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L’initiative “4/1000” / Elle ne fait pas encore l’unanimité mais l’initiative 4/1000 pour limiter le réchauffement climatique de la planète est soutenue par une centaine de pays et d’ONG. Elle fait partie de l’agenda des solutions de la Cop 21. Selon Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, la planète s’apprête à vivre une nouvelle révolution verte.

A la Cop21, l’initiative 4/1000 séduit et rencontre à Paris un vif succès. Présentée le 1er décembre par Catherine Geslain, directrice générale au ministère de l’Agriculture devant plus de 300 experts, elle est déjà soutenue par une centaine de pays et d’organisations non gouvernementales que pourtant, tout oppose. Ce projet agronomique, dont la paternité revient à Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, est aussi bien approuvé par la Nouvelle Zélande que par la Chine ou la Tunisie. Mais l’agriculture et la sécurité alimentaire revêtent dans ces pays, sous des formes différentes et pour des raisons qui leur appartiennent, une dimension régalienne à laquelle ils sont chacun fortement attachés.
En fait, le succès de l’initiative 4/1000 bouleverse la carte géopolitique agricole de la planète avant même d’être adoptée au terme de la Cop21. Elle parvient à rassembler des pays autour d’un projet commun. Mais surtout elle institutionnalise l’agro-écologie et un certain nombre de ses pratiques agricoles, en les insérant, à part entière dans l’économie de marché. Leur compétitivité n’est donc plus remise en cause.
En Europe, cette initiative légitime même le verdissement de la PAC 2014/2020 et elle renforce la crédibilité du projet agro-écologique du ministre français de l’Agriculture que ce dernier portait en 2012 lorsqu’il avait présenté. Mais sa dimension économique n’était pas suffisamment affirmée.

Une triple stratégie gagnante
La confiance suscitée par l’initiative 4/1000 repose sur les résultats des nombreuses expériences agronomiques validées par l’Inra et par plus de 1000 chercheurs scientifiques de la planète. Selon François Houllier, directeur général de l’Inra, atteindre ce seuil 0,4 % par an suffirait pour neutraliser l’impact des activités humaines. Car il correspond à la quantité de carbone qu’il serait nécessaire de stocker pour compenser les 3,4 milliards de tonnes équivalent CO2 qui s’accumulent chaque année dans l’atmosphère. Ceci dit, si cet objectif de 3,4 Mds de tonnes est quelque peu utopique, celui d’un million de tonnes est en revanche tout à fait réaliste. Surtout s’il est atteint dans un bref délai car l’agriculture montrerait alors qu’elle est bien une grande partie de la solution à la lutte contre le réchauffement climatique. Mais la fixation d’un prix mondial de la tonne de carbone accélèrerait cette mutation. Les résultats des expériences pionnières conduites en Uruguay, en Tunisie ou en Nouvelle Zélande sont particulièrement encourageants. En Afrique, en Asie, et Amérique latine, une augmentation d’une tonne de la quantité de carbone organique contenue dans le sol permettrait d’accroître de 1,4 % par an la production de céréales. Au niveau mondial, le potentiel de production de céréales supplémentaire grâce à l’initiative 4/1000 est estimé entre 23 et 40 millions de tonnes. Par ailleurs, le projet agronomique porté par Stéphane Le Foll ne remet pas en cause l’élevage tant décrié par de nombreuses ONG et lobbys. Au contraire, il fait même partie de la solution au réchauffement climatique car sans production animale, des pans entiers de l’agriculture disparaîtraient et des territoires se désertifieraient.

Une double révolution verte
L’initiative 4/1000 est en fait une stratégie triple gagnante pour l’environnement (stockage de carbone), pour la production agricole (en renforçant la sécurité alimentaire grâce à l’adaptation de nouvelles pratiques agricoles) et pour l’emploi agricole car elle vise à maintenir les paysans des pays émergents en activité. Les luttes menées contre la malnutrition sont complémentaires et pour limiter à 2 °C la hausse des températures de la planète par rapport à l’ère préindustrielle.
En fait, la planète s’apprête à vivre, selon Stéphane Le Foll, une nouvelle révolution verte, ou plutôt une double révolution verte qui permettra de produire plus, tout en valorisant mieux les mécanismes naturels.
Mais l’initiative 4/1000 implique la mise en place d’une gouvernance mondiale et l’élaboration de plans d’actions dans chaque continent. La Cop22 qui se tiendra l’an prochain au Maroc sera l’occasion de faire un point d’étape.

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