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Reproduction / Comme la production laitière prime sur les fonctions reproductives, un déficit énergétique marqué en début de lactation défavorise la reprise de l’activité ovarienne de la vache.

La connaissance des mécanismes biologiques en jeu dans la fertilité de la vache laitière permet de mieux comprendre – et donc de prévenir – les phénomènes d’infertilité, dont les conséquences économiques à l’échelle d’un troupeau ne sont plus à démontrer. « La fertilité d’une femelle correspond à son aptitude à être gestante avec une ou deux inséminations artificielles. On estime la fertilité avec des indicateurs comme le taux de non-retour (TNR) et le rang de l’IA fécondante. La fécondité, c’est l’aptitude à produire un veau dans les délais requis, qu’on approche par l’IVV (Intervalle vêlage-vêlage), c’est-à-dire en ajoutant l’intervalle entre vêlage et IA fécondante et la durée de gestation », explique Marie Saint-Dizier, enseignant-chercheur à AgroParisTech. Chaque étape du déroulement de la gestation, depuis la fécondation au vêlage peut être perturbée par différents facteurs, capables d’en compromettre le résultat. Avant toute fécondation, la femelle doit être cyclée. La reprise d’une cyclicité régulière après le vêlage, c’est-à-dire une ovulation tous les 18-25 jours, concerne 50 à 70 % des vaches. Un déficit énergétique en début de lactation, des difficultés de vêlage et des maladies post-partum ont une incidence négative sur les mécanismes de contrôle hormonaux du cycle. Ils peuvent entraîner une phase lutéale prolongée ou une inactivité ovarienne prolongée, etc. 30 à 50% de problèmes de cyclicité. Dans le cas où les chaleurs ont effectivement lieu, leur manifestation et leur détection par l’éleveur peuvent poser problème. « La détection des chaleurs est globalement peu efficace (50-60 % non détectés) et peu spécifique (on estime que 5 à 20 % des IA sont réalisées en phase lutéale). » Pour ce point également, de multiples facteurs entrent en jeu : la race (pour les holsteins par exemple, l’oestrus est bref avec peu de chevauchements), mais également la taille du troupeau, le système d’élevage, la nature des sols et la qualité des aplombs, ainsi que la perte rapide d’état corporel.
Quand les chaleurs sont effectivement détectées et suivies d’une insémination, celles-ci ne sont pas forcément fécondantes. Outre la présence d’un kyste folliculaire (lire encadré), l’intervalle entre l’IA et l’ovulation peut aussi être inapproprié. Il existe en effet une forte variabilité de l’intervalle entre le début des chaleurs et l’ovulation, en moyenne de 24 à 27 heures mais, dans les faits, de 15 à 42 heures ! Il faut aux spermatozoïdes au moins 8 heures pour atteindre le lieu de la fécondation, et leur pouvoir fécondant se maintient pendant 24 à 30 heures.

Le rôle central de l’énergie
Si l’ovule est bien mis en présence de spermatozoïdes, la fécondation n’est pas pour autant garantie à 100 %, car la qualité des gamètes peut être insuffisante. Côté femelle, il est désormais établi qu’un fort potentiel génétique laitier et un mauvais état corporel exercent une influence négative sur la qualité de l’ovocyte. « L’enjeu des nouvelles méthodes, actuellement en développement, est de permettre de distinguer à l’avenir les cas de non-fécondation et de mortalité embryonnaire précoce, ainsi que de caractériser la « qualité ovocytaire » : les ovocytes fécondés sont-ils identiques aux autres ? » L’énergie joue des rôles multiples : la production d’hormones de la reproduction comme la LH et la progestérone, l’activité ovarienne, le développement des ovocytes. Si l’énergie fait défaut, les performances de reproduction ne seront pas satisfaisantes. Une perte d’état corporel de plus d’un point durant les 30 premiers jours de la lactation retarde la première ovulation et, par conséquent, la première chaleur. D’où l’intérêt de suivre précisément l’évolution d’état corporel des animaux. Tout ce qui peut être fait pour faciliter la transition et améliorer la consommation de matière sèche en début de lactation (y compris les améliorations de confort) aura un effet positif sur la reproduction. Enfin, il est primordial de mettre au point des stratégies alimentaires (choix des
aliments, ajustement des quantités, distribution de l’alimentation) permettant de minimiser la perte d’état en fin de gestation et en début de lactation.

Hiérarchiser les facteurs de risque
Quand la fécondation a effectivement lieu, mortalité embryonnaire et fœtale peuvent venir interrompre la gestation. « La non-fécondation et la mortalité embryonnaire précoce représentent 70 à 75 % des échecs de l’insémination, avec un retour en chaleur 21 à 24 jours après l’IA. Pendant la phase d’implantation, on parle de mortalité embryonnaire tardive, et le délai pour une nouvelle ovulation est alors supérieur à 24 jours : cela représente 20 % des échecs. Enfin, les avortements représentent moins de 10 % des échecs, et l’œstrus est alors supérieur à 90 jours. »
Les facteurs de risques de mortalité sont différents selon la phase de développement de l’embryon. Jusqu’au 16e jour de gestation, un fort potentiel génétique laitier aura un effet négatif, par la suite c’est une forte production laitière qui sera en cause. Une forte perte d’état corporel pendant les premiers mois post-partum, un stress thermique ou encore des anomalies de la cyclicité (phase lutéale prolongée) sont également très corrélés à ces phénomènes de mortalité embryonnaire.

Alexandre Coronel

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