Race montbéliarde / Beau tableau pour les éleveurs haut-saônois de montbéliardes, qui rentrent de Paris avec le prix de meilleure mamelle jeune attribué à Gapstar (Urbaniste sur Micmac), du Gaec Gutknecht, mais aussi deux premier prix de section, et le challenge national racial attribué au Gaec Besançon à Liévans.
Affluence une nouvelle fois dans les gradins autour du grand ring, pour le concours de la race montbéliarde organisé dans le cadre du Salon de l’agriculture, le 28 février dernier. Affluence aussi sur internet, où selon l’organisme de sélection, quelque 2 000 personnes auraient suivi en ligne les images du concours, diffusé en direct live. « Hélas, le site web de l’OS a connu des problèmes techniques pendant le concours, déplore Philippe Maître, directeur de l’OS, mais les afficionados ont tout de même pu voir la vidéo sur un autre site ! »
Crise laitière et chemises noires
Côté ambiance, l’humeur était sans doute plus ”bon enfant” que l’an dernier, avec en arrière-plan l’ombre de la crise de l’élevage laitier qui planait. « Non, nous n’avons pas changé de tenue cette année, expliquait Cédric Fourcade, technicien de l’OS et commentateur du concours : ce sont les éleveurs qui ont pris la décision collective de porter aujourd’hui, comme cela se fait aussi dans d’autres races, une chemise noire pour attirer l’attention du public sur les difficultés des producteurs de lait. » C’est un jeune juge très apprécié, Nicolas Perrodin, venu du département du Jura où il est éleveur laitier en Gaec, qui a arbitré la confrontation : 39 animaux, répartis en sept sections et sous- sections.
Parmi les jeunes vaches, en première et seconde lactation, c’est une femelle du Bas-Rhin qui a séduit le juge. Il s’agit de CAT Haïda, du CAT de Sonnenhof à Bischwiller , qui avait déjà remporté le titre l’an dernier. Déjà première de sa section 2A, la jeune vache en deuxième lactation s’est imposée devant Gapstar, HantasiaGB et Ingrid. « Une championne qui allie puissance et solidité dans les aplombs, avec beaucoup de puissance à l’avant. »
C’est toutefois dans la section 2B qu’il a trouvé la meilleure mamelle jeune du concours : Gapstar (Urbaniste sur Micmac), appartenant au Gaec Gutknecht à Saint Barthélémy en Haute-Saône, déjà meilleure mamelle et première de sa section. « Un bloc arrière remarquable, avec un support très bien marqué, c’est la longueur de l’attache avant qui a fait la différence. » a détaillé le juge.
Le Gaec Besançon à l’honneur
Le Salon de l’agriculture est également l’occasion de remettre le challenge national racial, remporté cette année par un élevage haut-saônois : le Gaec Besançon à Liévans. « Ce challenge récompense la participation à l’effort collectif, apprécié à travers le coefficient de consanguinité, le niveau génétique du troupeau et la participation aux concours… », expose Cédric Fourcade. C’était encore le cas cette année – 6ème participation du Gaec – avec HantasiaGB (Redon sur Bourgueuil) qui a été désignée premier prix et meilleure mamelle de sa section 1B. « Ce prix de section est la bonne surprise, la cerise sur le gâteau : avec le challenge racial, on était sûr de ne pas revenir bredouilles », explique Pierre Besançon. « Je suis très heureux de remporter le challenge racial, car ça récompense un travail de sélection de longue haleine sur le troupeau, ça restera dans les annales ! » Pour autant, l’éleveur reste modeste et ne tire pas la couverture à lui. « Il y a aussi une part de chance, et on profite aussi du travail collectif : par exemple, HantasiaGB est la fille d’une génisse gestante que j’ai achetée lors d’une vente aux enchères. C’était une Redon qui venait du Gaec de l’Oiselot, à Fouchécourt, et Jean-marc Barberot avait fait cet accouplement, dont Hantasia est le produit ! C’est l’occasion de lui rendre hommage ici. » Et pour Pierre Besançon, connu aussi pour son engagement syndical, le concours général est aussi une bouffée d’air frais pour surmonter la crise laitière. « Les éleveurs restent conviviaux malgré la crise : déjà se retrouver, parler ensemble des problèmes plutôt que de rester dans son coin, ça permet d’avancer. »
Le bal des récidivistes
Du côté des vaches adultes, l’affrontement a été assez serré pour le titre convoité de championne, avec en lice Griotte (Nikos sur Urbaniste) du Gaec élevage Négron à Bains en Haute-Loire, 1er prix de section F3, Ecriture (Redon sur Micmac) du Gaec de Sarapin, victorieuse en section 4A et Alalée, Cuvery (Micmac sur Induvi) du Gaec du Petit Pont, lauréate de la section 4B. C’est cette dernière, la plus mature qui l’a emporté. « C’est la plus complète. J’ai choisi la vache qui exprimait le plus de solidité, elle est dotée d’une morphologie qui ne trahit pas son âge », assure le juge. La championne adulte, actuellement en septième lactation, a aussi obtenu le prix de meilleure laitière de race, preuve est faite qu’on peut donc conjuguer performances de lactation (plus de 60 000 kg en six lactations) et qualité morphologiques ! Et là aussi, une ”vieille connaissance” si l’on peut dire, puisqu’en 2015, elle s’était arrogée le titre de meilleure mamelle à Paris. Pour ce qui est du titre de meilleure mamelle adulte, encore une récidiviste sur le ring, puisque le juge a choisi de l’attribuer à Ergolis (Oxalin sur Micmac) du Gaec La Grange Redy Chabod, à La Chaux dans le Doubs. « C’est la mamelle parfaite, un pis très bien veiné, une très bonne structure, un superbe bloc arrière. »
Alexandre Coronel