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Ensilage maïs / La météorologie a compliqué la culture du maïs en 2018 : après un début de cycle chaud et humide, deux mois de sécheresse ont perturbé la fécondation et le remplissage des épis, tout en hâtant la maturation.

“A cause des fortes températures sur la France depuis le 20 juillet, les périodes de début de chantier proposées sont avancées de 2 à 7 jours par rapport à la carte du 20 juillet. Les premières récoltes sont en cours dans les régions les plus avancées, souvent touchées par le déficit de pluviométrie”, prévient Michel Moquet, ingénieur chez Arvalis-Institut du végétal. Pour ne rien arranger, le déficit de pluie qui accompagne les fortes températures actuelles accélère l’évolution de la plante en provoquant un desséchement précoce de la partie “tiges + feuilles”, et ce au détriment du remplissage des grains. La décision d’ensiler les maïs les plus touchés par la sécheresse est délicate à prendre. Dans les zones basses du Jura et le Graylois, les variétés précoces semées début mai ont déjà atteint le stade optimal de récolte. Ailleurs, les teneurs en matière sèche évoluent rapidement, accélérées par les températures élevées. « Pour les semis tardifs des zones plus froides de la région, on devrait arriver à maturité autour du 25-30 août. »

Stade optimal de récolte
L’ensilage de maïs permet de réaliser d’importants stocks de fourrage. Cette technique nécessite cependant, pour être pleinement efficace, de respecter un certain nombre de précautions, notamment à partir de la récolte : stade de récolte, organisation du chantier, taux de matière sèche, stockage étanche… Difficile, compte tenu des difficultés climatiques évoquées plus haut, et notamment du risque de gel, de parler de « stade optimal » de récolte. Pourtant c’est entre 30 et 35 % de matière sèche « plante entière » que le maïs fourrage offre le meilleur compromis entre productivité, sécurité de la récolte, intégrité maximale de la tige, conservation optimale, avec un niveau d’ingestion élevé qui permet une forte production de lait ou de viande. En dessous de 30 %, le niveau de rendement est plus faible, et surtout les quantités ingérées chutent : une vache laitière n’est capable d’ingérer qu’une douzaine de kilos d’ensilage maïs à 25 %, contre 18 à 20 à 35 % de MS. Au-delà de 35 %, la limite est plus technique qu’alimentaire : le silo est plus délicat à tasser, et la conservation plus difficile. 30 à 35 % est donc le niveau de matière sèche qu’il faut viser, et pour cela l’observation des différents types d’amidon lors du remplissage du grain est un précieux indicateur. Mais cette année les cas particuliers sont nombreux. Les décisions de récolte sont alors à adapter à chaque situation. Les maïs desséchés pauvres en grains doivent être récoltés rapidement : l’ensemble des plantes ne peut que continuer à se dessécher. Les maïs en retard risquent de ne jamais atteindre le stade favorable. Les chantiers se déroulant sur environ un mois, ARVALIS recommande de commencer les récoltes suffisamment tôt (dans le calendrier) pour ne pas les finir à des taux de matière sèche trop élevés.

Organisation du chantier
L’organisation du chantier d’ensilage est primordiale : toute interruption au moment de mise en silo favorise en effet le développement d’organismes nuisibles. Le principe du procédé repose sur un stockage étanche et en anaérobiose. Une fois le silo tassé et refermé, l’acidification doit être rapide et suffisante (pH < 4), ce qui limite les risques de post-fermentation. Le tassement régulier permet de chasser un maximum d’air pour provoquer la fermentation. La fermeture hermétique bloque les échanges avec l’air atmosphérique : il faut garder à l’esprit que les levures et les moisissures ne se développent qu’en présence d’oxygène.

Alexandre Coronel

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