cerisier

Fougerolles / La météo n’a pas épargné les arboriculteurs à Fougerolles. Les pluies du printemps ont provoqué des manques à la fécondation et une vague exceptionnelle d’anthracnose sur cerisiers. La récolte est très modeste, à moins d’un quart du potentiel ; mais la qualité est au rendez-vous.

Philippe Jacques en a vu d’autres, mais cette année, on accumule. Le référent en arboriculture de la chambre d’agriculture d’Alsace était mercredi 27 juillet en tournée dans le fougerollais. Sur une parcelle de cerisiers près du Gaec du Grand Chemin dans les hauts de Fougerolles, il a fait le bilan d’une année atypique, devant un parterre d’une quinzaine d’arboriculteurs.

Trois vagues de maladies fongiques
« Les conditions climatiques de ce printemps ont été vraiment particulières, avec pluie et humidité exceptionnelles, constate le technicien. Il faut remonter à 1807 pour retrouver autant d’eau ! » Car si d’autres années ont connu des printemps pluvieux avec des pluies fréquentes (comme en 1980 par exemple avec de la pluie jusqu’au 25 juillet), on ne mesurait pas des quantités d’eau journalières aussi importantes. Résultat : des racines asphyxiées dans un sol détrempé, et un feuillage constamment soumis aux attaques des maladies cryptogamiques.  En premier lieu, et de façon relativement « classique », la préfloraison s’est faite fin mars et début avril dans des conditions qui ont favorisé le développement de la criblure (Coryneum beijerinckii). « Au 15 mai, les contaminations se sont taries et les feuilles atteintes étaient tombées. » Dans la foulée, c’est la cylindrosporiose qui a pris le relais (Blumeriella sp.), avec une diffusion favorisée par le splashing (effet d’éclaboussure des gouttes d’eau). Ces deux premières maladies sont fréquentes, dans les conditions normales du climat fougerollais. La troisième maladie qui a frappé les arbres est beaucoup plus rare : il s’agit de l’anthracnose. « Elle atteint d’habitude les petits fruits (framboises, myrtilles), rappelle Philippe Jacques. Mais elle peut exceptionnellement attaquer les cerisiers et les abricotiers. » Environ tous les 25 ans…

La drosophile bien implantée
Cette troisième vague a touché durement les arbres, dont certains sont à présent quasiment dépourvus de feuillage. D’après les arboriculteurs présents, la sensibilité est d’abord variétale : certains cultivars ont mieux résisté (Grande Queue, Chapendu) tandis que d’autres ont été très vite impactés (Jean Blanc notamment).
« Ceux qui avaient assuré au niveau des traitements ont relativement bien tenu, constate Nicolas Lemercier, président de la coopérative. Les autres n’ont pu quasiment rien récolter. » Et encore, comme l’explique Philippe Jacques, les quantités d’eau tombées étaient telles que les traitements ne tenaient que très peu de temps : les pluies à pluies de 20 mm n’ont pas été rares ce printemps. En Alsace, les dégâts ont pu être limités mais le coût a été très élevé.
Comme on le craignait, la drosophile asiatique (Drosophila suzukii) est bien implantée dans le verger fougerollais. Pascale Garret, de la chambre d’agriculture, en a piégé quelques individus (2 en semaine 28, 7 en semaine 29) ; mais le temps chaud et sec de ces derniers jours a contribué à limiter son développement. « On trouve des insectes dans les pièges, mais surtout dans ceux placés en forêt, note Pascale Garret, où ils viennent se réfugier en cas de temps trop sec. »

Des inquiétudes pour la mise en réserve
En bout de course, la récolte aura été très faible cette année, même si certains qui s’attendaient à une année sans fruits sont heureusement surpris. « A la coopérative, on a récolté environ une soixantaine de tonnes cette année », constate Niclas Lemercier. Contre un potentiel annuel estimé à environ 300 t. Aux distilleries Peureux, on estime la récolte à environ 80 t, contre 400 t de potentiel. En revanche, les taux de sucre sont satisfaisants.  Quel impact aura cette année noire sur la suite du développement des arbres ? Il faudra d’abord surveiller les dépérissements, et « adapter la surface foliaire au potentiel racinaire ». C’est-à-dire recéper sévèrement les arbres dont les nécroses racinaires se traduisent par un dépérissement anticipé. Attention de ne pas confondre le dépérissement par excès d’hydromorphie (les feuilles desséchées restent accrochées aux branches), avec les attaques fongiques (les feuilles desséchées sont tombées au sol). Pour ces derniers, il n’y a rien à faire pour le moment. Les bourgeons sont bien présents, l’induction florale s’est généralement correctement faite. En revanche, les arbres n’auront pas pu faire de réserves sur l’été : il faudra être extrêmement vigilant l’année prochaine, et notamment fertiliser les vergers bien à temps.

LD

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