Fenaison / Fauche à plat, conditionneuse à fléaux ou à rouleaux, andains de nuit… Evajura évalue cette année les modalités de récolte du foin à Cuvier, pour déterminer la combinaison la plus pertinente pour obtenir une dessiccation rapide tout en préservant les qualités nutritives du fourrage.
Alors que sur le plateau de Nozeroy, comme un peu partout en Franche-Comté, les faucheuses et les pirouettes sont partout à l’œuvre, deux petits groupes arpentent une parcelle jalonnée pour y prélever des échantillons de foin, à l’entrée du village de Cuvier. « C’est une prairie permanente assez homogène, qui a été fauchée dimanche matin, explique Vincent Mamet, responsable d’encadrement technique chez Evajura. Nous conduisons ici une expérimentation sur les modalités de fauche. Des essais ont déjà eu lieu par le passé, mais sur des parcelles différentes, avec un historique de fertilisation différent… Ici nous avons la chance de pouvoir travailler dans des conditions comparables, ce qui va nous permettre d’évaluer les différences entre différents modes de récolte. » Edith Bern, stagiaire-ingénieur en agronomie d’Agrosup Dijon travaille justement sur cette thématique pour EvaJura depuis la mi-mars : elle a réalisé la bibliographie et élaboré le protocole expérimental de cet essai.
Déterminer la stratégie la plus efficace
En effet, sur le terrain, différentes manières de procéder sont pratiquées, peut-être parfois pour des raisons plus “culturelles” que pour leur efficacité technique. « On se pose par exemple la question de la pertinence du premier passage de pirouette qui intervient juste après la fauche… est-il nécessaire quand la conditionneuse a déjà accéléré la première phase du séchage ? La remise en andains de nuit, largement pratiquée en Franche-Comté, l’est beaucoup moins en Rhône-Alpes… Elle a peut-être un intérêt pour accélérer le séchage de la rosée entre les andains, le lendemain matin. Ici à plus de 800 mètres d’altitude l’amplitude thermique est très forte en cette saison (4 °C ce matin et plus de 28 °C hier après-midi) et la rosée est abondante. » En arrière-plan de ces questions, l’enjeu est de déterminer la stratégie la plus efficace, pour économiser d’éventuels passages, avec à la clé des économies de carburant, de main-d’œuvre, et moins de tassements par les passages de roue. « L’objectif principal est d’atteindre rapidement une teneur en matière sèche suffisamment basse pour pouvoir rentrer le foin, tout en préservant un maximum de feuilles, pour avoir la meilleure valeur nutritive. », rappelle Vincent Mamet.
Résultats cet automne
Aussi la parcelle d’essai a été découpée en huit micro-parcelles de 100 mètres par 20, où trois faucheuses (à plat, conditionneuse à fléaux et conditionneuse à rouleaux) ont été déployées. Avec le pirouettage immédiat, ou non, et la réalisation ou non de l’andain de nuit, on arrive à nos huit modalités. « Nous avons prélevé régulièrement des échantillons depuis la fauche jusqu’au ramassage du foin, ce qui va nous permettre d’identifier les divergences, s’il y en a, dans l’évolution de la teneur en matière sèche. Tout est envoyé pour analyses au laboratoire de Ceyzériat. » Les résultats de cette étude seront présentés cet automne, lors des tours de stabulation ou des assemblées de section. Idéalement, il aurait été intéressant de suivre l’évolution de ces différents foins jusqu’à la crèche… « mais l’agriculteur qui nous prête sa parcelle fait du séchage en vrac… ce qui complique le suivi des échantillons au sein du tas. On réfléchit pour l’année prochaine à un dispositif, qui ressemblerait à une sorte de panier à salade métallique. »
Alexandre Coronel