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Elevage / Le 25 août, des éleveurs venus de toute la France ont distribué des tracts présentant le logo Viandes de France aux voyageurs de deux gares parisiennes, soutenus dans leur démarche par le ministre de l’Agriculture. Plus de 8 000 grandes surfaces ont également relayé cette opération.

Si les éleveurs ont manifesté leur colère tout l’été aux quatre coins du territoire, c’est une opération de sensibilisation positive qu’ils ont mené le 25 août à l’initiative d’Interbev et Inaporc. Venus d’un peu partout en France, des producteurs bovins, porcins et ovins ont interpellé les voyageurs gare de Lyon et gare Montparnasse à Paris pour leur présenter le logo Viandes de France. Bleu blanc rouge, avec une forme rappelant celle de l’hexagone français, le petit logo décliné par filière (bœuf, veau, agneau, cheval, porc, volaille et lapin) garantit aux consommateurs une viande issue d’animaux nés, élevés, abattus et transformés en France. S’il existe depuis 2014, la profession et le ministère de l’Agriculture souhaitent en intensifier l’utilisation. 8 400 grandes surfaces ont ainsi pris part à l’opération en mettant en avant le logo dans leurs rayons.

Garantie de traçabilité
Pour Stéphane Le Foll, venu à la rencontre des éleveurs à la gare Montparnasse, l’objectif de l’opération est de « faire savoir que ça existe ». Derrière le logo, les éleveurs défendent surtout « une qualité, une traçabilité et des conditions de productions environnementales qui sont, n’ayons pas peur de le dire, les meilleures au monde », insiste Pierre Vaugarny, secrétaire général de la Fédération nationale bovine (FNB). Une image de qualité est justifiée, mais « malheureusement pas universelle », poursuit l’éleveur qui souligne l’importance du logo « pour pérenniser la qualité de notre alimentation ». Si le ministre rappelle que les choses avancent, que ce soit en grande distribution ou dans la restauration hors domicile, les éleveurs veulent aller plus loin en matière de traçabilité. Une marge de progression importante existe dans la restauration hors foyer. « Bientôt c’est la rentrée, et trois quart des élèves ne consommeront pas notre viande dans les cantines », déplore un éleveur de porc. Stéphane Le Foll lui répond que sur ce sujet, l’accent est mis pour favoriser l’approvisionnement local. Un décret à paraître en septembre doit faire passer de 15 000 à 25 000 euros le seuil avant d’avoir recours à un appel d’offre pour les marchés publics. Sur l’étiquetage de l’origine de la viande transformée, non obligatoire, les éleveurs reprochent l’absence d’avancée au niveau européen, et si le ministre assure faire son possible pour que le dossier avance, « un certain nombre de pays ne sont pas favorables à cet étiquetage d’origine sur les produits transformés », précise-t-il.

Des revendications plus larges
Pendant près d’une heure, les éleveurs présents ont fait part au ministre de leurs inquiétudes quant à l’avenir des filières élevage en France, l’exhortant à agir davantage. Stéphane Le Foll entend bien travailler à « valoriser l’origine et les marchés », notamment à l’export en utilisant les 10 millions d’euros débloqués pour la promotion à l’exportation et, pour la Russie, « rediscuter la partie sanitaire de l’embargo » sur le porc. Mais quand les éleveurs de porcs citent en exemple l’Espagne, où la production a doublé ces dernières années, le ministre rappelle qu’il s’agit « d’un modèle intégré : il n’y a quasiment pas de producteurs, essentiellement des salariés, et ce modèle on n’en veut pas ». Les éleveurs déplorent également « un climat de suspicion » et les nombreux contrôles auxquels ils sont soumis. « On a l’impression qu’en France, on casse l’envie d’entreprendre », s’énerve un producteur, et ce malgré les 40 milliards d’euros du Pacte de responsabilité que Stéphane Le Foll ne manque pas de rappeler.
Si le logo pourra sans doute inciter les consommateurs à acheter français voire à payer quelques centimes de plus pour une viande française, la sortie de crise nécessite donc d’autres solutions. Les discussions avec la profession agricole sont en cours, faisant suite à la rencontre entre les présidents de la FNSEA et de JA avec le président de la République et le Premier ministre, le 24 août. En attendant, les agriculteurs restent vigilants et attendent d’autres annonces le 3 septembre, lors de leur manifestation qui prévoit un millier de tracteurs à Paris.

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