hier. » Même si les prix n’étaient déjà pas élevés, la rémunération venait compenser le prix de l’insémination, du bouclage et du passeport. « Et puis faire naître un veau pour l’euthanasier, c’est pas notre métier », se désole le marchand.
Que faire dans ces conditions ? Attendre, comme en 2008, que le marché reparte, et si possible nourrir les veaux en attendant pour les faire rentrer dans la classe des « beaux gros » qui s’échangeaient encore hier à Bourg, entre 130 et 150€ (au lieu de 200 à 250 il y a 15 jours). La fédération des marchands de bestiaux a donc alerté sur la situation catastrophique, mais la crise semble très profonde. Rien qu’en Haute-Saône, ce sont environ 400 veaux par semaine qui partiront difficilement dans les 2 mois à venir. De quoi engorger un peu plus un marché déjà bien affaibli.

LD

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