Céréales / Dans le cycle d’une céréale, le stade « épi 1 cm » symbolise le passage entre la phase de tallage et celle de montaison. Lors de cette étape clé, les plantes sont particulièrement sensibles aux accidents climatiques. Des interventions précises sont aussi rattachées à ce marqueur. Cependant, il n’est pas toujours facile de le repérer au champ.
Le stade « épi 1 cm » est davantage un repère technique qu’un stade phénologique précis. Il est atteint lorsque la distance entre le sommet de l’épi et le plateau de tallage est, en moyenne, de 1 cm sur le maître-brin (figure 1). L’épi ne mesure alors que 2 à 3 mm. Il est déjà en phase de différenciation florale et les épillets sont en cours de formation.
Dans la pratique, pour déterminer le stade « épi 1 cm », il est recommandé de prélever 20 plantes dans une zone homogène de la parcelle, en évitant les passages de roues et les bordures. Il ne faut garder que le maître-brin, c’est-à-dire la tige la plus développée de la plante. Ensuite, chaque tige doit être coupée dans le sens de la longueur pour mesurer la distance entre le sommet de l’épi et la base du plateau de tallage. Ce dernier se situe généralement au niveau du point d’insertion des racines. Attention, il arrive parfois qu’un faux nœud apparaisse sous le plateau de tallage, à cause d’une profondeur de semis trop importante ou d’un excès de densité (figure 2). Il faut alors l’exclure de la mesure de hauteur de l’épi.
Un décalage possible selon les conditions climatiques
De nombreux paramètres sont susceptibles d’avancer ou de retarder le stade « épi 1 cm », à commencer par le climat, qui peut faire varier la date d’apparition de trois semaines. Les plantes doivent satisfaire simultanément des besoins en cumul de températures, en vernalisation et en photopériode. Chacun de ces besoins est étroitement lié à la variété et au climat.
L’hiver 2017/2018 jusque fin janvier a été doux mais particulièrement humide, avec une longue période d’engorgement des sols. Le mois de février a été marqué par 2 épisodes de gel. Ces deux types d’accidents climatiques peuvent influer sur la date d’arrivée du stade épi 1 cm.
Un engorgement prolongé ou une stagnation d’eau dans la parcelle peuvent engendrer des retards de croissance et de développement des plantes par anoxie (absence d’alimentation en oxygène). Un ennoiement prolongé peut même conduire à une perte de plantes. Dans ces conditions, l’arrivée au stade épi 1 cm peut être fortement retardée (1 à 2 semaines en règle générale).
Une période de gel assez conséquente en intensité et en durée, appliquée à un certain stade peut aussi modifier indirectement la date du stade épi 1 cm, même en cas de dégâts visibles limités. Les épis des maîtres-brins, un peu plus avancés que les talles dépassent juste du sol et sont turgescents, par conséquent plus sensibles au gel. Ils blanchissent et se nécrosent sous l’effet du gel (figure 3). La croissance du maître-brin s’arrête alors et les talles prennent le relais. Le délai nécessaire pour que les talles primaires arrivent au stade du maître-brin entraîne donc un « décalage » du stade épi 1 cm. Quelques situations ont d’ores et déjà été observées localement ces derniers jours, mais il s’agit davantage de cas spécifiques que de constats généralisés.
Dans ces conditions et afin d’ajuster au mieux les interventions autour du stade épi 1 cm (fertilisation, régulateurs…), il est recommandé d’effectuer des prélèvements dans plusieurs zones des parcelles pour déterminer correctement le stade de la culture.
Cécile Garcia et Jean-Charles Deswarte (Arvalis – Institut du végétal)