Concours général agricole / Pour la deuxième année consécutive, le prix d’excellence des prairies fleuries a été remis à un éleveur de Haute-Saône. C’est en effet une pâture exploitée par Yves Etignard, à Chazelot, qui a été récompensée par le jury, ce 25 février à Paris, dans la catégorie « pâturage exclusif en plaine ou colline ».

C’est la 5ème année que se tient le concours national des prairies fleuries, et la seconde année qu’il est récompensé, dans le cadre du concours général agricole, par un prix d’excellence agri-écologique. ce concours permet de mettre en avant les exploitations dont les prairies, riches en espèces, présentent le meilleur équilibre entre valeur agricole et valeur écologique. Il est porté au niveau national par un collectif de structures dont l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, et la Fédération des parcs naturels régionaux, Parcs nationaux de France. Près de 1.500 exploitants ont déjà présenté au moins une parcelle au jugement des botanistes, entomologistes, et autres agronomes qui composent les jurys locaux. C’est donc une performance remarquable que, deux années de suite, des exploitants de notre département soient récompensées par le prix d’excellence. Après Daniel Carteron l’an passé, c’est cette année Yves Etignard, à Chazelot, dont la parcelle a été distinguée dans la catégorie « pâturage exclusif en plaine ou colline ». Sur les 46 nominés sur toute la France, 6 recevaient une distinction remise notamment par Hubert Reeves, président de l’association partenaire humanité et biodiversité.

Une parcelle tirée de l’oubli

Depuis toujours désireux de s’installer en agriculture, Yves Etignard a petit-à-petit donné de l’importance à sa passion, à côté de son métier dans le matériel agricole. Lorsqu’à l’occasion des travaux de la ligne TGV, la chambre d’agriculture s’est mise en quête d’un éleveur pour remettre en état et valoriser une parcelle enfrichée, c’est à lui que l’ancien maire de Mailley et Chazelot, Bernard Tonnot, a d’abord pensé. Une fois effectués les difficiles travaux d’ouverture (sur une friche inexploitée pendant 30 ans) et de clôture de la parcelle de 30 ha, un pâturage tournant a pu être mis en place.
« L’opportunité des prairies fleuries s’est alors présentée », explique Yves Etignard. Un projet porté par l’association Borplacal et la chambre d’agriculture, qui s’inscrit dans cette logique de production dans le respect des contraintes locales (élevage extensif sur prairies sèches des plateaux calcaires). Aujourd’hui l’agriculteur élève 110 brebis sur 70 ha, avec un parc à sangliers et un peu de céréales en autoconsommation. Sécurisé par la vente directe via la Ferme Saônoise à Bougnon, et confiant dans sa conversion en cours à l’agriculture biologique, il est satisfait de cette forme de valorisation de terrains réputés peu productifs : « On a répertorié 71 espèces de plantes différentes sur cette parcelle. Certaines sont réputées pour leurs vertus pharmaceutiques. Entre l’état sanitaire du troupeau et les produits de traitement, je m’y retrouve. »

La suite : Paec, Casdar

La démarche du concours prairies fleuries ne s’arrête pas à l’étalage d’une biodiversité importante. Concrètement, plusieurs projets sont en train de se bâtir autour de cet équilibre possible entre biodiversité et production agricole économiquement soutenable. Et c’est d’abord le PAEC Borplacal, animé par Michel Delhon de la chambre d’agriculture, qui proposera ses Mesures Agro Environnementales et Climatiques (notamment système herbager extensif). Dans le cadre du projet National Casdar, l’association Borplacal et la chambre d’agriculture ont présenté sur le même territoire le projet « un autre regard sur les prairies permanentes à forte biodiversité en Haute-Saône » qui a reçu une subvention de 100 k€. « Ce projet va nous permettre d’avoir des références afin de replacer les prairies dans le système [de production], explique Michel Delhon. Nous devons également attirer des jeunes et montrer, avec un argumentaire adapté, que les prairies méritent d’être maintenues. »
Le concours 2015 des prairies fleuries s’ouvrira sur 42 territoires sur l’ensemble de la France, avec près de 350 concurrents. Yves Etignard pourrait y présenter d’autres parcelles, mais il souhaite surtout « laisser la place aux autres » pour valoriser ces « territoires méconnus de notre département ». Avis aux candidats qui parfois découvrent à cette occasion la richesse de leurs parcelles !

LD

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