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Mobilisation / À l’appel de la FNB, la FDSEA de Haute-Saône a mobilisé ses adhérents pour participer au blocage des abattoirs. Les cantons se sont relayés pour tenir le blocus de dimanche soir à mercredi soir. La table ronde organisée au ministère a finalement permis de lever les blocages en échange de hausses de prix.

Les éleveurs de Haute-Saône se sont mobilisés pour l’action de blocage des abattoirs : ils ont fait pour certains plus de 250 km pour rejoindre leurs collègues de Bourgogne à Cuiseaux, en Saône et Loire. L’établissement de Cuiseaux est opéré par Bigard, le géant de l’abattage en France : 4,4 milliards de chiffre d’affaires, 1,4 million de bovins abattus, des marques phare comme Charal ou Socopa… À l’appel de la FNSEA, de Jeunes Agriculteurs et de la Fédération Nationale Bovine, les producteurs de viande bovine ont mis en place des actions similaires depuis dimanche soir sur plus d’une quinzaine de sites d’entreprises d’abattage parmi les plus importants, représentant d’après les syndicats « près de 50 % de l’activité nationale ». Dans le Grand-Est, les abattoirs Bigard de Verdun, Vitry le François et Venarey les Laumes étaient également impactés, ainsi que celui de Mirecourt (Elivia).

150 manifestants déterminés

Dès dimanche soir, les deux entrées de l’abattoir de Cuiseaux étaient donc bloquées par une forte mobilisation des éleveurs de Saône et Loire, mais aussi des autres départements de Bourgogne et de Franche-Comté. Près de 100 manifestants dès dimanche soir, avec lundi et mardi des pics autour de 150 personnes, au gré des roulements organisés par les fédérations départementales. Grilles fermées, camions bloqués, l’abattoir dormait. Côté agriculteurs, une bonne ambiance dans un climat général d’inquiétude après des mois de marchés moroses. Dès lundi, les Haut-Saônois se sont joints au gros des troupes, avec notamment les cantons de Montbozon, Marnay, Combeaufontaine, puis Gray dans la nuit de lundi à mardi, pour continuer avec des éleveurs de Scey et de Gy mardi, et de Saulx et Lure mercredi. « L’important est de tenir dans la durée », martèle Christian Bajard, secrétaire adjoint de la FDSEA de Saône et Loire, et président de la section bovine. Certes, les manifestants sont bien conscients que Bigard a rempli ses bouveries et organisé ses équipes en conséquence. Mais mardi soir, vraisemblablement, il devait avoir épuisé ses stocks de bétail sur pied, d’après Philippe Auger, responsable de la section bovine de la FDSEA 70 présent sur place.

Opération avant tout médiatique

Qu’importe, l’opération est avant tout médiatique et chacun se félicite des reprises qui ont été faites, dans les journaux, sur les radios et à la télévision. Elles ont permis au moins de gagner la bataille de l’image dans l’opinion. « SVA (abattoirs d’Intermarché, ndlr) et Kermené (Leclerc ndlr) ont déjà fait des propositions, attestait dès mardi Philippe Auger. Elivia devrait en faire probablement. » Restait Bigard, le plus impacté par le blocus du fait de sa position perçue comme arrogante lors de la précédente réunion « de la dernière chance » qui avait conduit à l’appel au blocage. Devant les grilles, tous affichent leur détermination à « infléchir la politique du moins-disant » qui règne au sein de la filière et « dont le premier maillon que nous sommes paye le prix fort », dénonce Luc Jeannin, secrétaire général de Saône et Loire. Les causes, on les connaît : un prix de viande qui ne permet pas aux éleveurs de dégager un revenu, et surtout le manque de volonté dans l’aval de la filière, alors que tous les critères sont réunis pour permettre enfin d’inverser le cours des choses. Nul ne s’attend à un coup de baguette magique lors de la table ronde de mercredi. Simplement un signal fort et l’implication des pouvoirs publics pour qu’enfin le dialogue s’ouvre et que ses différents maillons travaillent de concert pour créer et aller chercher de la valeur ajoutée. Il y a urgence. Pour les éleveurs bovins, c’est la condition pour la levée du blocage.

Table ronde : hausse des prix et levée des blocages

A l’issue de la réunion de crise mercredi 17 au soir, la mobilisation s’est finalement révélée payante, avec une réaction des abatteurs, et un engagement de Stéphane Le Foll. Côté ministère, on a annoncé l’ouverture du droit à l’effacement de cotisations pour les agriculteurs en difficultés. Stéphane Le Foll a également annoncé la création d’un partenariat public-privé à but commercial, pour soutenir l’export de viande française sous marque commune. Du côté des industriels, une hausse immédiate de 5 centimes a été consentie, ainsi qu’un engagement à revaloriser toutes les semaines les cotations, pour atteindre le niveau des coûts de production (4,5€/kg). Un soulagement pour les éleveurs, mais également un sentiment de perte de temps, puisque la première réunion de crise qui s’était tenue mi-mai s’était soldée par un refus des abatteurs, qui avait provoqué l’utltimatum de la FNB. « Après discussion avec les responsables de blocage des abattoirs, nous appelons à suspendre les blocages des abattoirs, écrivait finalement la FNSEA jeudi 18 au matin, et à mettre sous surveillance les différents acteurs pour vérifier la concrétisation de leurs engagements dans les prix et les cotations ». Vigilance, donc.

LD

Table ronde : Accord trouvé pour revaloriser les prix

À l’issue d’une réunion au ministère de l’Agriculture réunissant une quarantaine de membres de la filière viande bovine, le 17 juin, les transformateurs et distributeurs se sont engagés à revaloriser rapidement les prix payés aux producteurs. Le président de la Fédération nationale bovine (FNB) Jean-Pierre Fleury a annoncé que les transformateurs, suivis par les distributeurs s’étaient engagés à revaloriser les prix payés aux producteurs de 5 centimes le kilo de carcasse, dès le lendemain, et à réitérer ces hausses chaque semaine jusqu’à ce que les cours atteignent les coûts de production (4,50 euros le kilo de carcasse en moyenne, selon la FNB). Le président de l’interprofession bétail et viande, Dominique Langlois a précisé que les transformateurs étaient libres d’appliquer les niveaux de hausse qu’ils souhaitaient, et s’est réjoui « que le dialogue soit renoué » au sein de la filière. « C’est une réunion positive », a également commenté Xavier Beulin, président de la FNSEA. Plus tard dans la soirée, la FNB a annoncé la suspension du blocage des abattoirs, entamé dimanche. « C’est une suspension des blocages avec mise sous surveillance des opérateurs de la filière, grande distribution et industriels, pour vérifier le respect des engagements », a commenté Jean-Pierre Fleury.

 

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