Grandes cultures / Il semble bien loin, le spectre de la sécheresse… avec ce printemps 2021 très arrosé : tous les travaux des champs sont
bloqués depuis trois semaines et les parcelles des cultures de printemps sont impraticables ! Malgré tout, la situation reste favorable, tant en termes de pression des maladies que de potentiel.
Alors que le début du printemps faisait de nouveau craindre un risque de sécheresse précoce, avec seulement trois jours de pluie du 20 mars au 20 avril, contre une quinzaine en moyenne, la situation s’est complétement retournée depuis trois semaines. « Il a plu 40 à 50 mm cette semaine et de 100 à 130 mm ces 15 derniers jours ! Tous les travaux des champs sont bloqués depuis trois semaines. Les parcelles des cultures de printemps sont impraticables. » note Emeric Courbet, technicien en charge du dossier Grandes Cultures. Si le mois d’avril avait pourtant débuté dans la douceur, c’est très rapidement la fraîcheur qui s’est imposée avec des matinées de gel localement fort entre le 6 et le 8 puis entre le 12 et le 18 avril. Des dizaines de records de froid mensuels ont ainsi été battus. Les gelées ont fait d’importants dégâts chez les viticulteurs, les arboriculteurs ou encore les agriculteurs… Avril 2021 est ainsi le plus frais depuis 20 ans, se plaçant à la 35ème place des mois d’avril les plus froids des 100 dernières années.
Rien d’alarmant pour l’instant
Pour autant, la situation en Bourgogne Franche-Comté n’est pas dramatique, ni pour les cultures d’hiver, ni pour celles de printemps. « Sur le plan maladies, tant pour les colzas que pour les céréales, ça reste assez sain. En céréales d’hiver, même s’il n’y a pas eu de fenêtre météo pour rentrer dans les parcelles avec le pulvé, il n’y a pas le feu : les pluies restent fraîches, ce qui fait que le développement de la septoriose n’est pas explosif. Toutes les feuilles sont déployées et l’épi est visible dans 10% des parcelles. Il n’y a donc plus rien à attendre pour positionner le fongicide… Sauf que les conditions météorologiques empêchent pour l’instant toute intervention dans les champs. La météo du moment est plutôt favorable au développement de Microdochium nivale sur feuilles. » Pour ce champignon pathogène opportuniste, responsable de la fusariose, le stade optimal d’infection est celui de l’épiaison. Le développement de M. nivale et M. majus à la floraison des blés est favorisé par des températures fraîches, environ 12 à 16 °C, et des précipitations fréquentes mais courtes. Les symptômes sont visuellement difficiles à différencier de ceux causés par F. graminearum. En termes de stratégie de protection fongicide, un traitement au stade floraison permet de lutter simultanément contre la septoriose, les rouilles, la fusariose des épis et microdochium. L’investissement dans un traitement à ce stade est à raisonner à la fois en fonction des sensibilités variétales aux rouilles jaunes et brunes, ainsi qu’à la septoriose et/ou à fusarium sur épis… « Le coût est de l’ordre de 20 à 25 €/ha. Les spécialités les plus efficaces sur septoriose, rouilles, Fusarium et Microdochium sont composées de prothioconazole et de tébuconazole. », précise le bulletin Agrosaône n°17.
Du côté des colza, le défleurissement est bien engagé, avec plus de 50% des parcelles du réseau d’observation à ce stade. Pour ce qui est de la lutte contre les maladies « attention au nombre d’application par campagne et au délai avant récolte des spécialités utilisées », rappelle le technicien.
Des réserves utiles bien remplies
Rien de préoccupant non plus pour les cultures de printemps… même si localement des semis de maïs souffrent un peu de l’excès d’eau et du manque de chaleur. « On a aussi quelques inquiétudes en soja : malgré les conditions météo post semis froides et humides, les pertes semblent pour l’instant faibles. A suivre. » Le mot d’ordre qui prévaut aussi bien en maïs qu’en tournesol ou soja reste « surveillez les limaces ! » La bonne nouvelle dans ce paysage maussade, c’est le bon remplissage des réserves utiles des sols, ainsi que des nappes phréatiques, ce qui écarte les risques de stress hydrique sur les fins de cycle des cultures d’hiver.
AC