IMG_7387

Culture / La sécheresse et les fortes températures de l’été 2015 subies dans de nombreuses régions d’élevage et notamment dans les régions de l’Est de la France ont eu des conséquences sur le rendement et sur la qualité des maïs fourrage. La question se pose maintenant de la valeur alimentaire de ces maïs fourrage. Arvalis-Institut du végétal vous donne des repères pour une meilleure conservation et valorisation de ces maïs.

L’année 2015 aura été particulièrement chaude et sèche dans notre grande zone nord-est. Suivant l’intensité du stress hydrique et le stade du maïs, les effets sur les plantes ont pu être différents. Ainsi, un déficit précoce avant floraison a limité le gabarit des plantes, un stress autour de la floraison a quant à lui limité la mise en place des épis, des ovules.

Impacts hétérogènes sur les maïs
Pendant la floraison, ce stress hydrique (accentué par les fortes chaleurs) a pu perturber la concordance d’émission de pollen et de la sortie des soies et réduire ainsi le nombre d’ovules fécondés. Par la suite, jusqu’au stade limite d’avortement des grains, ces conditions climatiques ont certainement causé la régression de ces futurs grains. En fin de cycle, les plantes ont réagi en fonction de leur état végétatif, notamment en fonction de l’importance de la surface foliaire verte. Le retour des pluies fin août a pu limiter les pertes en assurant un remplissage plus ou moins complet des grains présents, sous réserve de la présence de feuilles vertes pour assurer la photosynthèse. Au sein d’une même région, il a existé une grande diversité de réactions des cultures, liée à la qualité de la préparation, à la structure du sol, à la présence d’un précédent (ray-grass détruit tardivement ) et enfin à la date de semis. Pour ce dernier critère, les semis tardifs (courant mai) n’ont pas permis un enracinement suffisamment profond avant le stress hydrique et ont en général encore plus souffert de ces conditions climatiques.

Une composition des maïs fourrage 2015 très variable
En fonction des conditions de végétation du maïs et du stade de récolte, la composition chimique des maïs 2015 est assez différente du maïs fourrage « standard ». En effet, dans les situations les plus critiques, les premiers maïs ont été ensilés dès la première décade d’août : il s’agissait le plus souvent de plantes relativement courtes (1,30 m à 1,50 m), desséchées (60 à 70 % des feuilles desséchées), avec peu voire pas de grains et de surcroît un remplissage inachevé. La teneur en amidon de ces maïs est donc très faible avec pour un grand nombre d’entre eux des valeurs inférieures à 15 %. À l’inverse pour des maïs récoltés plus tardivement (début septembre) avec un nombre de grains corrects et un bon niveau de remplissage, les teneurs en amidon dépassent les
25 %.
La teneur en sucres solubles est également très variable selon l’état de l’appareil végétatif et la présence ou non de grains. Elle est en moyenne plus élevée que les années précédentes. En effet, l’absence de grains ou l’arrêt du transfert des sucres solubles vers les grains liés au stress hydrique a conduit à un stockage de ces sucres dans la plante pouvant conduire à des teneurs en glucides solubles de 15 à 20 % de la MS pour des teneurs en amidon inférieurs à 10 %.

Des valeurs alimentaires hétérogènes mais malgré tout assez bonnes
Les maïs de la zone Est, les plus touchés par la sécheresse et les fortes températures, se caractérisent tout d’abord par une forte variabilité de leur teneur en MS avec comme conséquence des ensilages humides qui ont « coulé » ou à l’inverse des ensilages secs très difficiles à tasser.
La Digestibilité de la Matière Organique de la partie non amidon de la plante (DMO na) est en général élevée : le stress hydrique est intervenu à un stade précoce (autour de la floraison) sur des plantes jeunes dont les tissus étaient peu lignifiés. Ainsi, malgré une teneur en amidon en retrait, la bonne digestibilité des tiges + feuilles permet aux maïs 2015 d’afficher une très bonne valeur énergétique (0.93 UFL en moyenne) masquant cependant une forte variabilité. Ces maïs se caractérisent également par une teneur en matière azotée totale (MA plus élevée qu’en 2014 liée essentiellement à un faible taux de dilution de l’azote dans la plante et à des fertilisations azotées adaptées à des niveaux de rendement de 20 à 50 % plus élevés. Les valeurs azotées PDIN et PDIE des maïs sont élevées avec parfois + 10 à +20g/kg MS de PDIN et +5 g/kg MS de PDIE par rapport à 2014.
Cette année, plus que jamais, l’analyse de fourrage reste incontournable et permettra de situer plus précisément les valeurs énergétiques et azotées de ces maïs afin d’adapter les rations à leurs caractéristiques.

Valoriser les maïs 2015 dans les rations lait et viande
Pour élaborer des rations tant en production laitière qu’en production de viande, on peut regrouper les maïs 2015 en 3 classes en fonction de la digestibilité des tiges et feuilles et de leur teneur en amidon.
• Les maïs, avec une bonne valeur énergétique, des fibres très digestibles mais une teneur assez faible en amidon devront être complémentés avec des concentrés riches en amidon (céréales) et des fourrages fibreux (foin, paille)
• Les maïs, avec une bonne valeur énergétique, une teneur en amidon élevé mais des fibres assez peu digestibles nécessiteront l’ajout de fourrage fibreux très digestibles et des concentrés peu riches en amidon
• Enfin, les maïs avec une faible valeur énergétique liée soit à un déficit en amidon, soit à un faible niveau de digestibilité des tiges et feuilles seront complémentés avec des céréales pour des teneurs faibles en amidon (inférieur à 25 %). Sinon, ils seront complémentés par des pulpes ou des coproduits. Dans tous les cas, ces maïs sont à réserver en priorité aux animaux à faible besoin.
Pour rappel, il est essentiel de ne pas dépasser le seuil des 22-23 % d’amidon dans la ration des vaches laitières. Cela est d’autant plus vrai cette année que les teneurs en glucides solubles, qui sont rapidement fermentescibles dans le rumen, sont élevées.
Dernier point : au vu des analyses, pour ces maïs qui sont riches en PDIN (fortes teneurs en MAT), il sera possible de diminuer nettement les quantités de correcteur azoté.

Didier Deleau / Arvalis-Institut du végétal

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.