Conseil colza / Les biomasses en entrée hiver dans l’Est et le Nord sont très hétérogènes à cause des conditions très sèches en implantation. Parfois, la question se pose d’un retournement pour ceux qui n’ont pas déjà détruit les semis pour mettre une culture d’hiver. Quelques éléments de réflexion à ce sujet.
Les conditions très difficiles pour l’implantation des colzas ont généré des situations extrêmement contrastées dans les parcelles. On trouve différents types de situations :
• Des colzas à fort développement : Pour les parcelles qui ont pu lever de bonne heure les peuplements sont corrects et les biomasses peuvent être très importantes avec parfois la présence d’élongation.
• Des cultures avec des peuplements irréguliers : Si des parcelles présentent des peuplements corrects à ce jour d’autres ont des densités hétérogènes et/ou faibles avec des différences importantes entre parcelles mais aussi à l’intérieur des parcelles.
• De faibles biomasses pour les levées très tardives : Les levées très tardives présentent à ce jour des biomasses faibles à moyennes même si les conditions climatiques favorables de l’automne ont permis de conserver des situations qui semblaient compromises.
Évaluer le potentiel du colza
Il est encore trop tôt pour prendre une décision de retournement. La situation des colzas est évolutive car l’hiver n’est pas fini. La sortie d’hiver sera l’opportunité pour réaliser un diagnostic de conservation ou non de la culture. Ce sera aussi l’occasion de réaliser une nouvelle observation larves de grosse altise (et de charançon). Retourner un colza est rarement rentable. Il est donc nécessaire d’évaluer le potentiel réel du colza en place avant de prendre toute décision de retournement. Différents critères entrent en considération comme le peuplement et la biomasse. Le contexte de la parcelle : hydromorphie, enherbement, défaut d’enracinement et dégâts de ravageurs d’automne qui sont des facteurs aggravants est aussi important à prendre en compte. Un colza avec une densité de colza entre 5 et 10 pieds/m² et une très faible biomasse (< 100 g/m²) peut éventuellement être conservé en sol profond si aucun autre facteur aggravant est présent, avec une altération du potentiel. En sol superficiel, il est préférable d’envisager un retournement du colza, le potentiel de la culture ne sera pas suffisant. C’est à partir d’une densité de 10-15 pieds/m² que la culture ne doit pas être, à priori, retournée, tout dépendra de la présence de facteurs parcellaires aggravants (attaque sévère de ravageurs, enherbement…). Au-delà d’une biomasse de 600 g/m², le colza doit être conservé.
Et les parcelles hétérogènes ?
On observe souvent des parcelles dont une partie comporte des peuplements et des stades corrects alors qu’un peu plus loin la population de colza est faible avec de plantes chétives (zones argileuses). La règle de décision proposée dans le tableau ci-dessus vaut aussi pour les conditions intra-parcellaires : inutile de laisser des surfaces en mauvais état à l’intérieur des parcelles car elles risquent de se salir rapidement au printemps et ont un potentiel de rendement très limité.
D’après N. Latraye, L. Ruck, M. Geloen, B. Remurier, Terres Inovia