Elevage laitier / La journée « produire du lait bio, c’est possible ! » organisée par le GAB70 à Dampierre-sur-Linotte a réuni 80 personnes, venues échanger sur la question de la conversion, mais aussi sur les perspectives offertes par les opérateurs locaux…
Pour les organisateurs, le GAB70, la chambre d’agriculture et Interbio Franche-Comté, cette journée a été un véritable succès, avec 80 participants, mardi 3 décembre dernier à Dampierre sur Linotte. Principalement des éleveurs bio, conventionnels et en conversion, ainsi que des conseillers, et quelques fournisseurs. « Les retours des agriculteurs, convertis ou non, sont très positifs. Beaucoup d’entre eux ont apprécié l’échange avec les acteurs de la filière pour se rendre compte de la demande actuelle en lait bio », note Marion Churout, du pôle agriculture biologique de la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. « Si l’on reprend les propos d’un représentant de laiterie “la Haute-Saône a un fort potentiel de production laitière, et, contrairement à la zone comté, les systèmes laitiers ici sont beaucoup plus autonomes et donc plus résilients”, précise la conseillère. Dans l’ensemble les laiteries sont optimistes quant à la filière du lait bio en Haute-Saône, bien qu’elles ne soient pas toutes en capacité de dire clairement que la demande est largement supérieure à l’offre. En 2018 le nombre exponentiel de reconversion les ont, pour certaines, fait douter mais finalement avec la conjoncture 2019 des besoins restent encore à combler. »
Une période de conversion à bien préparer
Au cours de la matinée, la présentation des données technico-économiques du GIEE lait (environ 20 éleveurs de Haute-Saône) a permis de pointer les difficultés particulières de la période de conversion et de présenter des chiffres concrets des principaux postes de charge. « Les graphiques illustrent bien que les coûts de production sont supérieurs en période de conversion, tandis que les produits ne suivent pas, puisque les volumes de lait produits diminuent… Cela entraîne une dégradation de l’EBE de l’ordre de 25 % en deuxième année de conversion. La bonification du prix du lait collecté pendant la période de conversion est d’ailleurs un levier très efficace utilisé par les transformateurs pour encourager le passage en bio et augmenter significativement leur collecte, dès qu’elles ont un peu de visibilité à moyen terme », expose Mickaël Grevillot, animateur du GAB70 et conseiller bio à la CA70.
Heureusement, une fois convertis, les élevages renouent avec de bons niveaux de performance technico-économique. « A l’issue de la conversion, l’EBE augmente fortement pour atteindre 1,5 fois l’EBE du système initial conduit en conventionnel. Cela est dû, en grande partie, à la valorisation du lait en bio. Sans les aides, l’EBE quatre ans après la conversion reste supérieur à l’EBE de départ en conventionnel. Et, plus le système est autonome, plus la valeur ajoutée est maitrisée. »
Une bonne valorisation de la ration de base
Les ateliers de l’après-midi ont permis d’approfondir des points techniques de manière très concrète, sur le Gaec des Sapins, une exploitation productrice de lait de foin en bio, destiné à la fabrication de gruyère. Dans le champ de l’agronomie par exemple avec un pôle dédié à la culture de méteils et ses conditions de réussite. Ou bien côté élevage, avec le thème de la valorisation de la ration de base, avec l’intervention de Haute-Saône Conseil élevage. Honorine Adam, la conseillère, a pu détailler au fil des mois la composition de la ration distribuée au troupeau, l’évolution de la production laitière, mais aussi du coût de ration et jusqu’à la marge par vache et par jour. « Le Gaec des Sapins présente une excellente valorisation de la ration de base, grâce notamment à une conduite très technique du pâturage et à la distribution d’excellents fourrages secs, obtenus grâce à l’utilisation d’un séchage en grange : ils sont à 15 kg, c’est près de 30 % de plus que le groupe des éleveurs laitiers bio (tous fourrages confondus) et près du double de ceux qui sont en système foin-regain. »
Chacun a pu apprécier directement la qualité du foin distribué et interroger Vincent Eyer sur son protocole de fauche. « Les échanges entre agriculteurs bio et non-bio ont été très riches », se félicitent les organisateurs.
AC