Fourrages / Avec sa forte teneur en amidon, l’ensilage de maïs épi se comporte comme un concentré énergétique dans la ration des ruminants, même si sa teneur en fibre limite un peu le risque acidogène.
L’ensilage de maïs épi se caractérise par sa forte teneur en amidon : 58 % en moyenne. Mais ce chiffre varie de 50 à plus de 65 % suivant le stade de récolte et les conditions de culture. Le maïs épi ensilé contient, malgré tout, une teneur en fibres non négligeable (spathes, rafle) apportant une certaine sécurité vis-à-vis du risque acidogène par rapport à d’autres sources d’amidon (comme les céréales à paille ou le maïs grain humide). Grâce aux analyses effectuées par le laboratoire Germ-Services et aux bases de données d’Arvalis, il est possible de décrire la composition chimique moyenne du maïs épi et sa variabilité (voir figure 1). La teneur moyenne en fibres (NDF) des ensilages de maïs épi est de 22 %, mais peut varier de 16 à 30 %. Elle est corrélée négativement à la teneur en amidon du fourrage. La teneur en cellulose brute approche, quant à elle, 8 % en moyenne.
Les critères de valeur alimentaire (UF, PDI, unité d’encombrement ou UE) du maïs épi sont assez peu connus actuellement. Les valeurs du tableau 2 sont données à titre indicatif ; elles doivent être minorées ou majorées si l’écart de composition chimique (teneurs en amidon et en cellulose brute notamment) est conséquent avec le référentiel Inrae. Un écart d’un point de cellulose brute par rapport à la valeur pivot Inrae implique une variation de ±1 point de dMO(2), soit environ ±0,02 UFL/kg MS.
Lors de la récolte, la partie tige et feuilles du maïs, plus encombrante et moins digestible, est laissée au champ. Le maïs épi est donc un mélange homogène d’amidon et de parois cellulosiques qu’il convient de considérer comme un concentré énergétique dans le rationnement des ruminants. Le maïs épi permet ainsi de densifier la ration des jeunes bovins et vaches laitières notamment tout en maintenant un apport de fibres utiles à une bonne digestion de la ration. Il faut cependant être vigilant quant à son utilisation : la dégradabilité de l’amidon du maïs épi est élevée, proche de celle du maïs grain humide. Par conséquent, l’apport de sucres rapidement fermentescibles, dans le rumen, est également élevé et favorise une forte production de protéines microbiennes, sources de PDIE, mais présente aussi un caractère potentiellement acidogène.
Deux stratégies de rationnement
L’utilisation du maïs épi dans les rations de vaches laitières ou de jeunes bovins fait l’objet de deux stratégies d’alimentation distinctes. La première est de concentrer la ration en énergie, en se substituant en partie ou en totalité aux céréales à paille. La teneur en fibres du maïs épi, intermédiaire entre celle du maïs plante entière et du maïs grain humide (ou des céréales à paille), confère dans ce cas une sécurité digestive supplémentaire à la ration. Le maïs épi est alors intégré à hauteur de 10 à 20 % de la ration en MS selon la part des autres fourrages et les objectifs de production.
La seconde stratégie d’utilisation du maïs épi concerne les rations contenant une part importante de fourrages prairiaux : graminées et légumineuses, luzerne, ou mélanges immatures de céréales et protéagineux. Ces fourrages ont pour but de maximiser l’apport de protéines et de fibres mais ils souffrent en général d’un déficit de densité énergétique par rapport à l’objectif de rationnement d’une vache laitière haute productrice ou d’un jeune bovin, qui est d’environ 0,9 à 1 UF/kg MS. Ce déficit énergétique peut être compensé en incorporant à la ration une quantité significative de maïs épi : jusqu’à 40 % de la ration en MS pour des vaches laitières, et jusqu’à 60 % de la ration en MS pour des jeunes bovins à l’engraissement. Chez les jeunes bovins, il est même possible de distribuer le maïs épi à volonté (il compose alors environ 70 % de la ration en MS) en le complétant d’un tourteau et en mettant de la paille en libre-service. n
D’après Arvalis – Institut du végétal
(1) La dégradabilité de l’amidon s’améliore au cours du stockage en silo.
(2) dMO : digestiblité de la matière organique.