Fermoscopie 2018 de Cerfrance Bourgogne Franche-Comté / Grande première pour cette année 2018, les Cerfrance de Bourgogne Franche-Comté se sont associés pour présenter les résultats économiques de 2018. Deux conférences ont été organisées, l’une à Dijon, l’autre à Dannemarie-sur-Crête.

Cette première Fermoscopie régionale a d’abord dressé un constat : tout s’accélère, les agriculteurs doivent s’adapter de plus en plus vite et sur plusieurs fronts à la fois. Les chiffres sont une chose, mais ils ne reflètent pas totalement la profondeur de la crise agricole, face à un contexte climatique et sociétal qui oblige à trouver de nouveaux leviers d’actions pour répondre notamment aux nouvelles attentes des consommateurs.
La photographie de cette année 2018 concerne les quatre principales productions de la grande région Bourgogne Franche-Comté. En grandes cultures, les pluies de printemps ont sauvé les rendements sur les plateaux et la hausse des prix du blé a eu l’effet d’un ballon d’oxygène pour les trésoreries exsangues des exploitations céréalières. Les perspectives de prix restent pour le moment assez bonnes concernant les productions céréalières et le « blé devrait se stabiliser autour de 200 euros ». Pour la première fois depuis six années, les cours élevés du blé permettent aux prix de vente de couvrir les coûts de production. Le prix du colza reste relativement stable, mais n’atteint pas le niveau souhaité par les producteurs. De mars à octobre et même au-delà pour certains secteurs particulièrement touchés, la sécheresse a mis toute la région dans le rouge en termes de déficit hydrique et de températures. Sur six mois on a enregistré des températures supérieures de +3° à la moyenne saisonnière. Cette situation a plutôt profité aux fermes céréalières des plateaux, dont les résultats sont meilleurs que ceux des exploitations de plaine, plus impactées par la sécheresse. Ce qui confirme que « les terres à fort potentiel ne s’expriment que si tous les éléments sont favorables », ce qui n’était pas le cas en 2018.
Attention toujours aux charges opérationnelles et aux charges de mécanisation car la situation financière de nombre d’exploitations reste durablement fragilisée par les mauvais résultats enregistrés en 2012 et 2016. Les interrogations quant à la résilience des systèmes des zones intermédiaires restent fortes.

Bovins viande : une production déstabilisée
En bovins viande, le marché des ­­­broutards est resté dynamique alors que le marché des femelles restait atone du fait d’un encombrement du marché par les réformes laitières. Les exploitants sont restés prudents et ont contenu leurs charges de structure. Toutefois les disparités restent importantes entre les résultats des exploitations d’un même système : 64 % des exploitations dégagent un résultat courant inférieur à un SMIC, lorsque 12 % arrivent à dégager deux SMIC. Beaucoup d’exploitations ne survivent qu’au prix d’une très faible rémunération du travail familiale et des capitaux propres. Les coûts de production, estimés à 3,92 €/kg poids vif, restent nettement au-dessus du prix de vente final (2,33 €/kg vif en moyenne) et du prix de revient (2,55 €/kg). Les éleveurs ne s’en sortent que parce qu’ils limitent leurs prélèvements et resserrent tous les boulons. Au final, 1/4 des exploitations se trouve dans une situation financière risquée ou très risquée. Les attaques sociétales, l’évolution des modes de consommation et un contexte global morose, impactent durement le moral des éleveurs et le monde de l’élevage. La Fermoscopie montre cependant que certaines exploitations bovines ont trouvé les clés permettant de conforter leur situation financière, gage d’espoir pour l’ensemble de la profession.

Lait : l’effet sécheresse
En production de lait de plaine, la sécheresse provoque une légère baisse des volumes produits et renchérit nettement le coût des aliments, entraînant une baisse de 33 % du résultat courant par rapport à 2017. La maîtrise du prix de revient reste l’une des clés de l’avenir des systèmes de plaine, seul moyen de supporter la forte volatilité des cours mondiaux du lait. Des cours plutôt bien orientés en début d’année et devraient le rester en cette fin d’année, la sécheresse ayant impacté l’ensemble de l’Europe du Nord. Les charges sont en hausse sensible partout et sur tous les postes et cet effet induit du déficit de pluviométrie et de la canicule persistante, devrait impacter les fermes laitières de plaine sur le long terme, du fait notamment de la pénurie de fourrages. L’exercice 2019 pourrait s’en ressentir. Cerfrance BFC observe que pour les années à venir, de nouveaux débouchés à l’export devraient s’ouvrir. Le lait bio pour sa part a vu la demande exploser et tire particulièrement bien son épingle du jeu, avec un revenu disponible par exploitant nettement supérieur à celui de lait conventionnel (+8 000 €). On remarque cependant comme en conventionnel de fortes disparités entre les résultats d’exploitation.
En lait produit sous signes de qualité comme les fromages AOP du Jura, le prix continue de progresser et atteint 558 €/1 000 l. Là aussi l’effet sécheresse se fait sentir sur le niveau de production en baisse. L’augmentation des achats alimentaires provoque une nette augmentation des charges, ces dernières représentant 82 % du produit. Un tiers des exploitations produit ainsi à un prix de revient supérieur au prix de vente. Une tendance qui devrait être amplifiée par l’évolution du cahier des charges et la mise aux normes des fermes pour l’épandage en Franche-Comté.
L’observation des grands écarts de résultats persistants entre des fermes au sein d’un même système conduit Cerfrance à penser que « c’est la personne qui est à la tête de l’entreprise qui fait le résultat ». La technicité, les compétences stratégiques et la capacité d’adaptation du responsable d’exploitation sont constitutives de la résilience du système. Les trois critères essentiels d’efficacité restant : un parcellaire groupé, la technicité de l’éleveur et son implication et « une somme de petites choses », qui misent bout à bout favorisent cette résilience.

AMK

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