Festival de l’agriculture / Une ambiance nationale catastrophique n’a pas empêché les JA d’organiser une belle finale départementale des labours à Villersexel le 28 août.
Les JA ont du mérite. Car il en faut de l’allant pour organiser, malgré le contexte ambiant difficile, la grande manifestation annuelle de la fête des labours. C’est en tout cas un pari réussi pour les JA de Villersexel appuyés par l’ensemble du syndicat des Jeunes Agriculteurs de Haute-Saône. « Les administrateurs départementaux sont tous invités à mettre la main à la pâte, soit à l’installation, soit au rangement », rappelle Julien Decard. Tout était bien en place en tout cas, sur le site d’Interval à Villersexel, au matin du dimanche 28 août.
Adresse, force, vitesse
La journée a commencé à l’église paroissiale par la messe des laboureurs, et la bénédiction des tracteurs. Le curé Martin Glusek a rappelé l’importance « d’aimer son métier et d’y être heureux », notamment quand on est jeune agriculteur : « Mettre de l’amour dans ses gestes quotidiens » a-t-il résumé avant que la file des tracteurs décorés, précédés des chevaux piaffants, ne se dirige vers le lieu du concours pour l’épreuve décisive de la raie d’ouverture. Comme annoncé, l’attraction phare aura été le saut en « chute libre » sur un gros air bag de 600 m3. Selon la témérité des candidats, la plate-forme pouvait s’élever jusqu’à 10 m au-dessus du tapis amortisseur, soit 13 m au-dessus du sol. Le public a également été attiré par les démonstrations des bûcherons franc-comtois : adresse, force, vitesse… Toutes sortes d’épreuves permettent de mettre en valeur les qualités nombreuses du métier (et communes à celui de laboureur, soit dit en passant). Un des bûcherons (d’ailleurs membre de l’équipe de France de Timbersport) a impressionné l’assemblée par l’utilisation d’une tronçonneuse améliorée de 250 cm3 et 60 chevaux…
Niveau national
Le moiss-batt cross a bien marché également. En premier lieu grâce aux nombreuses machines apportées par les JA de Champlitte-Dampierre, qui n’avaient encore une fois pas besoin des t-shirts orange pour rappeler leur présence enthousiaste… Même lorsque les machines se retournent, cela n’arrête pas l’ardeur des pilotes qui sortent triomphants et remontent dès que le Manitou a remis la monture sur roues.
Chevaux, chiens de troupeau, manèges, matériel… Tout y était. Vers le ring bovin, réfugié sous abri à cause de la chaleur étouffante, les jeunes présentateurs ont brillé. Tous ont démontré des talents « de niveau national voire plus » a indiqué le juge, qui n’a pas hésité à leur faire échanger leurs animaux pour augmenter la difficulté de la présentation.
« Perspicaces dans vos achats »
Pendant que les laboureurs veillaient à la rectitude de leurs sillons, les miss des champs défilaient devant un jury attentif, avec leurs tenues de ville… et de champ. C’est Charlotte Brepson qui raflera la couronne 2016, et le jury ne manquera pas de féliciter toute la famille, puisqu’on comptait un autre Brepson (Régis) chez les vétérans, et un autre encore aux concours des jeunes présentateurs. « Nous aimons certes le travail de la terre, mais nous aimons surtout le travail bien fait », rappellera Romain Bresson, président des JA de Villersexel en clôture du festival ; une manière de souligner que le travail des agriculteurs ne se limite pas à leur capacité d’animation du territoire, mais consiste d’abord à produire une nourriture de qualité pour leurs concitoyens. Thierry Chalmin, président de la chambre d’agriculture, choisira d’ailleurs d’apostropher ces citoyens également consommateurs : « Soyez perspicaces dans vos achats, martèlera-t-il. Il faut que ce que vous achetez pour vous nourrir nourrisse aussi le paysan ! » Un slogan qui prend tout son sens dans le contexte de guerre des prix du lait…
Pas de pays sans paysans
« Les géants de l’agro-alimentaire ne raisonnent qu’en termes de profit, regrette d’ailleurs le président des JA Gérald Pichot ; et nos politiques sont tous à côté de la plaque. » C’est le ressenti général. Sylvain Crucecey, président de la FDSEA, traduira également le sentiment des agriculteurs, alors que les manifestations monstre à Laval contre Lactalis avaient fini par la levée des blocus sur décision de justice : « Les agriculteurs n’ont plus rien à perdre », lance-t-il en annonçant des actions syndicales en Haute-Saône dès le lendemain. Certains veulent moins de paysans, ce n’est pas notre volonté. Prenez garde à ce que lors de la FDL 2017, nous ne trouvions pas que des terrains en friche en Haute-Saône ! » Il ne manquera pas non plus de faire remarquer l’absence de représentants de la DDT, une première dans le département.
De la part la préfecture, le secrétaire général Luc Chouchkaïef apportera un peu de compréhension. « On devient agriculteur comme on devient médecin, dira l’ancien urgentiste. Et personne ne peut vous reprocher de vouloir vivre du métier que vous exercez. » C’est d’ailleurs avec l’hymne des JA « Pas de pays sans paysan » que se termine la remise des prix de cette édition 2016.
LD