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Eurochanvre / Relancée au début des années 90, la culture du chanvre industriel s’est bien installée dans le paysage agricole régional. Sa sole progresse régulièrement, tirée par de nouveaux besoins.

En Franche-Comté, la culture de chanvre représente aujourd’hui 2 000 ha, principalement destinés à alimenter Eurochanvre, filiale de la coopérative Interval, qui valorise la paille de chanvre en fibre et en chènevotte. « Les premiers hectares, environ 200, ont été semés en 1993, et Eurochanvre a été créé en 1994. La construction de l’usine a été terminée en 1996. », expose Gilles Chanet, responsable du site d’Arc-les-Gray, en Haute-Saône. « Ici, la paille de chanvre est défibrée mécaniquement pour produire de la fibre (périphérie de la tige) et de la chènevotte (cœur de la tige). Au fil des années, l’outil a été modernisé afin d’adapter la production aux nouveaux débouchés de la filière. D’importants progrès ont été réalisé sur la qualité de séparation des différents composants de la tige, ce qui permet de produire des fibres plus techniques. »

Construction et plasturgie
Si historiquement la papeterie constituait le premier débouché pour la fibre de chanvre, qui entre dans la composition de papiers spéciaux (papier bible, papier à cigarette, billets de banque…), elle a été progressivement concurrencée par d’autres fibres végétales sur ce marché, tandis que de nouvelles utilisations voyaient le jour. Ainsi, dans le domaine de l’habitat, les fibres entrent désormais dans l’isolation thermique des habitations sous la forme de laines de chanvre en substitution des laines minérales (laines de verre ou laines de roche). « Elles possèdent le même coefficient d’isolation et offrent l’avantage de ne pas être irritantes », détaille Gilles Chanet. La chènevotte, initialement valorisée en litière pour animaux, se retrouve maintenant dans les bétons de chanvre en mélange avec un liant formulé à base de chaux, par exemple, dans la construction de bâtiments à ossature de bois ou en parpaings préfabriqués Pour promouvoir et accompagner le développement de l’usage du chanvre dans la construction, une association régionale baptisée BF2C (Bourgogne Franche-Comté Chanvre) vient d’ailleurs d’être créée, le 1er mars dernier, pour fédérer au niveau régional les différents acteurs de cette filière (architectes, bétonniers, artisans…) dans la continuité de l’association nationale « construire en chanvre ». « Il s’agit de centraliser les informations nécessaires à l’aboutissement de projets de construction : atouts thermiques, hygrothermiques et acoustiques, mais aussi règles professionnelles, formations, etc… »

Une image positive
Les matériaux issus du chanvre industriel jouissent d’une image très positive dans l’opinion publique, à cause du caractère végétal, naturel et renouvelable de la culture (par opposition aux produits issus du pétrole). Avec la montée en puissance des contraintes en lien avec le bilan carbone et les obligations de recyclage, les industriels se tournent aussi plus volontiers vers le chanvre. C’est le cas par exemple dans le domaine de l’automobile, où dans les compounds destinés à la fabrication des parties plastiques (tableau de bord, panneaux…) le chanvre se substitue en partie à la fibre de verre. « Depuis 2015, Interval a créé une joint-venture (coentreprise) avec Faurecia, la société APM (Automotive Performance Materials), qui fabrique à Fontaine-les-Dijon ces matériaux composites à partir du chanvre produit par les adhérents de la coopérative. Ils sont utilisés par plusieurs grands constructeurs automobiles français. » Les graines de cette plante oléagineuse sont principalement destinées à l’oisellerie. « Une valorisation dans l’alimentation humaine serait aussi souhaitable, compte-tenu des qualités diététiques extrêmement favorables de ce produit : c’est le meilleur rapport oméga 3 sur oméga 6 ! Pour faire connaître ces qualités au grand public et encourager sa consommation, il faut inventer de nouveaux produits, à base de graines de chanvre : nous y travaillons actuellement. »
Avec en arrière-plan, la recherche de débouchés économiquement valorisants, pour préserver l’attractivité de cette culture auprès des adhérents de la coopérative. « Il est important d’être acteurs de nos marchés, plutôt que de les subir. Ainsi, il est primordial de veiller au bon équilibre des volumes des différents composants de la plante, et de mettre les marchés en adéquation, pour être en mesure d’approvisionner régulièrement nos clients. »

Alexandre Coronel

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