Actualité syndicale / La préfète du département, invitée par la FDSEA à la visite de la ferme de Rachel et Ludovic Cotin, a pu entendre les principaux motifs de préoccupation des agriculteurs : baisses des soutiens publics, crise du secteur viande bovine, flambée des coûts de production, révision du zonage « nitrate », pullulation de sangliers…

Du point de vue remarquable qui domine le village de Dambenoît-lès-Colombe, en contemplant le paysage de bocage, prairies, vergers et bois, on a du mal à concevoir que ce secteur vient d’être classé « zone vulnérable », au titre de la révision de la directive nitrate… « Sur le bassin versant de la Colombine à Colombotte, 19 communes sont proposées au classement en zone vulnérable… on est quand même dans un secteur où la part de l’herbe dans les surfaces exploitées atteint déjà 62% et progresse régulièrement. On se demande sur quels critères l’administration se base ! » lance Thierry Chalmin à la préfète, venue visiter le 27 mai dernier la ferme de Rachel et Ludovic Cotin, à l’invitation de la FDSEA, pour faire un point sur les dossiers agricoles. Le classement en zone vulnérable d’une commune n’est pas anodin pour les agriculteurs qui y exercent leur activité, comme l’explique Emmanuel Aebischer, le président de la FDSEA : « il faut passer à une capacité de stockage des effluents à 7 mois… concrètement ça signifie être obligé de construire une nouvelle fosse à lisier – dans le cas du Gaec Cotin passer de 350 à 600 m3 – un investissement complétement improductif, et dont on n’est pas sûr, au final, qu’il contribue à améliorer la qualité des eaux ! A cela il faut ajouter toutes les complications sur l’épandage des effluents. » Sans oublier que dans ce secteur, qui fait partie de la zone de production de la récente IGP Gruyère, la belle dynamique de cette filière pourrait être remise en cause par de nouvelles contraintes, mal comprises.

Complications administratives
Le sujet est emblématique du mur d’incompréhension auxquels se heurtent les agriculteurs, et qu’ont souligné de nombreux participants. Sur les éléments paysagers par exemple, comme l’a mis en exergue Michaël Muhlematter, le président de la FDPL. « Pour couper un arbre mort, rectifier une haie, on a besoin d’une autorisation. Pourtant on est en Haute-Saône, regardez autour de vous, la forêt n’est pas en danger, ce ne sont pas les arbres qui manquent. Mais avec ces mesures, on arrive à l’effet inverse, plus personne n’ose laisser pousser quelques épines sous un barbelé, de peur que ça devienne un élément paysager sanctuarisé, auquel on n’aura plus le droit de toucher. »
Le tout sur fond d’incertitudes… météorologiques, réglementaires, économiques ! Et d’une loi Egalim qui tarde bien à tenir ses promesses de redistribution de la valeur ajoutée. La nouvelle PAC et ses conséquences sont à l’esprit de tous les participants. « Est-ce qu’on va encore diminuer le soutien à l’élevage allaitant, tandis que la consommation française se maintient et que dans le même temps on ouvre nos frontières à des importations de viande produites dans des pays où la législation est bien moins contraignante ? » interroge Emmanuel Aebischer, faisant allusion aux accords du Mercosur. Pour Justine Grangeot, présidente des JA et elle-même éleveuse de vaches charolaises, la coupe est pleine. « On vend actuellement nos broutards à 750 €, alors qu’ils coûtent 1 000 € à produire. Ça ne peut plus durer. Les niveaux de charges augmentent et nos coûts de production ne sont pas pris en compte. »

La bête noire des agriculteurs
Autre motif d’inquiétude récurrent de la profession, soulevé par Stéphane Menigoz, celui des pullulations de sangliers, qui se traduisent par des niveaux records de dégâts dans les cultures et les prairies, comme l’atteste le nouveau record du montant d’indemnisation versé par les fédérations de chasse aux agriculteurs. « Nous sommes plutôt déçus par les mesures prises, trop timides par rapport à la situation démographique des sangliers qui échappe à tout contrôle », a-t-il insisté.
Si la préfète s’est montrée attentive et réceptives à toutes ces interpellations, elle a néanmoins rappelé les limites de son rôle de représentant de l’Etat. « Je vais faire remonter les difficultés dont vous m’avez fait part, aussi bien pour le dossiers calamités, un dossier sensible dont on essaye d’élargir le champs pour mieux prendre en compte la réalité des situations, le gel des vergers de Fougerolles et les particularités de cette production, les sangliers, les zones vulnérables, dossier dans lequel la coopération des services de l’administration et de ceux de la chambre d’agriculture ont permis de reclasser un certain nombre de communes. Mais la directive nitrate s’applique aussi à la Haute-Saône ! »

AC

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