Décès de Xavier Beulin / Le décès brutal de Xavier Beulin le 19 février est un choc pour la FNSEA et le monde agricole à qui il a dédié sa vie. Travailleur acharné, il défendait la vision d’une agriculture diverse, compétitive et innovante, porteuse d’avenir pour les producteurs sur tout le territoire.
D’innombrables réactions ont suivi l’annonce, le 19 février, de la disparition de Xavier Beulin, président de la FNSEA, décédé d’une crise cardiaque à 58 ans. Les dirigeants politiques de tous bords ont rendu hommage à l’homme de conviction, du Président de la République qui a salué « un agriculteur passionné », « un interlocuteur exigeant » et déploré « une perte majeure pour la France » aux candidats à l’élection présidentielle (François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon), en passant par des présidents de groupes, de régions, et de départements, ou encore les membres du Gouvernement dont le Premier ministre Bernard Cazeneuve, « un ardent défenseur de l’agriculture et des paysans ». « Sa disparition est une nouvelle terrible pour la FNSEA et pour le syndicalisme agricole dans son ensemble (…). Avec lui, au-delà de nos différences, j’ai toujours travaillé à trouver des solutions pour soutenir une agriculture qui traverse des moments difficiles », a quant à lui réagi le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll.
Syndicaliste engagé
« Xavier Beulin a donné au syndicalisme et aux filières agricoles des lettres de noblesse et un élan incomparable », salue la FNSEA dont il a été élu président en 2010 et 2014. L’organisation a fait part de son « immense tristesse », plusieurs de ses élus évoquant par ailleurs la perte d’un « capitaine » qui leur donnait un cap. En dépit des divergences de vue, les nombreux interlocuteurs qui ont croisé Xavier Beulin au cours de sa riche carrière gardent tous en mémoire le dynamisme, le charisme et la pugnacité de cet homme engagé très jeune dans le syndicalisme agricole. Issu d’une famille d’agriculteurs du Loiret, ainé de quatre enfants, il reprend l’exploitation familiale à 17 ans suite au décès de son père, et s’engage rapidement auprès du CDJA de son département. Gravissant les échelons du syndicalisme agricole, il rejoint ensuite la FDSEA puis la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (FOP) dont il devient président en 1999. Parallèlement, il devient en 2000 président du groupe Sofiprotéol (renommé Avril en 2014), mis en place par la filière française des oléoprotéagineux. Une responsabilité qui lui sera parfois reprochée après son élection, en 2010, à la tête de la FNSEA. Dans son ouvrage (1) paru début janvier, Xavier Beulin revenait sur les attaques de plus en plus vives et rappelait le sens de son engagement : « avant tout apporter des solutions en termes d’organisation aux producteurs », ajoutant que le succès du groupe coopératif permettait de « tirer des enseignements pour d’autres pans de l’agriculture française », à travers l’exemplarité de la réussite collective. De ces attaques répétées et de plus en plus dures dans les médias, l’homme pudique et modeste au regard de son parcours d’autodidacte préférait dire qu’elles ne l’atteignaient pas. Elles se sont néanmoins ajoutées au poids de ses responsabilités particulièrement importantes, à un moment où l’agriculture française fait face à une succession de crises.
Vision à long terme
Les hommages et témoignages sont en tout cas unanimes sur la capacité de Xavier Beulin à porter une vision stratégique forte pour ce secteur agricole qu’il défendait sans relâche. « Le modèle sur lequel nous avons vécu doit être adapté à une nouvelle donne économique, sociale et sociétale. Toute l’agriculture vit déjà cette mutation. Il faut en définir le cadre, c’est l’un de nos plus grands chantiers pour les prochaines années », écrivait-il dans son livre. Ce cadre doit notamment être décidé au niveau européen, où la présence française s’était selon lui fortement affaiblie ces dernières années. Xavier Beulin évoquait également dans ce livre, qui apparaît désormais comme son testament, la nécessité de préserver la diversité de l’agriculture française, la nécessaire modernisation des exploitations, le rôle crucial de l’innovation en agriculture, l’importance d’une fiscalité plus adaptée aux aléas de l’activité agricole, ou encore le statut de l’agriculteur encore à créer. Il défendait également une vision plus positive de l’agriculture française, trop souvent délaissée par les politiques et de plus en plus méconnue des citoyens. Une vision saluée par le monde agricole et que la FNSEA continuera à porter, malgré l’ampleur du défi.