Lait / La Commission européenne a présenté un nouveau paquet de mesures pour soutenir le secteur laitier d’environ 500 millions d’euros. Ces aides seront liées à une réduction de la production, avec une aide de 140€/t de lait non produit ! Mais la production est déjà en train de reculer après des mois de flambée. La mise en œuvre (compliquée) du dispositif devrait être laissée aux États membres.
Le commissaire européen Phil Hogan a présenté le 18 juillet aux ministres de l’agriculture de l’UE un nouveau paquet d’aides principalement ciblées sur le secteur du lait. Pour l’UE, le montant d’aide voté est de 500 M€. Ce nouvel apport se répartit comme suit : 150 M€ prévus pour inciter à réduire la production laitière (soit une rétribution aux producteurs de l’ordre de 14 centimes d’euros par kilo de lait non produit) et 350 M€ d’« aides d’ajustement conditionnelles », pouvant être utilisés dans différents secteurs (lait, porcin, bovin, fruits et légumes). La Commission précise que cette seconde tranche (350 M€) doit-être définie et mise en œuvre par chacun des 28 pays, et qu’elle pourra être complétée par des fonds nationaux à somme équivalente.
140 € par tonne non produite
Ces soutiens, ne devraient être accordés qu’aux producteurs qui réduiront ou gèleront leur production ou pour une restructuration du secteur, comme l’a assuré Phil Hogan. Une exigence qui ne sera néanmoins pas trop compliquée à remplir : la collecte laitière étant sortie de son pic annuel, elle reculera jusqu’à la fin de l’année. L’objectif affiché est de réduire de 2 % la production européenne : au niveau de subvention indiquée (140€/t) le coût de la mesure serait de 425 M€ par an. Un coût important qui, sans système pour l’imposer à tous les pays de l’Union, n’aura pas d’effet sur la production européenne. Lors de la dernière réunion du comité spécial agriculture (CSA), le 6 juillet, certaines délégations (Irlande, Danemark, Suède) ont notamment exprimé des réticences à l’idée de contrôler l’offre de lait. Et de nombreuses délégations ont réclamé une certaine souplesse au niveau des États membres pour tenir compte des spécificités nationales.
Inefficace sans plafonnement forcé
D’ailleurs, le think tank EMB (European Milk Board) prévient : « Une renonciation volontaire aux livraisons limitée dans le temps doit obligatoirement être offerte aux mêmes conditions à tous les producteurs de tous les pays de l’UE », sans quoi certains en profiteront pour prendre des parts de marché. Et, ajoute l’EMB, parallèlement à cette réduction volontaire, Bruxelles doit imposer un plafonnement temporaire des volumes des producteurs réfractaires. Un retour temporaire aux quotas que la Commission ne mettra certainement pas en place.
Pourtant, une étude commandée par le Comité européen des régions sur le dispositif de « responsabilisation du marché » de l’EMB (voir notre numéro en date du 8 juillet) montre qu’une « limitation temporaire des volumes de production aurait un impact très positif sur les revenus de tous les producteurs européens ». En effet, selon le scénario de base de ce travail, une réduction de 6 % des volumes sur un an conduirait à faire remonter le prix du lait de 14,6 % et surtout à augmenter la marge brute des éleveurs de 38 %, pour une mesure dont le coût serait équivalent à l’enveloppe européenne débloquée en septembre « dont l’impact sur les revenus des producteurs fut limité ».