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Territoires ruraux / L’Association nationale nouvelles ruralités, regroupant, à ce jour, une cinquantaine de membres dont plusieurs élus politiques de tous bords, a été créée juridiquement ce mois d’octobre. Elle concrétise la maturation d’une démarche portée lors des États généraux de la nouvelle ruralité en juin 2014. L’association avance 10 propositions majeures à l’occasion des élections régionales.

«Il y a trois ans, le débat sur l’aménagement du territoire portait essentiellement sur les enjeux métropolitains » explique Patrice Joly, président de l’Association nationale des nouvelles ruralités, et président du Conseil départemental de la Nièvre, le mardi 27 octobre à l’Assemblée nationale, « les espaces ruraux ne sont pas suffisamment pris en compte sur ce qu’ils sont et ce qu’ils peuvent apporter comme potentiel », continue-t-il. Selon lui, la pensée publique « occulte son hémisphère et sa réalité française » reprochant une approche de la ruralité trop souvent « théorique et condescendante ».
« Je suis un rural qui aime les villes lorsqu’elles ne sont pas condescendantes », ajoute pour sa part Gérard Peltre, maire rural de Lachaussée, président de l’Association internationale Ruralité- Environnement-Développement et vice-président de l’Association, rappelant « l’urgence, par la France, de réinspirer l’Europe et le projet européen ». Suite en partie, à l’engagement de ces élus et de leurs influences, un ministère de la Ruralité en 2014 avait été institué lors du dernier remaniement ministériel. « Il faut insuffler un nouvel état d’esprit et reprendre en main les choses qui nous concerne. Nous ne sommes pas dans une démarche purement vindicative », expose Jean Paul Dufregne, Conseiller départemental de l’Allier et vice-président de l’Association.

Réflexion territoriale
« On a pensé que la France était dans un processus d’urbanisation or il n’en est rien », souligne Gérard-François Dumont, géographe, économiste, professeur à la Sorbonne et vice-président de l’Association, poursuivant « le taux de croissance démographique dans les campagnes est largement supérieur à celui des villes. L’exode rural n’existe plus ». La ruralité a besoin de reconnaissance et l’envie de pouvoir contribuer au redressement du pays, selon les élus présents lors de cette conférence. « Il faudra aussi accueillir les 10 millions de personnes qui arriveront (en provenance des villes, ndlr) dans les 30 prochaines années, d’après un sondage de l’Insee. Ces personnes aspirent à vivre dans les espaces ruraux », indique Patrice Joly. Jean-Jacques Lozach, sénateur de la Creuse et vice-président de l’Association, rappelle l’importance de « continuer le combat. Il y a trois logiques actuelles que sont la mondialisation, la métropolisation et la régionalisation. Le premier adversaire de la ruralité c’est l’immobilisme, le conservatisme ». Patrice Joly insiste sur la nécessité de « réinculquer le doute dans notre manière de penser notre politique. On ne se questionne pas assez sur les cadres de référence, les paradigmes », pointant du doigt les concentrations en tout genre à des échelles difficilement maîtrisables « massification de la population, la bancarisation, la grande distribution, la vie des individus avec tous les risques sociaux et de délinquance que cela peut avoir. Peut-être devrait-on revoir le modèle d’organisation de la société ». « Les territoires ruraux sont très riches en humanité, en qualité de vie, en intelligence. Ces richesses-là, les ruraux sont prêts à les partager », conclut Jean Bojko, artiste-poète et membre de l’Association.

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