Auger

Opinion / Les éleveurs de Haute-Saône ont reçu un courrier de l’EdE de Franche-Comté les incitant à investir dans les boucles électroniques, censées être obligatoires à partir du 1er janvier prochain. Pour Philippe Auger, non seulement cette date sera repoussée, mais d’ici là, tant que le financement de l’opération n’est pas assuré (notamment par l’aval de la filière), les éleveurs doivent conserver le choix du mode de bouclage.

Michel Cêtre, président de l’EdE de Franche-Comté, l’annonçait déjà le 31 mars à l’AG des organismes d’élevage à Vesoul : « Arrangez-vous pour consommer votre stock de boucles conventionnelles, nous vous incitons à aller à l’identification électronique ». Dans un courrier adressé aux éleveurs récemment, la même demande est formulée, avec la date possible du 1er janvier 2018 au-delà de laquelle l’identification électronique sera obligatoire.

Un surcoût de 65 M€
Individuellement, le responsable professionnel argumentait la petitesse du coût (« environ 75 centimes par boucle ») qui représenterait moins de 100 € par an pour une exploitation moyenne. Sébastien Rusconi, directeur de l’EdE FC, rappelait les avantages de la méthode (fiabilité des données, maîtrise de la situation sanitaire, simplification des tâches administratives, accélération de la transmission des données), tout en rappelant l’importance du coût, « estimé à 65 M€ rien que pour démarrer » sur les 4 premières années. Or pour Philippe Auger, ce surcoût va encore une fois peser sur les seules épaules des éleveurs : « Historiquement, rappelle-t-il, il avait été question de la dématérialisation des passeports bovins. Les opérateurs (négociants, coopératives, abattoirs) ont demandé en plus le bouclage électronique, ce qui a été accepté par les producteurs. » L’estimation des surcoûts engendrés au niveau national, « malgré les économies engendrées sur l’édition des envois et des passeports » a refroidi un certain nombre des opérateurs. Un investissement pour faire avancer toute la filière ? « Bien sûr, répond Philippe Auger, mais à condition que toute la filière participe au surcoût ». Et c’est là que le bas blesse.

Certains éleveurs peuvent y trouver leur compte
Car dans un premier temps, si le ministère a promis des financements (40 M€), les uns comme les autres ont fini par faire machine arrière : « La DGAL s’est retirée du projet, les opérateurs aussi. À la FNB, comme à Interbev, on a donc souhaité suspendre le projet, en attendant que les financements soient trouvés, et partagés équitablement. » Dans la filière, les plus gros bénéficiaires de la dématérialisation sont en effet en premier lieu les abatteurs, qui pourront faire des économies importantes à l’entrée des animaux, le gros du travail de saisie étant réalisé en amont. Conclusion pour Philippe Auger : « Il n’y a pas de raison que les éleveurs commencent à abonder dans la caisse de la dématérialisation, si les autres opérateurs de la filière ne mettent pas la main à la poche. Si ça sert à quelque chose, il faut que tous ceux qui en tirent un bénéfice payent » Chez les éleveurs, Philippe Auger reconnaît qu’un certain nombre d’entre eux ont tout intérêt à passer directement au bouclage électronique, notamment dans les élevages laitiers, qui « peuvent y trouver leur compte » avec le renouvellement du matériel lié aux distributeurs automatiques. Mais pour les autres… « Tant qu’on n’est pas d’accord sur ce que chacun met dans la corbeille de la mariée, il faut rester sur un système basé sur le volontariat. »

Le décret pas encore paru
Quant au décret ministériel qui doit effectivement rendre le bouclage obligatoire, il n’est pas encore paru. « Ce ne sera en tout cas pas le 1er janvier 2018, affirme Philippe Auger. Et s’il paraît le 2 janvier, il sera toujours temps de se retourner le moment venu. » Pourtant, puisqu’à terme il faudra y aller, pourquoi ne pas s’y engager le plus tôt possible ? « Parce que tout le monde est pour, mais seuls les éleveurs seront obligés de payer, réagit le responsable professionnel. Si on commence à mettre le premier million, on mettra tous les autres. Je ne m’insurge pas contre le principe du bouclage électronique, j’ai même poussé quand je sentais qu’il y avait un consensus dans la filière. Mais si nous sommes les seuls à mettre la main à la poche… » La décision doit donc, selon Philippe Auger, revenir pour le moment à l’éleveur, qui, selon sa configuration, estimera sa propre balance coûts/bénéfices. « Dans mon cas, je n’ai aucun intérêt à passer à la boucle électronique. »

LD

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