Désherbage des céréales d’hiver / Plus particulièrement cette campagne, il faut profiter de chaque fenêtre climatique pour intervenir contre les mauvaises herbes présentes dans les céréales à paille : attendre la reprise de végétation risque en effet d’augmenter leur nuisibilité.
Si les pluies hivernales de cet hiver ont commencé à recharger les nappes phréatiques, la sécheresse automnale de 2018 a cependant des conséquences en termes de lutte adventice. Damien Boucheron, technicien grandes cultures de la délégation de Bourgogne d’Arvalis, explique « On constate un fort salissement des parcelles de céréales du fait de l’absence d’efficacité des faux-semis de septembre et d’octobre. Les conditions sèches de l’automne 2018 ont également pénalisé les désherbages de présemis et de postlevée. Certaines parcelles d’orge ou de blé comptent 200 à 400 vulpins/m². Dans ces cas extrêmes, retourner la culture est même recommandé plutôt que d’investir dans un désherbage qui semble perdu d’avance. À cause des repousses de blés, la probabilité de déclassement en fourrage est importante dans certaines parcelles d’orge brassicole. Il est ainsi opportun d’anticiper et d’intervenir le plus tôt possible en janvier ou février. » Lors de ces mois d’hiver, il n’est en effet pas rare d’avoir des fenêtres climatiques opportunes pour traiter.
Hygrométrie élevée et températures douces
« Afin de pénétrer rapidement à travers la cuticule des feuilles, les herbicides systémiques foliaires, comme les inhibiteurs de l’ACCase ou les produits auxiniques, ont besoin d’une hygrométrie supérieure à 70 % au moment du traitement et de températures douces (entre 5 et 20 °C) les jours suivants. Certains herbicides systémiques foliaires peuvent être en partie racinaires, notamment les inhibiteurs de l’ALS tels que les sulfonylurées. Dans ce cas, l’humidité du sol est primordiale. Pour les produits de contact, qui agissent là où les gouttelettes tombent, la priorité sera la qualité de la pulvérisation et une bonne hygrométrie. Quels que soit le mode d’action, la nature et le stade des adventices sont des facteurs importants, les produits étant plus efficaces sur des stades jeunes. », précise le technicien.
Avant le premier apport d’azote
« Il est même recommandé d’intervenir avant le premier apport d’azote. Tout d’abord, éliminer la concurrence le plus tôt possible sécurise le potentiel de rendement. Il faut également prendre en compte le fait que des adventices “fertilisées” sont plus difficiles à contrôler (lire ci-dessous). Un essai réalisé en 2012 par ARVALIS à Boigneville (91), sur une parcelle de blé tendre comptant 90 ray-grass/m², montre une perte de 13 q/ha lors d’un désherbage après le premier apport d’azote, par rapport à un désherbage effectué avant cet apport. De plus, l’azote absorbé par les adventices est perdu pour la culture. Un décalage du premier apport d’azote, entre fin février et mi-mars, est rarement préjudiciable, sauf en sols superficiels ayant des reliquats de sortie d’hiver souvent très faibles. » Outre le désherbage chimique, d’autres moyens peuvent être déployés, mais les conditions d’efficacité sont plus rares… « Dans l’Est de la France en particulier, le désherbage mécanique a une efficacité très variable en fonction du nombre de passages, des outils utilisés et des conditions qui suivent les semis ; l’absence de pluie un à quatre jours après l’intervention est primordiale. La herse étrille et la houe rotative, plus efficaces sur les plantules, sont généralement utilisées à l’automne. La bineuse, dont l’usage est plus souple, fait preuve d’une bonne efficacité en sortie d’hiver. De meilleurs résultats sont obtenus en alliant interventions mécaniques et chimiques. Dans les situations de résistance des vulpins, un désherbage chimique est préconisé à l’automne associé à un ou deux passages de herse étrille pour ensuite utiliser la bineuse en sortie d’hiver. » D’une manière plus générale, la gestion des adventices doit également se raisonner à l’échelle de la rotation, en l’allongeant et/ou en alternant les cultures d’hiver et de printemps.
Arvalis-Institut du végétal