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Protéagineux / Une rencontre nationale était organisée le 1er juin à Dijon autour des légumineuses. De nombreuses initiatives ont lieu dans le monde de la recherche et chez les agriculteurs. Un renouveau indispensable compte tenu de la pression sur les prix de la protéine.

Le nerf de la guerre, en cultures comme en élevage, c’est bien la protéine. Limitant pour les cultures, elle l’est aussi pour la production de lait et de viande. En élevage, les seules sources significatives de protéines sont les légumineuses. À grosses graines (pois, féverole, lupin, soja), secs (lentille, pois chiche) ou fourragères, les légumineuses étaient au centre de toutes les attentions, les 31 mai et 1er juin à Dijon.

Dépendance structurelle
Le tournant des années 2000 a été décisif pour la situation actuelle de dépendance protéique de la France. D’une part, la consommation de concentrés dans la production laitière notamment, a constamment augmenté dans les 50 dernières années, passant de 100 kg par tête en 1970 à près de 800 kg par tête aujourd’hui. Le même phénomène s’est produit dans tous les grands pays agricoles du monde. En parallèle, la France n’a jamais réussi à accompagner en même temps la production. Alors que les Etats-Unis ont eu leur Fair-Act (1996) qui a définitivement entériné leur suprématie sur le soja mondial, l’Europe n’a pas réussi à faire de même. À la fin des années 80, les timides essais de subvention du soja local ont été torpillés par les accords du Gatt de 1992, imposés par les Américains. Résultat : La production de légumineuses à grosses graines avoisinait 4 MT en 1990, contre 1,2 MT aujourd’hui. Le déficit en soja en 2015 s’élève à 66 % environ du total des besoins. Problème : au strict niveau commercial, les économies que la France réaliserait avec l’arrêt des importations de soja ne couvriraient pas le manque à gagner dû à la réduction des exportations de colza et de céréales.

De la féverole dans le colza ?
La filière pourtant se mobilise. Depuis plusieurs années, une filière « soja de pays » est en cours de construction autour de Terre Comtoise ; mais les obstacles techniques sont nombreux. À Dijon, chercheurs, semenciers, interprofession et collecteurs s’étaient donné rendez-vous. « Depuis plusieurs mois nous mettons en place un groupe de travail avec l’interprofession, explique le nouveau directeur de Terres Univia, Laurent Rosso. Nous avons des problèmes à résoudre autour de la production de semence, de la mise en marché, de l’export… »
La recherche génétique appliquée aux légumineuses est très dynamique. Pour autant, les plus gros progrès à attendre sont bien du côté des techniques innovantes de culture. A l’Inra par exemple, des essais sont conduits pour tester l’introduction de légumineuses dans du colza. Mathieu Lorin, sur le site de Grignon, teste l’effet de réduction des adventices en entrée d’hiver. Résultat : significatif pour le trèfle d’Alexandrie, la vesce, le pois et la féverole. Problème : on observe que plus une plante compagne est capable de limiter la prolifération des adventices, moins elle restitue d’azote au printemps suivant. A suivre !

Le retour des légumineuses fourragères
Les légumineuses fourragères n’ont pas été oubliées dans les débats. Jérôme Pavie, de l’Institut de l’élevage, a ainsi présenté la situation en Europe. Alors que la France en 1960 cultivait 3,5 M ha de légumineuses fourragères (luzerne et trèfle violet principalement), les surfaces sont tombées à moins de 500 000 ha dans les années 1990.
Pourtant, depuis 2005, et surtout 2009 « où la crise laitière a laissé des traces et provoqué le déclic de l’autonomie », les légumineuses progressent au détriment des graminées, notamment grâce à l’engouement pour les mélanges (70 % des semis de prairies à ce jour).
Le pays est prêt à la reconquête de l’autonomie protéique. Mais cette reconquête présente des faiblesses : « Si la Chine baisse sa pression sur le soja, le soja redevient compétitif, et on repart comme avant » rappelle le spécialiste.

LD

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