Élevage / Depuis plusieurs années, le troupeau du Gaec des Champs Durand effectue la descente du Ballon de Servance au mois d’octobre. Cette année, par une volonté des éleveurs et de l’association « Saveurs des Vosges Comtoises », la transhumance s’est conclue par un marché paysan. Un signe positif pour la dynamique « terroir » qui se dessine dans les Vosges Saônoises.
Voilà plusieurs années que le même embouteillage colore les pentes du ballon de Servance : une trentaine de vaches, de race vosgienne ou limousines. À leur tête (ou sur leurs sabots), Benoît Hosatte et Marie-Christine Dorin, du Gaec des Champs Durand, et une dizaine de courageux volontaires pour accompagner le troupeau en descente d’estive. Un chemin d’une dizaine de kilomètres, du Ballon de Servance à la maison foretsière de Plancher les Mines, soit près de 700 m de dénivelé.
Derrière la petite troupe ce 14 octobre au matin, un « encombrement » de cyclistes, motards, voitures, qui attendent patiemment l’arrivée dans la vallée, faute de pouvoir doubler. Depuis que Benoît Hosatte exploite les parcelles de la Réserve naturelle des Ballons Comtois, il monte tous les ans à partir du 1er juillet si l’état des pâtures le permet, et en redescend à la mi-octobre. « Avec le syndicat des Vosgiennes, nous voulions faire de la transhumance un événement marquant », témoigne Marie-Christine Dorin, qui comme Benoît portait ce jour-là un T-shirt à l’effigie de la vosgienne « en mémoire de Marc » Spenle, ancien président du syndicat.
Communiquer sur la production locale
La fête de la transhumance prend donc forme pour la première fois cette année. En arrivant vers midi dans la vallée, à proximité de l’ancienne chapelle Saint Antoine, le troupeau, fatigué, était laissé en pâture, tandis que les marcheurs rejoignaient les stands déjà achalandés du marché paysan organisé pour l’occasion. Fromages, fruits, viande, céréales… Le panel quasi-complet des productions locales s’étalait ici sous un soleil radieux. Musique et repas aidant, la fête de la transhumance aura été un succès.
C’est « Saveurs des Vosges Comtoises » qui organisait cette rencontre. Cette association est née après la rencontre « Du terroir dans nos assiettes », organisée notamment par EcooParc (PNR Ballon des Vosges) en novembre 2015. Les réflexions issues de ce rendez-vous entre agriculteurs, consommateurs et élus locaux ont débouché sur plusieurs projets. « Quatre axes se sont dégagés, explique Pierrick Tarin, salarié de la chambre d’agriculture et conseiller municipal de Ronchamp : Communiquer sur nos produits, approvisionner la future cuisine centrale sur le site de la filature, transformer localement les production et bien les valoriser. »
Un magasin d’éleveurs
La fête de la transhumance à Plancher-les-Mines fait évidemment partie de l’axe de communication. Mais les autres volets du projet à long-terme sont également en piste. Individuellement, des éleveurs s’essayent à la transformation locale. Marie-Christine Dorin produit ainsi une tomme type Munster et bientôt le fameux « Cœur de Massif » au lait de Vosgienne. Collectivement, les projets avancent aussi. Les premiers aménagements pour la cuisine centrale du site de la filature commencent cette fin d’année. Les financements ont été trouvés, et le site devrait être opérationnel en 2019. L’objectif est de fournir quotidiennement 600 repas pour le périscolaire et les maisons de retraite. Autre projet collectif en cours de réflexion : la création d’un magasin de producteurs à Champagney. Un site (face à la gendarmerie) a déjà été évoqué, et une réunion entre les 9 agriculteurs concernés et les élus locaux s’est tenue à ce sujet le 12 septembre. Le 17 octobre, des élus de la Communauté de commune rencontraient la Région pour trouver d’autres sources de financement. Une dynamique « terroir » se dessine dans les Vosges Saônoises.
LD