Une mise en scéne osée ici à Villersexel.

Manifestation / À l’appel de la FNSEA et des JA, les agriculteurs de Haute-Saône, après l’action contre la grande distribution la semaine précédente, ont exprimé, dans la nuit du 2 au 3 juillet, leur colère et leur détresse avec des slogans sur les principaux axes de communication du département.

Plus de 65 départements se sont mobilisés dans la nuit du 2 au 3 juillet pour la « Nuit de la détresse » initiée par la FNSEA et JA pour interpeller l’opinion et les pouvoirs publics sur la crise que traverse actuellement l’agriculture française. La manifestation s’inscrit dans le cadre d’une mobilisation syndicale plus large pour revendiquer des prix à la production plus élevés dans les filières animales, notamment porc, bovins et lait. Dans les semaines précédentes, des actions menées par les éleveurs – opérations coups de poing dans les grandes surfaces, blocages d’abattoirs… – avaient permis de réunir deux tables rondes pour les filières porcine et bovine sous l’égide du ministre de l’Agriculture, aboutissant à une promesse de revalorisation des prix. Les agriculteurs ont cependant maintenu la pression en attendant de vérifier si cette revalorisation serait effective sur le terrain. Dans le Grand-Ouest, les JA ont poursuivi les blocages d’abattoirs la semaine du 20 juin. Le 26 juin, la FNSEA a décidé, à l’issue de son conseil fédéral, de rappeler aux pouvoirs publics la détermination des agriculteurs à travers une Nuit de la détresse, sensibilisant au préalable près de 60 parlementaires à leurs revendications. Depuis 2014, la baisse des prix à la production est continue, avec des cours inférieurs de 13 à 20 % en avril 2015 à ce qu’ils étaient un an plus tôt. « Ne laissons pas l’agriculture s’enfoncer dans la crise », demandait encore Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, en début de semaine.

Une revalorisation qui se fait attendre

Si les opérateurs ont promis de revaloriser chaque semaine les prix de la viande bovine de 5 centimes le kg jusqu’à ce que les coûts de production soient couverts, leur « mise sous surveillance » effectuée par les syndicats a démontré que les engagements n’étaient pas respectés, avec seulement un centime de hausse lors de la diffusion des cotations de FranceAgriMer le 30 juin. Une situation qui a conduit la Fédération nationale bovine (FNB) à inciter à la reprise des actions fortes vers les abattoirs. Le ministre de l’Agriculture a de son côté saisi le 1er juillet le médiateur des relations commerciales agricoles pour suivre les engagements pris sur les filières porcine et bovine, avec un premier retour attendu mi-juillet. Les cours du porc ne sont pas non plus remontés comme la filière l’avait promis, alors que les éleveurs porcins n’arrivent pas à couvrir leurs coûts de production. Les éleveurs laitiers de la FNPL ont eux aussi demandé « des réponses de l’aval de la filière ainsi que des pouvoirs publics à la hauteur de cette crise », notamment avec un prix du lait qui « doit être revalorisé dès juillet ».

Tension palpable

Éclairés par les gyrophares des tracteurs, les convois d’agriculteurs se sont dirigés vers les préfectures et sous-préfectures, en passant parfois par les distributeurs ou les laiteries et déversant de la paille et du fumier. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, accompagné de Dominique Barrau, s’est rendu en Bretagne pour prendre part au convoi des 1 000 manifestants partis de Lamballe (Côtes-d’Armor) en fin d’après-midi en direction de la préfecture de Saint-Brieuc. Grande région d’élevage, la Bretagne s’est fortement mobilisée, rassemblant jusqu’à 300 tracteurs à Rennes et 500 personnes à Vannes. Des sites ont été bloqués, comme la centrale d’approvisionnement de Leclerc, SCA Ouest, en Loire-Atlantique ou celle de Lidl à Lille.
Dans d’autres départements, les agriculteurs ont choisi d’aller à la rencontre des parlementaires, les Vendéens ayant ainsi sensibilisé près de 100 élus. Partout, la tension était palpable, nécessitant parfois l’intervention de la gendarmerie et des pompiers. Les éleveurs en colère ont exprimé leur détresse avec des slogans divers : « partagez vos marges », mais aussi « plus de prix, moins de normes ». Car au-delà des prix, c’est aussi la question des normes et des réglementations impactant les coûts de production qui préoccupe les agriculteurs. La FNSEA souhaite ainsi simplifier selon le principe « pour une norme créée, deux normes supprimées ». Les agriculteurs ne comptent donc pas en rester là. « Si au cours des toutes prochaines semaines aucun signal n’est apporté, notamment sur nos revendications de court terme, sur les prix et sur les normes, alors nous pouvons promettre au pays un mois de septembre que l’on n’est pas prêt d’oublier », a affirmé Xavier Beulin devant des éleveurs bretons excédés.

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