Cuma de Haute-Saône / Le 11 février dernier, chez Denis Géant à Esmoulières, les adhérents des Cuma haut-saônoise étaient conviés à une démonstration de déchiquetage de bois, destiné au paillage d’un bâtiment d’élevage.

Les sécheresses successives ont profondément modifié la donne : la paille, co-produit des cultures céréalières, est devenue plus rare, substitut potentiel d’un fourrage grossier, quand herbe et foin viennent à manquer. Du coup, les prix se sont envolés. Certains spéculent et jouent la carte de la pénurie pour pouvoir vendre au prix fort. « Un camion de paille, maintenant, c’est 4 000 euros », témoigne Denis Gehant, éleveur laitier à Esmoulières, en Haute-Saône. Il est aussi dirigeant de la Cuma des Mille Etangs, dans les Vosges saônoises, et c’est à ce titre que son exploitation accueillait, le 11 février dernier, une démonstration de déchiquetage de bois, destiné au paillage des litières des bâtiments d’élevage. « Ici, avec les problèmes de scolytes, il y a beaucoup de bois de conifères disponible, qu’on ne peut pas valoriser autrement… il y a peut-être quelque chose à faire, collectivement », poursuit l’éleveur, qui a expérimenté avec succès sur sa propre exploitation le paillage du bâtiment d’élevage des génisses avec des plaquettes de bois. « Pour les vaches laitières, il faudrait un système de tamisage, afin d’avoir un produit plus fin qui permette de garnir les logettes. », expose-t-il.

Une alternative à la paille
Les conditions difficiles de cultures de céréales et les sécheresses estivales à répétition ont en effet renforcé les craintes en matière de disponibilités de paille… et rendu plus attractives l’alternative des plaquettes de bois pour pailler les bâtiments d’élevage. Partant de ce constat, la FDCuma de Haute-Saône a initié une réflexion sur l’investissement collectif dans un matériel de déchiquetage. Aussi Fabrice Maitrot, technicien machinisme de la FRCuma de Franche-Comté, est venu apporter son expertise sur ce thème. « La faible disponibilité de la paille rebat les cartes… dans d’autres secteurs de Bourgogne Franche-Comté, comme dans le département de la Nièvre, où les élevages, tributaires de la paille pour la litière de leurs bâtiments, ont expérimenté le bois-plaquette depuis une dizaine d’années. » Si la démonstration de déchiquetage, réalisée par un entrepreneur vosgien, permet de bien appréhender les contraintes d’un tel chantier, la réunion de la FdCuma a aussi permis d’initier une réflexion économique sur l’intérêt de se doter collectivement de matériels de déchiquetage. « Un tracteur de forte puissance est indispensable, de l’ordre de 300 chevaux, relève Fabrice Maitrot : or, dans les zones de montagne, ce type d’équipement n’a pas beaucoup d’intérêt pour les travaux quotidiens, ce qui pose la question de leur rentabilité. Mais d’un autre côté, les plaquettes destinées au paillage ne sont pas forcément la seule production envisageable : la valorisation du bois énergie peut permettre de rentabiliser ce type de matériels, mais aussi l’entretien des haies. On peut aussi utiliser des matériels d’occasion… c’est important de se poser les bonnes questions, celle du coût de revient, de la taille critique, de la zone pertinente pour qu’un investissement dans un tracteur et une déchiqueteuse de bois soit intéressant. » Affaire à suivre, donc !

AC

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