Elevage des veaux / Depuis 2016, l’élevage de veaux laitiers par des vaches nourrices est évalué à la ferme expérimentale de l’Inra-Mirecourt. Cette technique, qui présente des avantages sanitaires et zootechniques, demande cependant un apprentissage et une bonne organisation.
Les techniques d’alimentation lactée des génisses de renouvellement, en élevage bovin laitier, sont issues d’évolutions techniques et de politiques de filières variées. Une diversité de conduites coexiste tant sur les produits distribués (poudres de lait, lait entier, lait yogourtisé,…) que sur les modes de distribution utilisés (seaux, tétines, DAL,…). Dans le contexte actuel, certaines techniques réapparaissent, telles que l’élevage des veaux par des vaches nourrices. Cette dernière vise une simplification du travail d’élevage des génisses de renouvellement, une limitation des effectifs improductifs dans un contexte de réduction des charges et de prix du lait incertain, mais également un rapprochement avec le mode d’élevage naturel de l’animal en maintenant un allaitement de type maternel. La séparation des veaux de leurs mères après la naissance est en effet un argument émotionnel fréquemment mis en avant par les détracteurs de l’élevage…
Sur le plan purement zootechnique, de nombreuses études montrent que l’élevage des veaux des vaches laitières avec la mère ou une nourrice présente de nombreux avantages : Les veaux engraissent mieux, sont le plus souvent en meilleure santé, ont un meilleur comportement social et se tètent nettement moins les uns les autres que ceux qui sont nourris au bidon. Testé par exemple dès les années 60 en Nouvelle-Zélande, l’élevage en allaitement maternel multiple de veaux mâles castrés (sevrés vers 7 à 10 semaines), permet des gains importants par rapport à l’allaitement artificiel, tant en termes de mortalité (respectivement 0,9 % vs 7,8 %) que de croissance.
Moins de travail, de meilleurs résultats
En termes d’astreinte, cette technique permet aussi de supprimer quelques taches d’astreintes telles que réchauffer le lait, abreuver les veaux et faire la vaisselle… Les scientifiques ont catégorisé les systèmes d’élevage sous la mère en fonction de la durée et de la nature de la relation entre la mère et son veau. L’allaitement simple restrictif, l’allaitement simple libre et l’allaitement multiple (2 à 4 veaux adoptés par une vache dite nourrice sans traite additionnelle de celle-ci).
En raison de ses multiples intérêts, notamment en termes de simplification du travail, c’est sur cette dernière option que l’Inra de Mirecourt s’est concentrée. Le travail de recherche s’est appuyé sur des entretiens avec des éleveurs français innovants, qui la mettent en pratique depuis plusieurs années et sur les premiers résultats issus de l’essai TEMPo (Take it Easy with Milk Production) mis en place sur le dispositif INRA ASTER-Mirecourt depuis le 4 janvier 2016.
Une phase d’adoption critique
Les témoignages d’éleveurs – principalement recueillis auprès de membres du groupe d’éleveurs laitiers biologiques de la Chambre d’Agriculture du Finistère – ont permis de cerner les pratiques d’élevage des veaux sous nourrices et d’évaluer, le niveau de performance atteint par ces animaux. « Ceux-ci s’accordent sur le caractère délicat de la phase d’adoption avec un refus dans un cas sur quatre à un cas sur sept. Cette phase d’élevage fait donc l‘objet de nombreux essais de leur part afin de créer un manque maternel chez la vache et une faim chez le veau. L’adoption est le plus souvent réalisée dans la première semaine de vie : trois veaux à jeun de 24h sont présentés simultanément à une vache fraîchement vêlée dans une case de 15 à 20 m2. A ce stade certains éleveurs utilisent des techniques particulières de leurre à l’image de celles décrites dans la littérature. Si la vache refuse la tétée, elle est alors bloquée au cornadis pour faciliter l’accès des veaux à la mamelle. Une fois l’adoption effectuée, nourrices et veaux sont mis à l’herbe ce qui implique des vêlages très groupés de printemps. Les éleveurs portent une attention particulière à la qualité de l’herbe afin d’assurer une production laitière élevée, les nourrices étant très sollicitées par leurs trois veaux. », résument Laurent Brunet, Xavier Coquil et Jean-Marie Trommenschlager, les trois auteurs de l’étude.
Un GMQ 40 % supérieur
Ce mode d’élevage est exigeant parce qu’il faut être assez bon observateur et assez flexible pour pouvoir adapter le système en cas de besoin : idéalement, c’est toujours la même personne qui doit s’en charger. Un bon suivi des bêtes est aussi particulièrement important. Côté dispositif expérimental, neuf veaux femelles ont été élevés en 2016 par trois vaches nourrices. Leurs performances de croissance sont comparées à celles d’un lot témoin composé de femelles nées aux mêmes dates sur les années antérieures et élevées au lait entier selon un plan d’alimentation classique distribué au DAL : sevrage à 90 jours avec un maximum de 6 kg de lait par jour et 345 kg au total. Il apparaît que depuis leur naissance, le GMQ des neuf veaux sous nourrices de TEMPo s’élève à 832 g vs 594 g pour ceux élevés au DAL (voir tableau) : soit 40 % de mieux ! Ces résultats confirment les observations des éleveurs qui font état de croissances bien supérieures en faveur des veaux allaités par des nourrices par rapport à ceux allaités artificiellement : de l’ordre de +40 kg de poids vif à l’âge de six mois. Ils concordent également avec les observations réalisées à l’université agronomique de Waegeningen aux Pays-Bas en 2007.
« Cette technique d’élevage des veaux sous nourrices reste à évaluer en dispositif expérimental sur les plans techniques, comportementaux et en caractérisant le travail (quantitatif, organisationnel, qualitatif). », concluent les auteurs.
En 2017, 24 veaux sont élevés par huit nourrices, afin d’assurer le renouvellement du troupeau de 100 vaches laitières en système biologique herbager sans concentré et avec vêlages très groupés de sortie d’hiver (mars-avril). Associés à la monotraite afin d’assurer de meilleures performances de reproduction, les objectifs visés sont une réduction du chargement animal du système (1er vêlage à 24 mois, diminution du taux de renouvellement) tout en maintenant 90 vaches laitières à la traite et en diminuant le travail d’astreinte sur l’élevage bovin lait. Résultats cet hiver !
Alexandre Coronel, d’après le compte-rendu des journées 3R 2016
Bonjour
J’aimerais savoir comment on fais des vêlages groupés en agriculture biologique.
Peux on mettre des veaux de différents âges sous les nourrices.
Faut environ combien de litre de lait par jour pour un veau sous la mère.
Amicalement