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Session de la Chambre régionale d’agriculture BFC / La dernière session de la Chambre d’agriculture a fait une large place aux mesures déployées pour accompagner les agriculteurs en difficulté. Parmi les mesures d’accompagnement, l’audit d’exploitation ou de filière, reste largement sous-utilisé alors que c’est un levier essentiel de compétitivité individuelle et collective.

Quand une crise dure autant, ce n’est plus une mauvaise passe mais un changement de paradygme. La présentation par François Roze, directeur adjoint de la Chambre régionale d’agriculture Bourgogne Franche-Comté, en ouverture de la session de Chambre régionale qui s’est tenue à Quetigny en Côte d’Or, le 29 novembre dernier, laisse peu de place au doute. Les aléas qui se sont conjugués pour mettre à mal l’agriculture régionale en 2016, ont mis en lumière la grande fragilité de certains systèmes. La Bourgogne Franche-Comté a enregistré l’une des pires moissons et toutes les cultures sont concernées.

De grandes disparités entre les exploitations
Les grandes cultures qui conjuguent mauvaise récolte et qualité médiocre face à une moisson mondiale de très bonne tenue, paient le prix fort. « Entre les exploitations, les écarts se creusent » observe François Roze, « et ces disparités inquiètent car elles révèlent des fragilités. ». La viticulture connaît « une situation saine mais fragile » et si l’on analyse le risque financier « 20% des viticulteurs sont dans une situation à risques moyen ou élevé ». Pour le lait, les signaux positifs viendraient du marché mondial, alors que la production en Europe marque le pas, en France notamment, l’heure est au repli et ce pourrait être « une tendance lourde ». Les fortes tensions sur les prix accentuent les écarts entre les productions sous AOP et le lait standard. Le résultat net est quasi inexistant. En viande bovine, les réformes laitières pèsent sur le marché et la tendance est baissière pour les vaches. Le marché des broutards reste sous pression, en dépit d’un contexte plus favorable en Italie qui soutient le marché export. Ce constat établi et il vaut pour beaucoup d’autres productions moins représentatives mais tout aussi essentielles au secteur, il s’agit d’en analyser les conséquences et de mettre en place les moyens nécessaires pour en pallier les effets les plus négatifs. L’analyse révèle certaines distorsions, certains « discriminants » entre les exploitations : la performance technique, la performance économique et la solidité financière. Les trois socles sur lesquels reposent la bonne santé d’une exploitation et surtout sa capacité à résister aux multiples aléas tels que ceux que l’agriculture régionale vient de subir.

Ne plus naviguer à vue
La réponse, pour la Chambre régionale d’agriculture Bourgogne Franche-Comté, se trouve en partie dans une meilleure connaissance de son exploitation et des leviers à actionner pour inverser une situation identifiée comme à risque. L’audit, subventionné par le Conseil régional, c’est d’abord un outil de pilotage qui évite de naviguer à vue comme un marin qui aurait perdu sa boussole et se retrouverait sans carte. Utile et fortement conseillé quand les voyants passent au rouge, il est tout aussi utile quand il s’agit par temps calme de faire le point et d’identifier précisément ses forces et ses faiblesses. « Il faut que les Chambres d’agriculture relèvent le défi des audits d’exploitation, il n’est plus possible de piloter à vue et c’est une façon pour l’exploitant de réinvestir les périmètres techniques et économiques » insiste Christian Decerle, tout en ajoutant : « l’avenir se jouera plus certainement sur la ressource individuelle et collective de l’agriculture et de son environnement que sur des aides externes ». De son côté la Région, représentée par Sophie Fonquernie, vice-présidente en charge de l’agriculture, a regretté le faible nombre de dossiers d’audit déposés à ce jour et la nécessité pour tous de se mobiliser sur le sujet. Même écho du côté de la Draaf, représentée par sa directrice adjointe, Huguette Thien-Aubert, enjoignant les agriculteurs en difficulté à se rapprocher des organisations départementales et des structures destinées à les accompagner au mieux. Sujet d’inquiétude aussi exprimé par certains membres de Chambre, les effets d’une réforme territoriale qui redistribue les compétences entre la Région et le Département. Quand Thierry Chalmin traduit le sentiment général en indiquant se sentir « un peu orphelin », Christian Decerle alerte à « ne pas perdre un bon sens de terrain proche de la réalité agricole, qu’elle soit agronomique ou économique ».

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