Lait / Un groupe de 13 producteurs laitiers de la coopérative Pâturages Comtois s’est lancé dans l’action MODLAIT pour une durée de 3 ans, afin de se préparer à la sortie des quotas. Honorine Adam de Haute-Saône Conseil Elevage et Marie-Christine Pioche de la chambre d’agriculture, assurent l’animation du groupe et font le point sur la 1ère année écoulée.
L’objectif commun de ces agriculteurs est de trouver des pistes pour optimiser leur production par rapport à leur structure d’exploitation et à leur fonctionnement actuel, tout en prenant en compte les attentes de leur laiterie et de leur filière. Ils ont ainsi passé une première journée en janvier 2014 à comprendre le contexte laitier mondial et à analyser les enjeux pour les différentes filières au sein de leur coopérative. Les questions à la base de la réflexion sont les suivantes : Quelle est la marge de manœuvre de l’entreprise en termes de transformation de lait standard ? Quels sont ses marchés ? Quelles sont les perspectives pour la filière Gruyère ? Quel est le devenir du lait issu de l’agriculture biologique produit par les coopérateurs de Pâturages Comtois ? Quel est le projet de l’atelier ? C’est dans le cadre d’un échange avec les responsables de la coopérative que les producteurs ont répondu à ces différentes questions.
Perspective d’augmentation de la production de 110.000 L par exploitation
La seconde étape a été la présentation d’une synthèse des projets individuels des exploitations, afin d’évaluer les perspectives d’évolution de la production globale à 5 ans. Ces 13 producteurs se projettent avec une augmentation moyenne de 110.000 L par exploitation quasiment sans évolution des surfaces. La hausse se ferait avant tout par une augmentation du nombre de vaches plutôt que par une amélioration technique des performances de chaque animal. Pour la plupart des exploitations, la disponibilité en main d’œuvre sera le facteur limitant.
Le coût alimentaire varie du simple au triple
Les producteurs ont ensuite analysé le coût de production du lait sur leurs exploitations. Le coût de production 2013 a été calculé sur chaque exploitation avec la méthode développée par l’Institut de l’Elevage. L’analyse et la comparaison des résultats a permis de mettre en évidence la forte variabilité des coûts de production du lait au sein du groupe : de 484 à 715 €/1 000 l. Le principal facteur de variation est le coût alimentaire qui varie du simple au triple, de 60 à 180 €/1 000 L. Il inclut les achats de concentrés et fourrages, ainsi que les intrants sur les surfaces fourragères et les céréales autoconsommées. Il varie du simple au double entre des exploitations ayant la même moyenne économique.
Les éleveurs qui ont les coûts les plus faibles ont pu expliquer leurs stratégies en termes de rationnement des vaches et des génisses, de choix des concentrés, d’expression du pic de lactation, d’autonomie alimentaire et protéique… Les charges de mécanisation expliquent aussi une part importante des écarts entre exploitations. Elles varient de 80 à 208 €/1 000 l. Le coût élevé est choisi pour certains, subi pour d’autres et les stratégies d’équipement sont diverses au sein du groupe. L’action sur ce poste pour réduire son poids se fera sur le long terme.
Un prix de revient moyen de 386 €/1 000 l
En moyenne pour les exploitations du groupe, le prix de revient du lait 2013 pour une rémunération de la main d’œuvre exploitant à 1,5 SMIC est de 386 €/1 000 L, variant de 299 à 524 €/1 000 L. Il est supérieur de 20 €/1 000 L au prix payé. Finalement, la rémunération réelle de la main d’œuvre exploitant n’a été que de 1,13 SMIC.
Dans la suite de l’accompagnement qui s’étale sur 3 ans, les producteurs analyseront leurs capacités de production et les leviers d’adaptation pouvant être activés. Ils affineront ensuite les pistes liées à l’amélioration de l’autonomie alimentaire. Ces analyses successives contribueront à la construction progressive et cohérente des projets individuels et du projet collectif de la coopérative.
2015 : L’action MODLAIT se développe sur le département
La coopérative Pâturage Comtois souhaite créer un nouveau groupe d’éleveurs. Monts-et-Terroirs se joint également à la démarche. Si vous êtes intéressés par cette action, n’hésitez pas à contacter votre laiterie ou les animatrices des groupes : Honorine Adam pour Haute-Saône Conseil Elevage ou Marie-Christine Pioche pour la chambre d’agriculture.
Témoignage d’un éleveur du groupe MODLAIT-Pâturage Comtois
« Ce qui m’a le plus intéressé, c’est de faire le point sur les coûts de production de l’exploitation ». En effet, l’analyse des pratiques de l’éleveur mis en parallèle avec les chiffres comptables permet d’avoir un regard critique sur ce qui fonctionne bien et ce qui est à améliorer, pour optimiser la rentabilité du système. « Pour notre part, nous avons constaté que la valorisation de l’herbe et l’autoconsommation en céréales restent favorables à notre coût alimentaire global ». Les nombreux échanges entre les membres du groupe montrent malgré tout qu’il n’existe pas une recette unique et idéale, en fonction du contexte global de l’exploitation (système, emplacement du bâtiment, main d’œuvre…). Les coûts de production étant réalisés sur une campagne comptable clôturée (2013 pour ce groupe), l’envie de connaître ce que donneront les résultats de la campagne en cours se ressent rapidement. « Il serait intéressant de calculer ces coûts de production plusieurs années d’affilée, notamment pour voir l’effet du prix du lait, d’un investissement une année donnée, et des pratiques mises en œuvre ».