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Diversification / David Beudet s’est lancé à Rigney dans une fabrication inédite en France, celle de boisson à base de soja fermier.

David Beudet a 44 ans et est céréalier depuis son installation à 21 ans. Depuis deux ans, il exploite seul une exploitation de 185 ha de céréales à Rigney, sur laquelle il multiplie les voies de diversification.

Quelles surfaces exploitez-vous et sous quelle forme ?
David Beudet, céréalier à Rigney (D. B.) : Cette année, j’ai presque dix cultures différentes. Sur environ 180 ha semés, j’ai 38 ha de maïs, 41 ha de blé, 40 ha de colza, 33 ha de soja, 17 ha orge, 3 ha de seigle, 3 ha de sarrasin, 1,20 ha de lentilles, 1 ha d’épeautre, 1 ha d’avoine et un petit peu de chanvre et de tournesol. Sur tout cela, je transforme ou je vais transformer en partie le blé, le seigle et l’épeautre en farines. Le soja, je le transforme en boisson à base de soja, car on n’a plus le droit de dire « lait de soja ». Avec un peu de maïs, d’avoine ou de blé, je vais aussi faire des flocons. J’ai commandé la machine. J’ai aussi une décortiqueuse, pour faire des graines décortiquées avec le chanvre et le tournesol. Et pour finir, je transforme le colza et le tournesol en huiles.

Et la demande suit ?
D. B. : J’ai commencé la fabrication voilà six mois, avec le moulin. J’ai enchaîné avec l’huile puis le lait, en transformant ce que j’avais sous la main : colza, blé et soja. Mais avec ce que j’ai semé, dès l’automne je pourrai proposer une plus grande gamme de produits. En blé, avec la demande que j’ai, je vais passer à peu près 20 tonnes à l’année dans le moulin. En colza, 4 à 5 tonnes suivant la place que j’aurais pour tout stocker. Epeautre, seigle et sarrazin, je garde la récolte en entier. Et pour le chanvre, je vais en conserver une bonne tonne. Tout le reste partira à ma coopérative.

Comment est venue l’envie de vous lancer dans la diversification ?
D. B. : Un jour, ma femme a acheté des yaourts au soja. J’ai trouvé ça bon et ça m’a donné l’idée de me lancer dans la fabrication deboisson de soja. On a regardé des recettes sur internet, puis on a cherché une machine pour le transformer. Il n’y en avait pas en France, ni en Europe. On a dû regarder en Inde et je suis passé par une boîte française pour la commander. On a mis six mois à la recevoir et on a dû refaire tout le câblage électrique pour la mettre aux normes. Après fabrication de la boisson, je me suis demandé quoi faire de ce qui restait dans la machine. J’ai eu l’idée faire de la farine de soja. On a donc rapidement acheté un moulin, on a enchaîné avec une machine pour faire de l’huile et comme beaucoup de magasins me demandent de faire des flocons de céréales, j’ai passé une nouvelle commande. Mais le moulin, il est aussi un peu venu à cause de la boulangerie « la Mie dorée » à Besançon-Bregille. Le boulanger est un ami d’enfance. Un jour, il m’a demandé s’il ne pouvait pas faire du pain avec de la farine venant de chez moi. Les grands esprits se rencontraient, j’avais déjà commandé le moulin. On a donc essayé et on s’est lancé. Depuis, je fournis une deuxième boulangerie, « la Huche à pain » à Besançon-Rivotte, mais aussi des Intermarché qui font aussi leur pain avec ma farine. En parallèle, je vends dans plusieurs petites épiceries ou des fruitières ici et là et je vais même jusqu’à Morteau chez le primeur Jacoulot.

Voilà beaucoup d’activités différentes. Comment vous êtes-vous préparé pour vous lancer ?
D. B. : Au niveau des formations sur la diversification, j’ai juste fait une formation sur l’étiquetage avec la chambre d’agriculture. Sinon, je suis allé voir les gens qui fabriquent, qui ont une presse à huile ou des moulins. Pour la machine à lait de soja, ce sont les livres et internet qui m’ont formé. J’aurais bien voulu des conseils, j’ai dû en jeter des litres avec mes expériences, mais on n’a trouvé personne. Même FranceAgriMer n’avait jamais rencontré un cas comme ça. Je suis peut-être le seul producteur fermier français de boisson à base de soja.

Le seul producteur de boisson au soja ? Et est-il bon ?
D. B. : La recette est très bonne, j’ai des clients qui le préfèrent à celui du commerce et d’autres qui pensaient ne pas aimer et à qui le produit a finalement plu. Au-delà des végétariens, il faut penser à tous les gens intolérants au lactose, il y en a plus qu’on le croit ! On peut cuisiner avec comme avec du lait normal. Mais j’ai encore un souci pour la conservation et personne ne comprend ce qui cloche : certaines bouteilles se gardent six mois de temps et d’autres tournent au bout de deux jours alors que le protocole utilisé est le même. Mais mon but n’est pas de rajouter des conservateurs, donc on creuse la question, on fait faire des analyses.

Vous êtes sur une bonne lancée alors…
D. B. : Les choses démarrent très bien pour nous. Le magasin sur l’exploitation a ouvert le 18 février, il n’ouvre que deux heures le mercredi et le samedi. Plus qu’un point de vente, c’est aussi une vitrine car le local permet de voir les machines en action. Lors de nos premières portes-ouvertes, on a vu passer 200 à 300 personnes. A l’automne, je pourrai proposer beaucoup d’autres produits, mais je dois faire mes essais et faire tester ça d’abord autour de moi. C’est super intéressant, on transforme nos produits, ça change de ce qu’on fait d’habitude. Avant, j’ai vendu des légumes sur des marchés et ce contact avec les clients, il me manquait.

Morgane Branger

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