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Adventices / Première opération de travail du sol après la récolte, le déchaumage joue un rôle essentiel dans la maîtrise de la flore adventice. Un atout qui va dans le sens de la réduction de l’indice de traitement.

L’interculture est une période idéale pour combattre nombre de mauvaises herbes en complétant la lutte en culture, qui s’est avérée parfois insuffisante… avec pour objectif primordial de réduire le stock semencier. Le déchaumage remplit en effet deux fonctions : détruire des annuelles présentes avant leur floraison, ce qui les empêche d’émettre du pollen et de produire des graines. Et en second lieu faire lever les graines d’adventices ou de la culture (pertes à la récolte) pour les détruire par la suite et diminuer ainsi le stock semencier. « L’utilisation d’herbicides totaux, solution performante et facile à mettre en œuvre, est une intervention à raisonner et à réserver aux parcelles infestées de vivaces dans lesquelles les solutions mécaniques seraient coûteuses et imparfaites. », prévient Jean Pauget, d’ARVALIS – Institut du végétal. De plus, avec le retrait de certaines matières actives de désherbants, la pression des adventices devient de plus en plus difficile à contrôler. C’est le cas par exemple de la Trifluraline, molécule présente dans plusieurs herbicides sur colza et tournesol, reconnue pour sa grande efficacité sur les graminées par son action racinaire. Il est donc important de compenser le retrait de ces molécules par une action mécanique comme le déchaumage qui permet de réduire de façon significative les populations de graminées qui posent problème dans les colzas (ray-grass, folle avoine, vulpie, vulpin…), tout comme dans les tournesols. De plus la simplification du travail du sol et les rotations courtes accentuent le phénomène de salissement des cultures. La plupart des graminées ont un TAD (Taux annuel de décroissance) supérieur à 70 % : ce ratio caractérise la perte de viabilité des graines enfouies au bout d’une année.

Compenser le retrait de certaines molécules

Trouver le moment dans la rotation pour faire plusieurs faux-semis d’affilée et de répéter l’opération à des époques différentes de l’année permet de régler beaucoup de problèmes d’adventices. Le déchaumage culturale permet à la fois de lutter contre les adventices et les repousses, et contre certaines maladies graves comme la jaunisse nanisante de l’orge ou le phoma du colza. Avec des limites toutefois : le déchaumage mécanique n’est efficace que contre les adventices annuelles et les repousses de cultures. En présence de vivaces, il faut rester attentif au problème du fractionnement des rhizomes de chiendent, de liserons, de chardons et de rumex par les herses à disques. De même, un déchaumage trop profond peut enfouir les graines des graminées et faire germer d’autres adventices comme les gaillets gratteron, plus faciles à contrôler avec un désherbage à vue. Le programme herbicide d’une culture peut donc se prévoir dès le déchaumage en limitant et en contrôlant les populations des graminées. La météo joue également son rôle puisqu’il faut nécessairement de l’humidité pour déclencher cette germination.

Dès la récolte

Il est donc recommandé, après la récolte d’une céréale, de déchaumer immédiatement, laisser lever, puis de renouveler éventuellement ce déchaumage. L’enfouissement des repousses au plus tard avant la levée des orges d’automne permettra de prévenir la jaunisse nanisante de l’orge. Après la récolte d’un colza, on peut laisser les graines de colza germer en surface après la moisson. Les déchets et les repousses seront enfouies par un labour avant la levée des nouvelles cultures de colza afin de lutter contre le phoma. On a donc une action de désherbage mécanique au moment du premier passage, tout en réalisant un faux semis, qui devrait provoquer une levée groupée des graines adventices mâtures présentes dans les premiers centimètres du sol. Le moment de cette levée dépend bien entendu des conditions météorologiques. Il faudra être particulièrement vigilant et observateur dès le premier épisode pluvieux qui suit le déchaumage, de manière à pouvoir détruire le faux semis, soit de manière mécanique (travail du sol) soit de manière chimique (désherbage en pré-semis). À condition qu’il ne soit pas trop profond pour donner la priorité aux faux semis et en s’adaptant au contexte parcellaire (type de sol, type de flore adventice), le déchaumage reste donc une opération culturale d’actualité, en préparation du semis de la culture suivante, qu’elle soit une CIPAN ou une culture principale.

AC

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