pâturage-1

Traite robotisée / Une comparaison technico-économique d’élevages laitiers équipés de robots de traite, réalisée par l’Institut de l’élevage, met en évidence l’intérêt de maximiser le pâturage des vaches afin de diminuer le coût alimentaire.

La technologie de la traite robotisée s’est développée très rapidement dans les élevages bovins laitiers français au cours de la dernière décennie : plus de 2 500 éleveurs adhérents au contrôle laitier disposaient d’un robot de traite en 2013. Au dire des constructeurs, la part de marché des robots représenterait aujourd’hui 30 % des nouvelles installations de traite. Bien que cette technologie semble aujourd’hui bien maîtrisée et qu’elle apporte un confort de vie aux éleveurs dans l’organisation quotidienne de leur travail, l’acquisition d’un robot de traite représente un gros investissement qui nécessite d’être bien raisonné dans le système d’exploitation de l’éleveur de façon à ne pas compromettre la cohérence du système en place en préservant les performances techniques, économiques et financières de l’élevage. L’organisation du pâturage, son maintien ou non, constituent à ce titre un enjeu important, auquel l’étude détaillée ci-dessous apporte des éléments de réponse. Le dispositif Inosys – Réseaux d’élevage Bovins lait compte une quarantaine d’exploitations équipées d’un robot de traite parmi les 630 suivies annuellement. Les résultats techniques et économiques de ces fermes, stockés chaque année sous forme logicielle, permettent d’étudier et de comparer l’impact de différentes stratégies d’élevage. Ainsi, une étude présentée en juin dernier a permis d’analyser, au sein de l’échantillon de fermes robotisées, les résultats techniques et économiques en fonction de la contribution du pâturage dans l’alimentation des vaches laitières. La comparaison au cours de trois campagnes laitières successives a porté sur trois groupes d’élevages dénommés “Sans pâturage”, “Pâturage intermédiaire” et “Pâturage” pour lesquels la composante pâture représente respectivement en moyenne 8 %, 22 % et 37 % de l’ingestion totale des fourrages.

Confort de vie et organisation du travail
L’analyse des données technico- économiques des élevages suivis a donc permis de former trois groupes statistiques (voir tableau). Dans le premier, la composante pâture représente moins de 16 % de l’ingestion totale des fourrages (8 % en moyenne). Elle permet de distinguer des élevages qui pâturent pas ou peu que ce soit au niveau des génisses ou des vaches laitières. Les besoins en fourrages conservés s’élèvent à 5,3 tMS / UGB lait. Ce groupe sera appelé « Sans pâturage ».
Dans le second, la composante pâture représente entre 16 et 30 % de l’ingestion totale des fourrages (22 % en moyenne). Elle correspond à des élevages qui pratiquent le pâturage pour les génisses et pas ou peu au niveau des vaches laitières. Les besoins en fourrages conservés s’élèvent à 4,8 tMS / UGB lait. Ce groupe sera appelé « Pâturage intermédiaire ». Enfin dans le dernier, la composante pâture représente plus de 30 % de l’ingestion totale des fourrages (37 % en moyenne). Elle permet de distinguer des élevages qui pratiquent le pâturage pour les génisses et aussi de façon partielle pour les vaches laitières. Les besoins en fourrages conservés s’élèvent à 3,8 tMS / UGB lait. Ce troisième groupe sera appelé « Pâturage ». La pratique du pâturage entraîne un temps de présence des vaches en bâtiment plus faible et donc une période d’utilisation quotidienne plus réduite pour la traite au robot ; de ce fait il n’est pas aisé de saturer autant les stalles en effectif que quand les vaches ne sortent pas. Dans l’étude, même s’il reste à l’avantage du groupe « sans pâturage », le nombre de vaches et le lait produit par stalle apparaît peu différent entre les trois groupes (de 545 à 506 000 kg). Les rendements laitiers ne semblent pas significativement différents entre les trois groupes, même si le groupe intermédiaire obtient de meilleurs résultats. La pratique du pâturage s’accompagne d’une légère diminution des apports de concentrés aux vaches laitières.

Une rémunération supérieure en système pâturant
Le pâturage génère une réduction du coût alimentaire à la fois au niveau de l’approvisionnement des animaux et des surfaces. La moindre saturation des stalles se traduit par un coût supplémentaire au niveau du poste bâtiments et installations. Le coût du travail est directement dépendant de la productivité de la main d’œuvre affectée à l’atelier laitier.
Le prix de revient avant rémunération de la main d’œuvre est inférieur dans les systèmes pâturants. Le produit de l’atelier lait est également meilleur pour les systèmes pâturant notamment du fait d’aides supérieures (les aides à la surface se répartissent sur des volumes de lait produit par hectare inférieurs dans les systèmes pâturants). Il en résulte une rémunération d’autant plus élevée que le pâturage est important, qu’elle soit exprimée par travailleur ou pour 1000 l de lait produit.
« Il semble difficile d’aller plus loin dans la comparaison et il serait hasardeux de tirer des conclusions définitives tant ces groupes diffèrent au niveau des systèmes d’exploitation qui les composent et de leur région d’appartenance. On peut néanmoins retenir que dans ces groupes, dotés de systèmes d’alimentation comparables basés sur l’ensilage de maïs pour les vaches laitières, le pâturage des bovins de l’atelier laitier permet une réduction sensible du coût d’alimentation notamment au niveau du poste concentré. », concluent Dominique Caillaud et Valérie Brocard, les deux auteurs de l’étude.

Une nécessaire préparation stratégique
Cette analyse confirme qu’il est intéressant, dans les élevages équipés d’un robot de traite, de maintenir le plus possible le pâturage des vaches laitières : cela permet de diminuer le coût alimentaire mais suppose d’avoir moins de vaches par stalle afin de gérer les séquences de pâturage pendant lesquelles le robot ne fonctionne pas. Elle souligne toute l’importance qu’il y a, pour l’éleveur qui se prépare à renouveler son installation de traite, à bien réfléchir son investissement tant l’introduction de cette technologie va avoir de répercussions sur le système d’exploitation avec notamment une diminution du pâturage et une augmentation des besoins en fourrages stockés. Cette décision est tout particulièrement stratégique dans les élevages où l’éleveur souhaite conserver au pâturage une place importante dans l’alimentation des vaches laitières. Une fois la décision prise et le robot de traite en place, il reste intéressant économiquement de faire pâturer ses vaches ; ce qui suppose que l’installation ne soit pas saturée.

AC, d’après l’Institut de l’élevage

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.