OVINS / Le dispositif Inosys Réseaux d’élevage ovins viande de l’Est a réalisé une estimation des résultats économiques 2014 sur 4 systèmes d’élevage avec production ovine. L’attractivité de la production ovine est confortée du fait d’une baisse des charges notamment.
Les marges brutes par brebis se maintiennent à un bon niveau ; seules les marges brutes des systèmes herbagers avec production d’agneaux d’herbe affichent un léger repli par rapport à 2013. L’évolution des résultats économiques globaux diffère selon les systèmes en fonction de la part de cultures de vente dans le produit d’exploitation.
L’année climatique 2014
Le printemps sec a permis une mise à l’herbe précoce. Le manque de pluie sur ce début de pâturage a remis en cause le potentiel des premières coupes de fauche (-20 % de rendement par rapport aux rendements moyens 2000-2013). L’été pluvieux a favorisé un léger rattrapage (+ 12 % /rendement moyen 2000-2013). Enfin, l’automne clément a donné la possibilité d’une bonne préparation à l’herbe des brebis pour la lutte et d’allonger la durée de pâturage.
Un contexte économique favorable à la production ovine
L’alourdissement des carcasses a compensé la baisse des abattages d’agneaux et s’est traduit par un maintien de la production française (en Tonne Equivalent Carcasse). Le manque de disponibilité en viande, lié principalement à un repli des importations, a permis de tirer à la hausse le cours de l’agneau, malgré l’érosion de la consommation des ménages. Le prix moyen pondéré sur l’année 2014 s’élève à 6,35 €/kgc soit une hausse de +2 %/2013 et de + 3%/2012. Cette embellie des prix ne doit pas cacher l’hétérogénéité des prix d’une année à l’autre pour une même période. L’embellie profite davantage aux systèmes bergerie qu’aux systèmes herbe. Les prix de l’agneau sur le 1er semestre 2014 sont nettement supérieurs à ceux du 1er semestre 2013 avec un pic au mois d’avril 2014. Par contre, le 2nd semestre 2014 est beaucoup moins dynamique avec des prix inférieurs à 2013 jusqu’à l’automne.
Les charges (aliments achetés, énergie et lubrifiant) se tassent également. L’indice IPAMPA des aliments achetés baisse depuis janvier 2013. Cette tendance baissière fortement marquée sur le prix de vente des céréales a été favorable aux ateliers ovins. De même, l’indice IPAMPA de l’énergie et lubrifiant suit une baisse en dents de scie depuis juillet 2012.
Impact de la conjoncture économique 2014
A partir des cas types, l’équipe Inosys Réseaux d’élevage ovin a mesuré l’effet des prix pratiqués en 2014 sur les résultats économiques de systèmes herbagers et mixte ovins + culture. L’impact de la conjoncture 2014 est réalisé avec des résultats techniques de l’atelier ovin identiques à 2013. Suivant la part de culture, l’autonomie alimentaire de la troupe et la période de vente des agneaux, les systèmes sont plus ou moins impactés.
Les systèmes ovins + cultures :
Dans les systèmes où la part des cultures de vente est importante dans la constitution du produit brut (40 %), la baisse des prix de vente se traduit par une chute de 20 % du chiffre d’affaires culture. L’augmentation du chiffre d’affaires liée aux ventes ovines ne compense pas la perte de chiffre d’affaires cultures.
Les charges opérationnelles reculent de 6 % par rapport à 2013. Si les charges sur cultures reculent sensiblement (- 5 %), la chute des prix de céréales encourage l’autoconsommation – la baisse du poste concentrés est de 9 %. De même, avec la baisse des prix des produits pétroliers, les charges de structures affichent un recul de 4 à 6 %.
Dans ces systèmes, producteurs d’agneaux de bergerie, le bon niveau des prix de vente des agneaux sur le 1er semestre 2014 conjugué à un léger recul des charges se traduit par une nette amélioration de la marge brute par brebis en comparaison à l’année 2013 et 2012.
L’année 2014 a été favorable à la production d’agneaux de bergerie par rapport à 2013, avec un accroissement de la marge brute de 11 à 22 %.
Si les charges régressent entre 2013 et 2014, la baisse ne permet pas de compenser le recul du produit brut lié à la chute des cours des céréales. En conséquence, l’EBE se contracte de 17 % (soit 13.000 € en moins) pour le système Ovin + Cultures avec production mixte d’agneau et de 26 % (soit 22.100 € en moins) pour l’autre système. Enfin, la baisse des annuités d’emprunt reste inférieure à la baisse de l’EBE ; ce qui se traduit par une chute du revenu disponible de 21 % et de 35 %.
Les systèmes herbagers :
Dans ces systèmes, les ventes d’agneaux représentent la majorité du produit brut de l’exploitation. En conséquence, les exploitations produisant des agneaux d’herbe affichent une baisse de chiffre d’affaires du fait d’une conjoncture prix agneaux moins porteuse sur le 2nd semestre 2014 (juillet à septembre). Le recul du chiffre d’affaires est moins fort dans les systèmes mixtes car une partie de la production d’agneaux est écoulée sur le 1er semestre.
La baisse des charges opérationnelles est plus marquée dans les systèmes où les céréales sont autoconsommées : le montant du poste concentré recule de 12 % par rapport à 2013 ; le repli est de 5 % quand la totalité du concentré est achetée.
La marge brute reste toujours supérieure à celle des systèmes ovins + cultures. La période de vente des agneaux a été déterminante sur la marge brute et permet d’expliquer un différentiel de 7 % entre les 2 systèmes herbagers présentés dans le tableau ci-dessus.
Après une progression de la marge brute en 2013 (par rapport à 2012) dans les systèmes producteurs d’agneaux d’herbe, on constate une baisse de 3 % en 2014 (par rapport à 2013). Dans les systèmes avec production mixte d’agneau, la baisse des charges de concentrés (inhérente à la chute des cours des céréales) a permis une progression de la marge de 4 %.
Le système herbager avec production d’agneaux d’herbe reste économe tant sur les charges opérationnelles que sur les charges de structure. Malgré tout, l’EBE 2014 s’effrite de 3 % par rapport à 2013. L’annuité restant sensiblement identique d’une année à l’autre, le revenu disponible se dégrade (- 4 %).
Le système avec production mixte d’agneaux maintient son EBE et son revenu disponible.
L’élevage ovin compétitif face aux cultures !
Avec un revenu disponible de 34.000 €/UMO, le système herbager avec production d’agneaux d’herbe, économe en intrants, dégage un revenu supérieur aux 3 autres systèmes. Il est intéressant de constater que ce résultat est obtenu avec 2 fois moins de surface.
Même si le revenu a régressé dans les systèmes ovin + cultures, la production ovine a permis de limiter la baisse.
Les résultats de 2014 confirment l’intérêt de l’élevage ovin, y compris en complémentarité avec les cultures.
Inosys