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Prix du lait / Les annonces faites par Lactalis et Sodiaal sur le prix du lait pour l’été sont vraisemblablement destinées à la communication, au grand public ou aux distributeurs. Les producteurs, eux, doivent faire la part des choses et accueillir ces déclarations avec précaution.

Les laiteries n’ont décidément pas l’intention de respecter la réglementation sur le prix du lait. Lactalis et Sodiaal, en tout cas, n’ont toujours pas pris connaissance de l’article R631-10 du code rural, qui stipule que le producteur « est informé, avant le début de chaque mois, du prix de base qui sera appliqué pour les livraisons du mois considéré ».

Comparer ce qui est comparable
Ceci dit, les deux collecteurs principaux ont avancé sur leurs déclarations sur le prix de l’été. Pour Sodiaal, ce sera donc 330 € en juillet. La coopérative avait laissé entendre un prix proche de 310, mais les manifestations qui ont eu lieu dans toute la France en Juin lui ont visiblement fait changer d’avis. En tenant compte d’une part de B dans les livraisons, on peut donc s’attendre à un prix de base payé aux alentours de 327 €. Pour Lactalis, la vigilance doit être plus forte encore, tant l’affichage du prix s’éloigne des anciennes conventions de l’interpro. L’entreprise a en effet annoncé le 17 juillet dans un communiqué un prix du lait en hausse : « juillet : 340 €, août : 350 €, septembre : 360 € ». Mais comme le précise le communiqué, ces prix s’entendent « 41/33 – MG/MP – TQC – TPC ». Pour ramener le prix de 41-33 (TQC) à 38-32, il convient déjà de retirer 13,5 €. Reste le « TPC » (toutes primes comprises), qui oblige également à grappiller quelques centimes ou quelques euros selon les régions, pour ramener à un prix comparable aux autres laiteries. Il faut donc (l’ordre de grandeur est juste) enlever une quinzaine d’euros au prix affiché, pour comparer le prix Lactalis à celui de ses concurrents : 325 en juillet, 335 en août, 345 en septembre, prix de base 38-32.

Une communication pour la grande distribution
Cet artefact n’a pas échappé à la FNPL (fédération nationale des producteurs de lait) qui dans un communiqué le 18 juillet a dénoncé « un prix travesti » et « une justification du retard de communication malhonnête ». La vraie raison serait plutôt d’après le syndicat « l’attente de la communication du prix du lait de Sodiaal ». Contrairement à ce qu’affirme Lactalis, les prix de lait payés en 2016 et sur le début de l’année 2017 par les deux plus gros collecteurs français sont similaires : « Sur les 7 premiers mois de l’année, la moyenne des prix de Sodiaal (A+B) et de Lactalis sont dans un mouchoir de poche… »
Reste que les efforts de communication de Lactalis ne sont vraisemblablement pas destinés aux producteurs, mais plutôt à ses clients distributeurs. Les hausses de prix semblent en effet particulièrement difficiles à obtenir, contrairement aux déclarations fracassantes de certaines enseignes de grande distribution qui affichaient récemment leur support à la production. « Cette évolution [de prix], attendue par les producteurs de lait suite aux réelles difficultés de 2016, doit nécessairement s’accompagner d’une hausse des prix de vente de nos produits, a ainsi argumenté Daniel Jaouen, directeur général du groupe Lactalis. Certains de nos clients ont déjà fait ce mouvement, d’autres attendaient ces évolutions de prix. Tous nos produits doivent être concernés que ce soient nos marques nationales ou les marques de distributeurs et sur tous les réseaux de distribution. Nous ne doutons pas de leur volonté d’agir dans ce sens. »

LD

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