Jeunes agriculteurs / Le JA de Haute-Saône se sont réunis en assemblée générale mercredi autour du thème « comment concilier production et environnement ». Ils ont bénéficié de l’éclairage syndical de la vice-présidente des JA Céline Imart et de l’ingénieur régional Arvalis Luc Pelcé.

Les JA savent communiquer. Leur rapport d’activité, présenté collégialement lors de leur assemblée générale ce mercredi 4 mars le prouve : portes-ouvertes, animations, manifestations, FDL, jeux inter-cantons, carnavalcade… Le film de l’année est éloquent. A la Sainte-Catherine, la distribution de pommes de terres et le partenariat avec le téléthon ont permis « en couplant communication et bonne action, d’engager le dialogue avec les gens ». Mais dans un monde surmédiatisé, cela ne « suffit pas », explique Céline Imart, vice-présidente des JA nationaux et responsable du dossier environnement.
Agricultrice dans le Tarn, la jeune femme a pu ainsi témoigner de la capacité de communication des « zadistes », qui occupent le site de Sievens depuis plus d’un an : Une stratégie « très performante », avec « une attitude face à la caméra », et une autre dès que les micros sont coupés. Une référence au reportage du journaliste infiltré Pierre-Alexandre Bouclay en novembre dernier.

Produire devient un gros mot

« Produire devient un gros mot », continue la jeune syndicaliste. Et le vocabulaire lui-même devient un enjeu de bataille. L’idée, pour le président des JA 70 Pierre Grangeot, est de ne pas se faire voler les mots d’écologie et d’environnement. « Ceux qui se font appeler “écologistes” ont d’abord un discours idéologique, appuie Céline Imart. Ils sont dans le dogme, l’anti-production. Nous sommes les premiers écologistes, en particulier parce que nous travaillons à placer l’humain au centre du projet. C’est ça le développement durable. »
Les chantiers sont donc importants : faire évoluer la vision qu’ont nos concitoyens du monde agricole, et accompagner la nécessaire évolution des pratiques agricoles dans un temps acceptable par tous. « Les phytos, on est tous d’accord pour s’en passer demain. Mais c’est toute une logique de filière qu’il est nécessaire de mettre en place pour, par exemple, valoriser les produits de nos rotations qui se seront forcément allongées. » Même combat sur la redevance sur les pollutions diffuses, qu’il ne faut non pas augmenter, mais « redistribuer à des agriculteurs qui investissent dans du matériel innovant » ; ou encore sur la baisse de la consommation de phytos, qui doit aussi « prendre en compte la diminution de la dangerosité des produits employés. » Bref, « on a un savoir-faire, il faut le faire savoir ! »

Informez-vous, formez-vous soyez attentifs !

Pour Luc Pelcé, ingénieur chez Arvalis-Institut du végétal, l’agro-écologie ne peut pas se passer de l’innovation. Il a d’ailleurs proposé de la renommer « agro-technologie » lors d’une réunion technique, ce qui lui a valu les foudres des DDT et de l’INRA. « Le rôle d’Arvalis est avant tout de fournir une information technique et agronomique fiable et utilisable aux agriculteurs », explique-t-il. Le tout dans un objectif de recherche de l’optimum de production. « Ce qui ne veut pas dire que nous ne travaillons pas sur l’environnement », au contraire. Le vrai tournant pour l’institut technique : l’année 1992 et la première PAC : le site expérimental de la Jaillière (44) travaille depuis sur le devenir des produits phytos et de leurs métabolites dans le ruissellement.
« Nous ne cherchons pas par essence à réduire les intrants, continue l’ingénieur, mais à les optimiser pour produire plus. Quand on propose de décaler les apports d’azote [voir la HSA de la semaine dernière, nda], quand on travaille sur les bas-volumes, ou quand on met au point des Outils d’Aide à la Décision pour optimiser l’absorption des intrants, on augmente leur efficacité. »
« Informez-vous, formez-vous, soyez attentifs ! », scande Luc Pelcé. La baisse des intrants de synthèse, c’est possible, et c’est même en cours, comme le prouvent les récents achats de start-up et petites entreprises travaillant sur le bio-contrôle par des géants de la phytopharmacie. Reste à chercher la bonne information, un devoir pour tous les agriculteurs, facilité à l’heure d’internet par les nouveaux moyens de communication. « Regardez ce qui se fait ailleurs, confrontez les sources, et croyez au pouvoir de l’innovation ! »

La révolte, force de notre réseau

Un message d’espérance soutenu par Sylvain Crucerey et Thierry Chalmin, pour qui les jeunes ont « de bonnes raisons d’y croire ». Même si les combats syndicaux qui attendent les JA ne vont pas manquer, à commencer par la proche nouvelle définition des cours d’eau « qui devra prendre en compte la jurisprudence, à savoir un lit naturel, une source naturelle, et un débit suffisant toute l’année », soumet Céline Imart. Restera aussi à canaliser la colère des agriculteurs en un combat constructif, comme le suggère Emmanuel Aebischer en évoquant les actions juridiques en cours sur les contrats laitiers. « La force de la révolte, c’est la force de notre réseau ! » rebondira Boris Verne, président des JA de Franche-Comté. « Et de notre côté, nous continuerons a être force de proposition pour une agriculture viable, vivable et transmissible », ajoutera Pierre Grangeot.

LD

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