Moisson1

Céréales / Après une récolte des orges décevantes, les rendements en blé dans le département s’annoncent bien en dessous des moyennes de ces dernières années. La qualité ne sera pas non plus au rendez-vous pour la plupart des parcelles où les PS se révèlent très bas. Seuls les colzas seront à la hauteur des attentes dans cette moisson 2016.

Décidément, les déceptions se suivent en cette année atypique. Après les orges qui ont donné des rendements relativement bas (avec une moyenne tournant vraisemblablement autour de 50 qx/ha), les blés s’annoncent carrément catastrophiques. Certes les premières parcelles moissonnées sont rarement les meilleures. Mais d’après nos premiers sondages, l’année 2016 sera largement en dessous des moyennes quinquennales.

Le remplissage n’a pas fonctionné
Sur les composantes du rendement, il semble que seul le nombre de grains par épis ait été correct. Côté épi/m2, les comptages avaient déjà fait état au printemps de faibles densités. Des publications récentes ont permis de mesurer que les excès d’eau en cours de tallage sont négativement corrélés avec le nombre de talles. A la floraison, malgré des pluies encore fréquentes et localement très impressionnantes, la fécondation a en revanche été efficace. Les épis ont donc été rares, mais bien chargés, ils comptent peu de manques. Céré’Obs, le service de prévisions de France AgriMer n’avait d’ailleurs pas vu venir jusqu’à mi-juin cette récolte catastrophique. Ce n’est que tout début juillet que les courbes se sont franchement inversées, avec 50 % de la récolte classée en conditions « bonnes à très bonnes » au 11 juillet, contre environ 70 % les autres années (voir graphe ci-dessous).
De leur côté, les poids de mille grain (PMG) semblent lourdement pénalisés. C’est donc au remplissage que le plus gros des pertes a été à déplorer. Les réserves de photosynthétats ont mal migré des feuilles vers le grain. En premier lieu car avec la météo humide du printemps, les maladies fongiques et la faible luminosité, les surfaces foliaires disponibles ont été réduites. En second lieu, la période de remplissage du grain (Zadoks 70 à 87) a été relativement courte, avec des températures encore basses en début de développement laiteux, et au contraire des températures au-dessus de 25°C au cours du stade pâteux. Tous ces éléments ont provoqué un remplissage hétérogène, et les échantillons font état de grains très petits, quasiment avortés, et d’autres ridés et peu gonflés.

Blé : il manque 20 quintaux
D’après nos premières informations, la moyenne des rendements en blé des parcelles déjà moissonnées à clôture (20 juillet) est légèrement inférieure à 40 qx/ha en blé, avec un intervalle de confiance portant la moyenne départementale vraisemblablement en dessous de 45 quintaux. Les meilleurs résultats obtenus à date sont autour de 70 qx/ha, mais un nombre important d’agriculteurs déplorent des rendements inférieurs à 30 qx/ha.
Les dernières données du ministère de l’agriculture (Agreste) indiquaient pour 2013 une moyenne haut-saônoise de 63 qx/ha pour le blé, 56 qx/ha pour les orges, proche des moyennes décennales (66 et 57 qx). Si la suite de la moisson confirme ce début catastrophique, et même en considérant (ce qui est réaliste) que les parcelles encore sur pied devraient remonter les moyennes (temps de remplissage plus long), les résultats du département ne devraient pas dépasser ceux de l’année 2003, de sinistre mémoire (les blés franc-comtois avaient donné en moyenne 54 qx/ha).

Colza mieux loti
En colza (le département en cultive 20 000 ha, contre 15 000 en orge et 40 000 en blé), les rendements semblent meilleurs. Les premières bennes rentrées, on estime les rendements autour de 30 qx, dans la moyenne décennale. Les conditions de récolte sont bonnes, le grain étant sec et les siliques bien déhiscentes sans être trop cassantes. Même les quelques cultivateurs bio qui s’étaient aventurés dans cette culture, dont l’enherbement est difficile à maîtriser, ont eu des rendements satisfaisants, avec des parcelles mesurées à 15 qx/ha.

15 M€ de manque à gagner sur le blé
Le manque à gagner pour les agriculteurs est important. Si la chute de rendements en blé se confirme autour de 20 qx/ha (45 au lieu de 65 attendus), ce sont environ 75.000 t qui manqueront dans les silos haut-saônois. C’est plus que la capacité de stockage d’un silo comme celui de Vaivre… A la louche, et au cours du blé en cette mi-juillet, ce seront presque 12 millions d’euros (M€) que n’engrangera pas l’agriculture départementale sur cette récolte de blé. Sans compter les difficultés liées à la qualité : chez Interval, on déplore une bonne partie des blés mycotoxinés, qu’il faut contrôler et alloter à l’entrée. Une bonne partie de la récolte haut-saônoise va donc être déclassée en blé fourrager : encore une quarantaine d’euros de pertes à imputer à un tiers de la récolte : compter 3 M€.
Pour les 800 éleveurs laitiers du département, il faudra ajouter à ce manque à gagner celui sur le lait : près de 40€/1.000L de manque (300€ payé toutes primes confondues, contre des coûts de revient autour de 340) sur les 300 000 ML de lait collectés, soit 12 millions d’euros supplémentaires qui viendront gréver les trésoreries. Rien que les pertes sur le blé et le lait en Haute Saône : presque 30 M€, à charge à ce jour uniquement des producteurs. C’est plus de la moitié de ce que le plan d’aide de l’UE va rapporter à la France.

LD

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