Elevage laitier / Pathologies multifactorielles, les mammites limitent l’efficacité technico-économique de l’atelier lait. Leur prévention est affaire d’hygiène de traite, mais aussi de mesures structurelles à plus long terme, telles que la sélection d’animaux moins sensibles ou l’aménagement du bâtiment.
Sur le plan statistique, la mammite est l’affection la plus fréquente de la vache laitière, avec 20 % des femelles concernées par une mammite clinique en cours de lactation et 25 % par une mammite subclinique de façon chronique. Economiquement parlant, cette pathologie génère des pertes importantes pour les éleveurs, pertes dues à la baisse de production des animaux atteints, au coût des traitements, aux réformes anticipées, à la mise à l’écart du lait de mammite, aux pénalités sur le prix d’achat du lait et à la charge de travail supplémentaire. Bref, c’est l’efficience de tout l’atelier lait qui est grevée !
Une mammite est une inflammation de la mamelle d’origine infectieuse. Des bactéries pénètrent dans le canal du trayon, pendant la lactation ou la période sèche. Comme la mamelle est composée de quatre quartiers correspondant aux quatre trayons, les mammites peuvent infecter indépendamment un ou plusieurs quartiers. Suivant l’intensité de la réaction inflammatoire, on distingue la mammite clinique et la mammite subclinique. La mammite clinique se traduit par des signes locaux sur le lait (présence de grumeaux, anomalies de consistance, de couleur, d’odeur) et/ou sur la mamelle (quartier chaud, dur, enflé, douloureux) et peut parfois s’accompagner de signes généraux sur l’animal, tels que fièvre, abattement, anorexie, troubles nerveux. La mammite subclinique, elle, ne se détecte pas par des signes cliniques extérieurs, ni même sur le lait. La réaction inflammatoire dans la mamelle provoque cependant un afflux de cellules du système immunitaire, les leucocytes, recrutées pour éliminer les germes présents dans le lait ; les leucocytes sont les fameuses « cellules » que l’on dénombre en routine dans le lait pour son paiement à la qualité.
Causes et conséquences
Les bactéries responsables des mammites, sont diverses (voir tableau), ainsi que leur mode préférentiel de propagation (environnement ou contagion d’un animal à un autre). Si, dans le cas de mammites cliniques aiguës, le diagnostic est relativement simple tant les signes généraux sont évidents (fièvre, abattement, quartier gonflé), le nombre de vaches présentant de tels symptômes reste faible (< 20 % des cas) et la détection des mammites cliniques se fait essentiellement sur l’observation du lait afin de déterminer d’éventuelles modifications dans sa présentation. L’examen des premiers jets avant la pose des faisceaux trayeurs est donc la méthode privilégiée pour assurer une bonne détection des mammites cliniques. Le recours à des mesures physiques sur le lait (conductivité électrique) réalisées à chaque traite par la plupart des systèmes de traite robotisée, permet de détecter ces mammites rapidement.
Les mammites subcliniques sont diagnostiquées uniquement par comptage cellulaire sur le lait. Ce comptage se fait au niveau individuel ou bien sur le lait de mélange de l’exploitation. Certaines cliniques vétérinaires proposent d’effectuer ce comptage : il permet de tester individuellement chaque quartier pour savoir lequel est atteint, de contrôler la baisse du nombre de cellules avant réintégration du lait de la vache traitée dans le tank, et de dépister les éventuelles vaches suspectes.
Traitement et prévention
Le traitement classique consiste en l’application de spécialités intra- mammaires à base d’antibiotiques qui seront appliquées après la traite lorsque le quartier est bien vide. Pendant la durée du traitement et le délai d’attente, le lait sera mis à l’écart. Certaines mammites aiguës nécessitent une intervention vétérinaire plus poussée. Le retour à la normale des comptages cellulaires intervient souvent après plusieurs mois. C’est ce qui explique qu’un épisode de mammites, même bien traité, se traduit souvent par une dégradation du comptage leucocytaire.
Les bactéries sont naturellement présentes dans l’environnement y compris dans l’élevage. Les bonnes pratiques d’élevage permettent d’éviter la contamination des trayons, mais aussi les contaminations entre les vaches. Les germes à réservoirs mammaires étant principalement transférés lors de la traite, il faut porter une attention particulière à l’hygiène de traite. Un ordre de traite est mis en place : faire passer en premier les génisses et les vaches fraîches au lait, les vaches saines, puis les suspectes et enfin les vaches à mammites. L’éleveur doit pouvoir reconnaître les premiers signes d’une altération du lait sur la base des premiers jets observés sur un tamis noir (gobelet d’avant traite). Le nettoyage des trayons doit se faire à l’aide de matériel à usage unique, afin d’éviter une propagation des germes. Le trempage des trayons après la traite est une des mesures les plus probantes permettant de diminuer le taux de nouvelles infections dans les exploitations à problèmes. La prévention des contaminations par les germes de l’environnement passe par l’entretien des locaux et des litières. En empêchant les animaux de se coucher immédiatement après la traite, on laisse au sphincter le temps de se fermer, ce qui diminue encore le risque de pénétration des germes à l’intérieur du trayon. Pour cela, la distribution d’aliment après la traite avec blocage des animaux au cornadis rendra cette mesure efficace. Sur le plan de la conduite d’élevage, la réforme d’animaux incurables, tout en sélectionnant les femelles dont la mamelle est solide et bien adaptée a la traite mécanique, constitue une mesure structurelle efficace sur le moyen terme.
AC