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ASSEMBLEE GENERALE DE L’ERMITAGE / Coopérateurs et élus du département étaient réunis à la salle des fêtes de Bulgnéville, vendredi 27 avril dernier, pour assister à l’assemblée générale de la Coopérative de l’Ermitage marquée par l’annonce du départ de son directeur général, Jean-Charles Le Squeren. La coopérative va par ailleurs lancer dans une filière de lait garanti “sans OGM”. 

Le chiffre d’affaires du groupe Ermitage pour 2017 atteint 385,6 millions d’euros HT, en augmentation de 7,8% par rapport à 2016. « Une situation paradoxale, avec un 1er trimestre préoccupant et un second semestre qui rattrape tout » note Jean-Charles Le Squerent, directeur général de la coopérative. Les ventes à l’exportation sont en augmentation de 3,7% en volume, représentant 19,9% du chiffre d’affaire. L’Allemagne constitue ainsi le premier consommateur de fromage du groupe avec une augmentation de 14%. L’Union Européenne reste la principale cible de la fromagerie, « car comme le répète souvent notre président : il faut boxer dans sa catégorie ». Néanmoins, une réflexion s’engage vers l’Asie, « une structure différente avec des partenariats nouveaux ».
Quant aux investissements, ceux-ci se poursuivront encore ; « Nous arrivons à la fin de la période de digestion du dernier coût d’investissement concernant la tour de séchage de lactosérum qui s’élevait à 22 millions d’euros. Pour 2018, nous consacrons une dizaine de millions d’euros en Franche-Comté sur les sites de Clerval et Vercel. Tandis qu’à Bulgnéville, des permis de construire sont actés avec l’ambition d’y implanter des centres d’affinage et de stockage ».

Prix du lait payé en 2017
La rémunération moyenne du lait, toutes primes et toutes qualités comprises, payée par la Coopérative atteint 375,62 euros les 1000 litres départ ferme, contre 345,29 euros en 2016, soit une augmentation de 8,79%. La moyenne des 10 prix du lait les plus élevés est de 401,79 euros les 1000 litres pour une production moyenne de 441 805 litres. La moyenne des 10 prix du lait les plus bas est de 316,86 euros pour un volume moyen de 202 839 litres soit une différence de 84,98 euros en 2017.

Vers l’étiquetage de produits « sans OGM »
Le grand enjeu de la coopérative pour 2019 concerne l’étiquetage d’une production « sans OGM ». En effet, lors de réunions décentralisées, la question de l’exigence nouvelle de grands distributeurs français et étrangers d’offrir à leurs clients des produits garantis sans OGM a été évoqué. « Nous devons proposer à nos clients, dans les délais les plus courts, des fromages étiquetés non OGM pour préserver nos marchés et les développer notamment en Allemagne et en France. Il convient de s’y préparer activement » note le directeur général. Daniel Gremillet, président de l’Ermitage, explique ; « beaucoup devront changer le mode d’alimentation de leurs animaux pour y parvenir, et certains craignent d’avoir à changer l’organisation de leur exploitation afin de contenir le prix de revient de leur production laitière. Mais nous ne savons pas ce que les consommateurs seront prêts à payer en plus, ni l’effort des distributeurs ».
Dans un premier temps, 150 millions de litres de lait seront garantis « sans OGM » au cours du 1er trimestre 2019. Pendant l’année 2018, la direction des relations avec les coopérateurs a pour mission de constituer un approvisionnement suffisant « sans OGM » en travaillant avec les techniciens des Chambres d’Agriculture, les contrôles laitiers, les fabricants d’alimentation du bétail, les services de l’élevage, les collecteurs et les coopérateurs. « La concertation avec les sociétés commercialisant l’aliment de bétail est indispensable. Ces pratiques nouvelles ne doivent pas servir d’aubaine pour augmenter le prix des aliments et ainsi s’approprier l’effort financier que le consommateur acceptera peut-être » prévient le président Gremillet. Un dossier incontournable pour la coopérative afin de conserver des clients importants en France et en Europe, « il est évident qu’il faudra tirer les conséquences économiques de cette nouvelle exigence ». Victorien Lambert, président de JA 88 prévient ; « le non OGM amènera de nouvelles contraintes aux producteurs. Oui nous voulons bien y passer afin de maintenir les accords de collecte et pour revaloriser notre lait, mais cela ne pourra se faire gratuitement, il faudra faire redescendre de la valeur ajoutée sur nos fermes ». Pour Jérôme Mathieu, président de la chambre d’agriculture des Vosges, « il faut aller vite pour ne pas perdre de marchés. La Chambre va réunir les opérateurs du département pour trouver une solution afin qu’il y ait un cahier des charges commun, que nous ayons tous les mêmes règles. Nos producteurs sont conscients des défis à relever, ils sont d’accord pour faire évoluer leurs systèmes mais pour cela, il faut une lisibilité ». Philippe Clément, président de la FDSEA des Vosges a rappelé que le « non OGM est une condition d’accès au marché aujourd’hui. Il me semble important aussi que ces conditions d’accès qui nous sont demandés, à nous producteurs, puissent être rémunératrices assez rapidement. Aussi, il faut que les normes entre les différents pays s’harmonisent ».

« L’heure de la retraite va sonner »
Le rapport du directeur général terminé, la salle s’est levée pour offrir une standing-ovation afin de saluer celui qui fut le capitaine de la coopérative pendant 42 ans. « Après 47 ans passés à l’Ermitage, dont 42 ans de direction générale, l’heure de la retraite va sonner. Delphine Picard, qui me succède, et son équipe, auront la responsabilité de surmonter les nombreux défis qui se présentent pour conserver l’indépendance de la coopérative, auprès du conseil d’administration et du président Gremillet » explique Jean-Charles Le Squeren qui restera en poste jusqu’au 1er septembre prochain. Daniel Gremillet, a salué le travail accomplit par le directeur général pendant plus de 40 ans. Un moment privilégié sera proposé en septembre lors du départ de Jean-Charles Le Squeren, « un moment où nous pourrons nous dire beaucoup de choses » ajoute le président, la voix chargée d’émotions. « Le travail que vous avez réalisé est important pour l’entreprise et pour les producteurs » ajoute Jérôme Mathieu, tandis que Philippe Clément a félicité « monsieur Le Squeren pour le travail effectué au sein de la coopérative, mais féliciter également l’ensemble du conseil d’administration et les producteurs qui sont un maillon essentiel de la chaîne car livrant un lait de qualité à l’Ermitage ».

Des défis à relever
« C’est une banalité de rappeler que chaque année apporte son lot de problèmes et de surprises. Cependant, l’accélération considérable des changements à intégrer est telle que chacun d’entre nous doit gérer une multitude d’adaptations dans des délais très courts, ce qui à de quoi nous perturber et nous préoccuper gravement. Car, nous devons très rapidement apporter des réponses aux demandes sociétales et aux normes réglementaires alors que leur pérennité n’est pas assurée et que leur coût n’est pas négligeable » souligne dans son rapport moral, Daniel Gremillet, avant de donner son analyse sur les Etats Généraux de l’Alimentation. « Leurs conclusions reprennent le catalogue des souhaits de chaque partie et les traduisent en lois et décrets. Se pose maintenant la question de la mise en œuvre des orientations des EGA. Notre coopérative n’est évidemment pas opposée à la recherche d’une meilleure organisation des marchés laitiers, un partage plus équitable des marges, une écoute très attentive des attentes des consommateurs. Mais trop de précipitations, trop d’écart entre les accords signés par la France dans l’Union Européenne et les promesses faites en France aux agriculteurs, pas assez d’expertise de terrain pour faire encore évoluer les choses peuvent conduire à des désillusions pires que la situation actuelle ». Sur ce sujet, Stéphane Viry, député des Vosges présent lors de cette assemblée a témoigné de sa « vigilance concernant une loi qui sera soumise à notre appréciation dans quelques semaines, et dont les premiers travaux en commission à l’Assemblée Nationale ont pu déceler que l’on se déportait de l’essentiel, de la réalité et des enjeux. Je formule le vœu que ce ne soit pas une loi pour rien». Philippe Clément a quant à lui appelé les élus « à ne pas laisser les portes se refermer. Une porte a été ouverte par le biais des EGA, il aurait été dommage que nous n’y soyons pas ».
Pour conclure son intervention, Daniel Gremillet a rappelé que la coopérative remplit sa mission par les actions qu’elle a décidées en 2017, notamment en permettant à tous les coopérateurs qui répondent aux critères définis d’augmenter régulièrement le volume d’accès à la meilleure valorisation (volume A) et en permettant aux jeunes agriculteurs qui s’installent de bénéficier ou de faire bénéficier la structure qui les accueille d’un volume A supplémentaire, ou en rémunérant le lait comme elle le fait. « Le monde change, la société française et occidentale évolue et notre devoir économique est de répondre à ces évolutions. Mais en tant que coopérative, nous devons le faire en respectant nos valeurs : respect des coopérateurs, des consommateurs, de nos clients, des salariés, des animaux, et de notre environnement. L’équipe de cadres dirigeants a été renouvelée et a travaillé depuis plusieurs mois auprès de Monsieur Le Squeren pour s’imprégner de ces valeurs que nous défendons depuis longtemps. Les résultats économiques de 2017 sont encourageants et nous permettent d’être fiers de notre coopérative. Alors avec confiance continuons à évoluer en restant attentifs et prudents ».

Matthieu Palmieri, Paysan Vosgien

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