Pâturage / Même si la pousse automnale est freinée par des températures basses, et que les quantités ingérées sont limitées, les valeurs alimentaires restent supérieures à celles d’un fourrage conservé et permettent d’économiser stocks et concentrés.
Après un été sec et des épisodes caniculaires, l’automne 2015 apporte son lot de compensations, voire de bonnes surprises. « Les dernières mesures effectuées dans le cadre du réseau herbe montrent que nous avons quasiment eu un deuxième printemps, explique Honorine Adam, de Haute-Saône Conseil Elevage : la chaleur des sols et la minéralisation ont permis un beau rebond de la pousse de l’herbe, localement jusqu’à 250 kg MS/cm au-dessus de 5 cm. » A ces bonnes disponibilités de la ressource fourragère sur pied viennent se conjuguer des valeurs alimentaires très correctes. « Cela va à l’encontre de certains a priori au sujet de l’herbe d’automne, qui serait plus riche en eau du fait de la rosée… Les moyennes des analyses réalisées en septembre dernier se situent autour de 0,91 UF à 143 PDIN et 111 PDIE : même si ce n’est pas aussi élevé qu’une herbe printanière, c’est toujours beaucoup mieux qu’un foin ! », souligne la conseillère.
Une ingestion un peu pénalisée
Si les recommandations qui prévalent au printemps et à l’été en matière de prise de décision pour gérer le chargement et le changement de parcelle restent valables, il faut néanmoins prendre en compte d’autres facteurs, tels que le « nettoyage » des pâtures et le volet parasitaire. « La différence de valorisation de l’herbe d’automne est plus liée au comportement des vaches qu’à la valeur intrinsèque de cette herbe ou à son appétence, poursuit Honorine Adam. En effet, les quantités disponibles à cette saison sont moindres, du fait qu’on entre dans les parcelles avec une hauteur d’herbe inférieure, des manques dans les endroits piétinés ou souillés, des refus des cycles d’exploitation précédent. De plus, le fait de distribuer des fourrages secs pénalise aussi l’ingestion. » Reste que même avec des quantités ingérées relativement faibles, l’économie réalisée est substantielle. « Nous avons calculé qu’en faisant pâturer un troupeau de 60 vaches laitières sur 12 ha, ce qui correspond à 20 ares par animal, les quantités d’herbe ingérées sont de l’ordre de 5 kg de MS par jour, soit une économie de 1,5 kg de tourteau/VL/jour. »
Les analyses de lait, et en particulier la mesure du taux d’urée, montrent tout l’intérêt technico-économique du pâturage d’automne. « Dans les élevages en système foin-regain, les taux d’urée dans le lait sont bien remontés sur septembre- octobre : ils s’établissent en moyenne à 370, et pour quelques élevages vont jusqu’à près de 500 µg/L, ce qui est bien le signe de la richesse azotée de l’herbe d’automne et qu’on peut réduire les concentrés azotés. » Le conseil de saison est donc de continuer à profiter du pâturage d’automne, tant que la portance des sols le permet, tout en ménageant doucement la transition alimentaire avec la ration hivernale.
AC