Elevage / Plusieurs réunions techniques de terrains sur la thématique de l’herbe avaient lieu en Franche-Comté la semaine dernière : des rencontres riches en échanges et retours d’expérience sur une année compliquée.

Jean-Michel et Laurence Belpois accueillaient une matinée d’échange organisée par le Groupe herbe de Franche-Comté, le 28 septembre dernier. Leur exploitation, un Gaec entre frère et sœur sur la commune de Bonnevaux le Prieuré est un élevage laitier. « Nous produisons 350 000 litres de lait à Morbier, vendu à la fromagerie Perrin, avec un troupeau d’une cinquantaine de montbéliardes. » Avec de fortes contraintes au niveau du parcellaire – seulement 21 ha sont facilement accessibles depuis le bâtiment d’élevage et la salle de traite – tirer le meilleur parti de la ressource herbagère est un enjeu fort pour les deux exploitants. La ferme fait d’ailleurs partie du réseau de suivi de la croissance de l’herbe, et un technicien de la chambre interdépartementale d’agriculture vient chaque lundi réaliser des mesures à l’herbomètre. Cet outil, constitué d’un plateau solidaire d’un tube coulissant sur un axe avec une échelle graduée, permet d’évaluer rapidement la densité du couvert végétal : une mesure en centimètres de « tassement » qui renvoie à une quantité de matière sèche par hectare… et permet donc de piloter plus précisément le pâturage.

Acquérir des repères et des critères de décision
Comme l’a détaillé Jean-Marie Curtil, conseiller productions fourragères à la Chambre interdépartementale d’agriculture, la cinétique de la pousse de l’herbe, observée depuis une dizaine d’années par le réseau franc-comtois, dépend des situations pédoclimatiques : altitude, reliefs, type de sols… « La connaissance de la croissance de l’herbe permet à l’éleveur de déterminer quelle surface doit être offerte afin que les animaux consomment l’équivalent de cette croissance. Si on arrive à tenir cet équilibre, on peut avoir une qualité d’herbe optimale durant toute la saison de pâturage. » Deux écueils sont à éviter : le sur-pâturage, avec un chargement trop fort qui conduit les animaux à brouter plus ras, pénalise la capacité de repousse. A contrario le sous-pâturage conduit à du gaspillage, des refus… Mais la croissance de l’herbe est très dépendante de la météorologie : de la température, surtout, et de la pluviométrie bien entendu. « On a vu cette année une courbe de croissance de l’herbe très inhabituelle, car le retour de conditions fraîches a différé le pic d’herbe printanier, qui a été moins marqué. Le creux estival est aussi moins marqué, car les précipitations n’ont pas manqué et il n’y a pas eu de fortes chaleurs. » 

Bien réfléchir les aménagements
Au Gaec du Pré du Soir, un rationnement précis est mis en œuvre. « Nous sommes un peu coincés par les surfaces accessibles, ce qui fait qu’on a tendance à revenir un peu trop vite sur les parcelles pâturées. », analyse Jean-Michel. Un tour de pâturage a permis au petit groupe de participants d’échanger aussi sur des thématiques telles que les chemins d’accès, un investissement judicieux en particulier lors des années humides. « Ici dans nos sols profonds c’est indispensable. » poursuit l’exploitant. « Le choix du tracé des chemins d’accès et la disposition des points d’eau sont déterminants pour la conduite du pâturage… il vaut mieux faire des essais préalables avant de choisir leur emplacement définitif », conseille Jean-Marie Curtil. Comme le font remarquer plusieurs éleveurs, au sein d’une parcelle “en longueur”, on observe souvent une dégradation de la flore dans la partie la plus éloignée du point d’accès. Les participants ont aussi pu échanger sur l’opportunité d’une culture dérobée, comme précédent favorable à la réfection d’une prairie.

AC

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